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Italie: hier le Sénat a approuvé la « loi-bâillon »

Vignette de VauroPour se faire une petite idée sur la question, lire sur Rue89 : Italie : une « loi bâillon » menace magistrats et journalistes. De toute façon, c’était avant, car hier, le Sénat italien (qui a les mêmes pouvoirs législatifs que la Chambre des députés) a approuvé la « loi bâillon » : le premier pas vers la légalisation de la censure et la limitation du droit d'investigation et d'information est donc franchi : lire des détails ci-dessous dans le 1er commentaire. L’opposition déchaînée mais minoritaire, et le vote… « de confiance » imposé pour empêcher la partie des sénateurs de la majorité (Popolo della Libertà de Berlusconi et Lega Nord) en désaccord de s’exprimer, le résultat a été sans surprise. Avant qu’elle ne devienne effective, il reste encore trois barrières : la Chambre des députés qui devrait voter en juillet mais où la majorité est la même, la signature du Président de la République, un ancien communiste trop âgé qui se révèle toujours plus dépourvu de personnalité et de courage, et la Cour Constitutionnelle qui théoriquement devrait la rejeter. Ce matin "La Repubblica" est sortie avec sa Une en page blanche, « Loi bâllion, les criminels font la fête », titre Il Fatto Quotidiano d'aujourd'hui, et bon nombre de médias ont exprimé et continuent à exprimer leur deuil face à ce "Massacre de la liberté" comme l'a dénoncé avec force le Partito Democratico, par un éditorial spécial, en affichant un ruban noir ou en adjoignant à chaque JT un avis de protestation. (une synthèse en it.)

 

« Une loi qui censure comme celle qu’on veut faire passer n’existe dans aucun pays occidental, expliquait Antonio Tabucchi le 4 juin dernier (via Micromega). 
« Une loi liberticide totalement incompatible avec les standards démocratiques européens que les assemblées parlementaires sont censées incarner et garantir,» écrivait Reporters Sans Frontières le 25 mai. « Les écoutes téléphoniques constituent bien souvent les principaux éléments permettant d’étayer les enquêtes publiées sur les problèmes de corruption ou le crime organisé. On ne peut pas exiger d’un côté que la presse apporte les preuves de ce qu’elle avance et de l’autre, lui interdire de les fournir à ses lecteurs. Cette loi n’a pour but que d’empêcher de facto toute investigation. » .

 

En Italie, l'opposition s'organise déjà. Une grève générale de l'information est prévue pour le 9 juillet, et un grand nombre d'initiatives de "désobéissance civile" sont déjà en élaboration pour pouvoir continuer à informer en contournant la loi. Mais au sein de l'Union européenne, que fait-on ? Cela a-t-il suscité la moindre émotion ?

 

« Il serait plausible de s’adresser à la Cour des Droits de l’Homme,», insiste Tabucchi, « mais tout d’abord, nous devons prétendre du Conseil de l’Europe que chez nous [en Italie, ndt], on respecte les règles propres à une démocratie. Autrement, il nous faut nous demander si l’UE n’est pas qu'une union de comptabilité. N’y a-t-il pas une Commission de Justice ? N’y a-t-il pas une commission qui s’occupe du fonctionnement de la démocratie ? L’Italie qui doit demander justice au Tribunal de Strasbourg, comme s’il s’agissait d’un procès injuste ! Ici, il ne s’agit pas d’un contentieux entre deux citoyens, c’est le problème d’un pays tout entier. »
« Le Portugal de Salazar avait une loi semblable.» « Barroso devrait le savoir. A moins qu'il n'ait pour objectif de la réintroduire dans son propre pays, parce qu’une loi en vigueur dans un Etat membre devient ensuite plausible pour les autres. L’Union européenne toute entière devrait être en alerte, car l’Italie est contagieuse, exactement comme l’a été l’Italie de Mussolini immédiatement copiée par l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie, l’Espagne et le Portugal. Ce n’est donc pas que l’affaire de l’Italie. »
(Traduction de l'italien par ImpasseSud)

 

« L’enjeu de cette loi dépasse par ailleurs le seul domaine national », spécifie Reporters Sans Frontières. « Si l’Italie, membre fondateur de l’Union européenne, devait approuver ce texte de loi, le signal envoyé aux pays tiers serait catastrophique et encouragerait bon nombre de dictatures à ‘’s’inspirer fort opportunément’’ de ce texte pour limiter la capacité d’investigation de la presse locale, avec des conséquences encore plus dramatiques. Cette dimension du problème ne peut pas être négligée ».

 

Où va l’Italie ? Je me le demande avec angoisse, car il y a URGENCE ! Et l’Union Européenne, quand se réveillera-t-elle ? L'alarme n'est pas nouvelle !  Prendra-t-elle le temps de se poser la question entre un match de foot et l’autre ?

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 11 Juin 2010, 17:43 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

ImpasseSud
11-06-10 à 18:00

En quoi consiste la loi-bâillon

Ne voulant pas rendre mon billet trop indigeste, je préfère poster en commentaires ma traduction des élucidations publiées ce matin sur La Stampa où Massimo Gramellini, son sous-directeur, a également posté sa rubrique quotidienne en blanc :

 

1)       Les écoutes téléphoniques : elles ne sont possibles que pour les délits prévoyant une peine de plus de cinq ans de prison. Les téléphones pourront être mis sous écoute pendant une durée maximum de 75 jours. En cas de nécessité, motivée par le ministère public et reconnue par le juge, il pourra y avoir des prorogations de 3 jours à la fois, mais chaque fois remotivées et reconfirmées par les deux instances. Pour les délits plus graves (mafia, terrorisme, homicides, etc.) la durée de l’écoute est de 40 jours, avec prorogation de 20 jours. Ces écoutes peuvent être utilisées pour un autre délit à condition qu’il s’agisse du même fait.

2)      Interdictions et sanctions : Les actes des enquêtes ne peuvent être publiés que sous la forme d’un résumé. Les éditeurs qui en autorisent une publication textuelle risquent jusqu’à 300.000 € d’amende. Les écoutes sont off limits pour la presse jusqu’à la conclusion des enquêtes. Les éditeurs qui violeraient cet interdît sont passibles d’une amende de 450.000 € s’il s’agit d’écoutes sur des personnes étrangères à l’enquête ou sans intérêt pour le procès. Un journaliste qui publie des écoutes avant la fin de l’enquête ou des actes couverts par le secret sont passibles de 30 jours de prison et d’une amende qui peut aller jusqu’à 10.000€.

3)      Ecoutes environnementales : interdictions de placer des micros dans les résidences ou dans les voitures pour enregistrer les conversations des personnes sous enquête. La pose de « puces » ne sera consentie que pour une durée de 3 jours, avec prorogation possible de 3 jours à la fois mais remotivée chaque fois par le PM et reconfirmée par le juge.

4)      Ministères publics à la télévision : si le responsable de l’enquête passe à la presse des actes couverts par le secret d’office ou relâche des déclarations publiques sur une enquête qui lui est confiée, il peut être remplacé par son chef de bureau, sur simple volonté de celui-ci.

5)      Normes transitoires : les nouvelles règles s’appliquent aux procès en cour. Donc, même les écoutes autorisées selon les anciennes règles ne pourront pas dépasser le toit des 75 jours.

6)      Procès en direct TV : c’est le Président de la Cour d’Appel qui décidera, et peut les autoriser même en dehors de l’accord des parties.

7)      Enregistrement : Seuls les services secrets et les journalistes et publicistes professionnels (inscrits à leur ordre respectif) sont autorisés à effectuer des enregistrements en cachette.

8)      VIP : Si un prête finit sous écoute, il faut en informer le diocèse dont il dépend ; s’il s’agit d’un évêque, le parquet doit informer le Vatican. En ce qui concerne les parlementaires, il faut l’accord de la Chambre d’appartenance. Il est interdit de mettre sous écoute les parents des députés et sénateurs s’ils sont étrangers aux faits sous enquêtes.

 

Donc, on ne pourra plus rien savoir ni sur les dessous de l’Etat ni sur la Mafia, ni sur les connivences qui existent entre eux, grâce aux témoignages qui sont entrain de voir le jour à propos de l’assassinat, en 1992, des deux juges anti-mafia Falcone et Borsellino, et d’un coup d’Etat manqué en 1993. Tous les livres d’enquêtes sur des affaires ou des scandales en cours, (en Italie, la majorité des procès dure volontiers 20 ans et parfois plus), comme le « Gomorra » de Saviano par exemple, ne pourront plus arriver en librairie. Personne ne saura rien des malversations, corruptions et business malhonnêtes aux frais des contribuables, tels que ce qu’on est en train de découvrir à propos de la « clique » des grands travaux qui règne et s’enrichit outre mesure depuis des années, de ceux qui riaient la nuit du tremblement de terre à L’Aquila ; on ne saura plus rien des scandales comme Parmalat qui ont vidés des caisses de retraite et fait disparaître les économies d'une vie de millions de personnes en Italie et dans le monde ; on ne saura plus rien des « cadeaux à leur insu » qui reçoivent les ministres en place, des amitiés douteuses du chef de la Protection civile, des affaires louches du précédent gouverneur de la Banca d’Italia, des gross business de la mafia qui suffoque des régions tout entières et de ses infiltrations dans tous les secteurs. On ne saura plus rien de toutes les très jeunes « amies » de Berlusconi. On prendra comme bonnes les fausses informations de certains JT, comme justifiée la disparition de certains journalistes. On ne verra plus jamais les photos des corps martyrisés en prison, déclarés décédés de mort naturelle quelques jours après une arrestation banale. Quand aux simples citoyens, le jour où ils seront l’objet d’une accusation infâmante mais controversée, ils ne pourront plus compter sur l’aide des médias. Etc., etc., etc.


 
PierreDesiles
11-06-10 à 19:52

Serait-ce une dictature en trompe l'oeil ? Toute va bien dans le meilleur des mondes, annoncé avec un sourire tranche "papaye" (comme on dit ici) mais surtout n'allez pas voir les coulisses, ce serait gênant vous comprenez...? Ca ressemble un peu à une parodie en directe, sauf que c'est la triste réalité jouée par un grand comédien bien dans sa botte. La "loi-bâillon" porte bien son nom, on aurait pu dire aussi "la loi virtuelle" qui s'appliquerait uniquement dans la fiction. C'est triste pour l'Italie qui mérite mieux que ses dirigeants actuels !

Les mots aussi n'ont pas la même valeur selon la bouche qui les prononce! Rappelle-toi de l'homme qui, lors d'un salon à Paris, avait dit à NS "S..., je te vois", il y a une plainte déposée pour insulte alors que ce même NS lui avait répondu en toute impunité "casse toi pauvre con !" Il y a ceux qui font les lois, et il y a ceux qui les appliquent, mais parfois il y comme un fil invisible qui les lie entre eux. Je me rends compte au fil des ans, qu'il n'y a pas de pouvoir sans argent ni d'argent sans pouvoir. Le ruisseau d'argent que l'on voit n'est rien à côté du fleuve qui circule à couvert faisant fi des frontières et des devises. Kerviel n'est qu'un maillon faible qu'on est en train de sacrifier sur l'autel médiatique mais parions qu'il a dû déjà être remplacé et que le trou de 5 milliards € a dû lui aussi être rebouché.

Heureusement l'opium du peuple est arrivé à temps et toute la planète oublie ses misères au rythmes des buts marqués...

@+


 
ImpasseSud
11-06-10 à 23:04

Re:

Pierre, il me semble que tu n'as pas bien saisi la gravité de ce qui est en train de se passer en Italie. Dommage.

 
PierreDesiles
13-06-10 à 20:00

Re: Uniforme de l'équipe nationale de foot italienne

Bonsoir ImpasseSud

""Pierre, il me semble que tu n'as pas bien saisi la gravité de ce qui est en train de se passer en Italie. Dommage. ""

Désolé pour n'avoir pas été assez clair dans mes phrases à double sens. Rassure-toi, j'ai très bien compris la main mise du pouvoir Bernous sur tout ce qui entrave son avancée vers un contrôle total du pouvoir. Il fait de la bernousdémocradictature ou la politique à double face. Une pour "son" pays et l'autre pour l'image internationale et c'est pourquoi j'ai fait allusion à une parodie. C'est une araignée qui tisse sa toile petit à petit jusqu'au pouvoir absolu d'une dictature annoncée. Je faisais allusion, maladroitement je le reconnais, à notre NS qui se permet tout et interdit tout. Il balait tout sur son passage et se montre partout dans les rassemblements clés internationaux pourvu qu'on le voit. Mais les français ne sont pas dupes totalement et lui ont fait comprendre aux régionales. Sa côte est descendue aussi bas dans les sondages que son centre de gravité !.

Que font maintenant les italiens lors des élections, sont-ils encore libres (du moins je l'espère). Ont-ils encore assez de sagesse pour réagir ou bien sont-ils totalement convertis à la cause de Bernous ? et surtout, ont-ils le choix dans l'adversité ?

Je souffre chaque fois que je vois un peuple manipulé et qui oublit de parler quand il le peut encore. Bravo pour ce dessin qui en dit long contrairement à ceux qui ne peuvent plus le dire ni l'écrire ! Je suis du côté de la prsse libre de toute pression et d'influence partisane. Je suis pour une presse neutre et ouverte. Je souhaite que l'Italie montre que c'est un grand pays et que ses habitants sachent faire le ménage au travers des urnes.

Malheureusement, le devenir de l'Europe est en train de changer et les extrémistes gagnent du terrain profitant des éternelles divisions, parfois fraticides. L'€uro sert toujours de bouc émissaire et les gouvernements de toute l'Europe n'arrêtent pas d'annoncer des plans de rigueur, au lieu de s'unir et former un front de refus à cette spéculation ! Même la Belgique ne sait plus trop où elle en est après ces élections qui ont changé la donne, et certains malins aimerait bien que ça chauffe là ausi. Beaucoup de conflits éclatent dans plusieurs pays comme des signaux d'alerte. Quand allons-nous retrouver la paix et la sérénité ? L'Iran envoie deux navires croissant rouge à Gaza, je pense que ce n'est pas innocent là non plus. Au vue de ces actualités noires, c'est pour cela que je parlais de l'opium du footpeuple qui fait oublier la misère et qui sert aux Etats malins à faire passer la pillule des mauvaises réformes et de la rigueur. Mais après ??

Je t'en prie ImpasseSud, continue tes billets sur le Net, car c'est encore un espace de liberté où la censure n'est pas encore totale !


 
ImpasseSud
15-06-10 à 10:43

Un monde à repenser

Cher Pierre,
Merci pour ce dernier commentaire qui me met du baume au cœur. Je vois avec soulagement que non seulement tu as bien compris la question, mais que tu vas même au-delà, du côté de la souffrance des victimes conscientes (il y aussi les victimes-inconscientes qui ne souffrent pas), et qui, avant toute chose, ont besoin de ne pas se sentir "isolées". Car quand il vous arrive ce genre de chose, on ennuie très vite même ceux que jusque-là on considérait comme des amis et on finit par se taire.

Ce qu'il se passe aujourd'hui en Italie, cela fait des années que je l'avais prévu parce qu'il y a des signes qui ne trompent pas, qui sont communs à l'instauration de toutes les dictatures qu'il s'agisse d'un coup d'état ou d'un glissement lent vers la perte progressive d'un état de droit qui existait auparavant. Mais, puisque j'habite dans un pays "encore" démocratique, je pensais que Bernenous se heurterait tôt ou tard à une opposition forte, faite de toutes celles et ceux, peu importe leurs bords, qui tiennent aux valeurs de la démocratie.
Ce n’était qu’une douce illusion, car ceux qui y tiennent réellement sont peu nombreux. La grande majorité des Italiens manque totalement de sens civique et n'a toujours pas compris le sens profond de l'unité italienne dont on fêtera les 150 ans l'année prochaine, et du nord au sud on vote au clientélisme (quand ce n’est pas pire mais ce serait trop long à expliquer). Donc ce ne sont certainement des élections qui pourront nous sortir de là. Même si une fraction réduite des parlementaires de la majorité commence à afficher une certaine dissension, sous menace d’ostracisme, elle se réaligne tout de suite dès qu’il s’agit de voter "la confiance". Et pourtant, en nombre suffisant pour changer les équilibres, elle représentait presque un espoir à un certain moment, car si elle allait jusqu’au bout de ses idées et s’unissait à l’opposition pour repousser les lois clairement infâmes, il y aurait un nombre de voix suffisant pour les bloquer.
Le fait est, cependant, que la lente corruption mentale de la gauche italienne à partir de la moitié des années 90 a une très lourde part de responsabilité dans cette descente aux enfers. Sa grosse erreur a été, quand elle était au pouvoir, de laisser courir, sans y mettre aucun frein, le conflit d’intérêt que représentait le monopole médiatique de Berlusconi. Quand on sait que la TV est la seule source d’information pour 70 % des Italiens !!!!

Donc, la situation est la suivante : après la dépénalisation du faux en bilan en 2001, la diminution du temps de prescription pour les procès dans une pays où ils durent généralement de 10 à 20 ans, la liberté de l'information à peine abattue (elle touche aussi les blogs), la prochaine étape, c'est la réforme de la magistrature déjà annoncée pour cet automne, puis la refonte de la Constitution. Ensuite, le cercle sera fermé. Et que fait l’UE pendant ce temps-là ? Je partage tout à fait ce que tu écris dans ton dernier paragraphe. Et je crains que l’ « après » que tu mets en questionnement ne soit bien plus proche que ce qu’on imagine si les populations « saines » ne se réveillent pas. Et c’est là que je veux en venir.

Dans nos pays occidentaux, les « lois-bâillon » ne tombent pas du jour au lendemain, elles sont toutes le fruit d’un terrain bien préparé, sous les yeux de tous. On en discute même pendant des mois (en Italie cela a commencé avec la rébellion de l'épouse de Berlu contre le débordement dans la politique des mœurs dissolues du petit homme, puis avec la propagande mensongère et de la désinformation au sujet du post-séisme à L’Aquila), avec moult manifestations, pétitions, prises de positions, et même au niveau de l’UE (lire le 4ème commentaire). 
Alors il m’arrive souvent de me poser une question que je juge très importante à propos des pays bâillonnés.

La résistance implique un courage extraordinaire, le sacrifice parfois mortel de sa propre vie comme celui des nombreux journalistes tués au cours de leurs enquêtes, ou le sacrifice de toute une vie comme pour ceux qui finissent en prison ou comme otages, ou encore comme celle de Aung San Suu Kyi en Birmanie, pour ne citer qu’un des exemples les plus célèbres. Mais l’impact de ces sacrifices, aujourd’hui est-il le même qu’hier, au temps des idéologies et de la guerre froide, quand une partie des gens du monde, voire des pays, prenait au grand jour ou parfois en sous-mains (pas forcément par altruisme, c’est évident) faits et causes en défenses des opprimés ? Sur quelle aide résolutive ces résitants peuvent-ils compter dans un monde politiquement immobile ?
Car aujourd’hui nous vivons dans un monde uniquement voué au fric où la seule chose qui bouge, c’est l’inégalité des chances, vers le pire, chacun rapportant, comme dans une réaction de survivance, ses propres centre d’intérêts et ses opinions à sa petite sphère personnelle. Ce qui explique en partie le désintérêt politique. Et en dehors de la sphère des opprimés, il ne reste plus que quelques résistants libres, mais qui bien souvent manquent de perspicacité dans leurs prises de position et leurs champs d’actions. Un petit exemple : à Gaza où il est clair que la population n’est pas seulement l’otage d’Israël mais aussi du Hamas (même Reporters sans Frontières le dénonce), pourquoi, quand on est le citoyen libre d’une nation démocratique où règne l’état de droit, va-t-on monter à bord d’une flottille organisée par une ONG proche du Hamas qui ignore tout de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme ? Ne pouvait-on pas attendre la Rachel Corrie irlandaise, au retard sans doute plus diplomatique que technique ?
Là, il y a tout un monde qui a un grand besoin d'être repensé !

Pour en revenir à la loi-bâillon italienne, elle n’est pas encore en vigueur puisque les étapes que j’ai indiquées dans le premier paragraphe de mon billet ne sont pas encore franchies. Mais il ne fait aucun doute qu’elles le seront très rapidement. En attendant, une partie de la presse étrangère tend déjà la main à la presse italienne, et les médias-résistants que la première amende jetterait dans la faillite sont déjà au travail pour élaborer toutes les possibilités de contournement. En tout cas, Pierre, un grand merci pour ton soutien car j’en ai grand besoin.


 
ImpasseSud
15-06-10 à 20:03

L'OSCE demande à l'Italie de renoncer à la loi-bâillon,

Comme le rapporte La Repubblica : "Dunja Mijatovic, responsabile de l'OSCE pour la liberté des médias a déclaré aujourd’hui : “Je suis préoccupée par le fait que le Sénat ait approuvé une loi qui pourrait être un sérieux obstacle au journalisme d’investigation en Italie. (…) Le projet de loi approuvé par le Sénat dans sa formulation actuelle est en contradiction avec les recommandations de l’OSCE, en particulier en ce qui concerne les mesures qui interdisent l’utilisation de certaines sources confidentielles et matériels qui peuvent être nécessaires pour des enquêtes journalistiques significatives au service de la démocratie. » (…)Les journalistes doivent être libres de rapporter les nouvelles d’intérêt public et d’être en mesure de décider sur la façon de continuer une enquête de façon responsable." (…) La représentante de l’OSCE a dénoncé la censure, les fortes restrictions dans la publication des actes judiciaires ou d’enquête avant le début du procès, les amendes salées et même la prison pour éditeurs, journalistes et tous ceux qui, sans être journalistes, enregistrent et diffusent des conversation sans le consentement de l’autre personne.

Traduction de l'italien par ImpasseSud.

Suite à cela le Ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, a déclaré que cette "ingérence est tout à fait inopportune".


 
PierreDesiles
28-06-10 à 20:02

Re: L'OSCE demande à l'Italie de renoncer à la loi-bâillon,

Espérons que l'OSCE sera entendue et surtout écoutée ! Merci, ImpasseSud pour cette info un peu réconfortante qui prouve que la patience peut aussi déboucher sur une ou des solutions.

à suivre...


 
ImpasseSud
30-06-10 à 19:11

Après les USA, l'OSCE, le Conseil de l'Europe dénonce la loi-bâllon

Aux critiques de l'OSCE, Berlusconi a répondu  que "le Parlement italien est souverain et indépendant".
Ce à quoi l'OSCE a répliqué que "même si l'OSCE n'a aucune autorité en Italie, c'est de son devoir d'intervenir, car le Parlement italien naturellement souverain et indépendant doit savoir que si cette loi passe, elle ne répond pas à ses standards".
(sources)

Après les USA qui voient dans ce "Made in Italy" une loi qui, dès qu'elle entrera en vigueur, mettra sérieusement en difficulté le Pacte Atlantique pour la lutte contre le crime organisé,
c'est Drago Kos, le président actuel du GRECO (Groupe d'Etats contre la corruption au sein du Conseil de l'Europe) qui, en 2008, s'était déjà montré très préoccupé par la suppression en Italie du poste de Haut-commissaire anti-corruption, qui s'est à nouveau exprimé : "En Italie, les hommes politiques, pour des raisons personnelles, approuvent des lois qui favorisent corruptions et mafias" (l'interview ici, en it.)

Là est bien la question, Berlusconi et sa clique ont hâte que la loi passe, car  la magistrature vient de condamner à 7 ans un de ses proches qui lève en odeur de mafia sur la fondation de son parti, Forza Italia, grâce à un long travail d'écoutes et de diffusion de l'information par les médias. Sans attendre septembre, elle sera donc soumise à la Chambre des députés le 29 juillet, juste avant les vacances. Donc, il y a bien des chances pour qu'aucune de ces interventions n'aient aucun effet. En Italie, des manifestations sont prévues demain et le 10 juillet. Donc à suivre.


 
PierreDesiles
30-06-10 à 20:22

Re: Après les USA, l'OSCE, le Conseil de l'Europe dénonce la loi-bâllon

""En Italie, des manifestations sont prévues demain et le 10 juillet. Donc à suivre.""

Décidément, Bernenousconi et Sarkopartoutzy font le forcing, chacun à leur manière, pour impôser leurs règnes étatotaltiques, avec des lois baillons et des lois bidons ! Ca sent le roussi et l'amorce d'une crise générale en Europe. Qui va oser allumer la mèche de la révolte ?

Seras-tu à la manif demain ImpasseSud ?


 
ImpasseSud
01-07-10 à 09:13

Re: Après les USA, l'OSCE, le Conseil de l'Europe dénonce la loi-bâllon

Non, je ne serai pas à la manif parce que ça se passera à Rome, à 800 km de chez moi (mais aussi à Milan, Turin, Padoue, Lucera, Bari et Palerme) et qu'en plus aujourd'hui il s'agit surtout des journalistes. Le 9, il y aura une grève générale de l'information... Seulement que quand on sait que Berluscolini a pratiquement le monopole de l'information en Italie.... Donc, tout reste à voir.
De mon côté, j'ai signé quelques pétitions.... auxquelles, hélas, je ne crois plus depuis longtemps, et quelques requêtes de referendum... qui n'aboutissent plus.
En Italie, la Constitution prévoit deux formes de recours ultimes contre une loi approuvée, même par le Président de la République : la Cour constitutionnelle qui peut la déclarer inconstitutionnelle, et le referendum abrogatif déclanché par 500.000 signatures, mais dont le résultat n'est valable (comme on peut le lire ici) que si 50% + 1 des électeurs va voter. Une arme de plus en plus faible où ceux qui sont contre se contentent donc d'encourager leurs électeurs à NE PAS aller voter. Ce qui a très bien marché au cours du dernier en date qui demandait l'abolition d'une loi qui empêche les électeurs de choisir directement leurs candidats aux législatives, laissant ce choix aux partis. Tous les partis, de droite comme de gauche, ayant intérêt à nommer eux-mêmes leurs propres députés et sénateurs, ont encouragé leurs électeurs à l'abstention, sauf celui qui avait promu la récolte des signatures... qui au dernier moment a retourné sa veste !
Ensuite il reste le recours au Tribunal de Strasbourg.

En France, il y aura paraît-il un manifestation de soutien à Paris à 18 heures 30 devant l'Opera Bastille, et en GB, à Londres devant la BBC.

Oui, que ce soit en France ou en Italie, on est vraiment dans de sales mains, des mains différentes, mais de sales mains de toute façon. Hier, dans Le Monde, j'ai lu cet article à propos du piratage sur Internet. A propos de la loi Hadopi, quand on lit une phrase comme celle-ci : "Les pirates ne sont pas notre cible : ils sont plus forts que nous. Notre cible, ce sont les personnes négligentes ou qui n'ont pas pleinement conscience d'avoir commis une infraction", on se demande quel est exactement le but qu'on poursuit, à quoi on joue !!! Un raisonnement digne d'un pays mafieux ! "La dictature de la m..." comme l'appelle Ferdinando Taviani, Professeur à l'Université de L'Aquila et éminent spécialiste du théâtre italien de réputation internationale, à la fin du film "Draquila" !

P.S. Pierre, ce commentaire et le précédent ont été ultérieurement complétés en début d'après-midi.


 
ImpasseSud
01-07-10 à 18:55

Reporters sans frontières crée un "ABRI ANTI-CENSURE", mais il y aussi Wikileaks

Lire l'article :  Reporters sans frontières lance le premier "Abri anti-censure" 

..."Dans un second temps, cet abri anti-censure permettra d’héberger - via un site Internet dédié - des contenus censurés. Les reportages de Tamer Mabrouk sur la pollution des lacs égyptiens, interdits de publication dans leur pays, y trouveront leur place. Aux côtés des articles qui tomberont sous le coup de la nouvelle loi italienne sur les écoutes téléphoniques. Un véritable refuge pour tous ceux qui sont encore victimes des coups de ciseaux des censeurs."

Pour informer en étant sûr de conserver l'anonymat, il y a aussi WIKILEAKS


 
ImpasseSud
05-07-10 à 11:06

Manifestations des journalistes le 1er juillet à Rome

A Rome, Piazza Navona était pleine. Il y avait non seulement des journalistes de la FNSI, mais aussi des représentants syndicaux, de tous les syndicats de la police, des magistrats. Il y avait des hommes politiques de l'opposition,  des environnementalistes qui connaissent bien les écomafias, les parents des victimes des affaires étouffées, mais aussi un bon nombre d'artistes, enseignants, écrivains, associations, Popolo viola (Peuple violet - 1), etc. et un grand nombre de simples citoyens.

A tenir le micro sur le podium, Tiziana Ferrario, une des 3 grands journalistes-reporter, victime des récentes "épurations" de RAI 1, et, parmi tant d’autres, Roberto Saviano, grand symbole de la résistance actuelle en Italie, parce que, mieux que quiconque, il est l'emblème du prix que paie un journaliste qui dénonce la criminalité organisée que le gouvernement veut rendre invisible avec cette loi-bâillon.

Voici ma traduction du texte de son intervention, interrompue par des applaudissents (----) très enthousiastes et chaleureux :

(--------) Moi, je voulais simplement être ici pour prendre part, pour avoir une part. Je ne suis pas très doué pour parler à une place. Tous vos applaudissements…. me coupent le souffle. Mais je voulais être là … Tout d’abord parce que raconter ce qui est en train de se passer devient toujours plus difficile et toujours plus nécessaire. Et, comme j’ai également essayé de l’écrire, il y a une grande équivoque sur cette affaire. On nous raconte que cette loi défendra la vie privée. La vie privée, que ce soit clair, est sacrée, c’est l’un des éléments fondamentaux de la démocratie. Rendre fragile, compromettre la vie privée, cela signifie, de quelque manière, compromettre tout le reste, toute la structure qu’est une démocratie. Mais cette loi ne défend absolument pas la vie privée ! Sur ce point, il faut être clairs, simples, directs dans la façon dont on en parle, dans la façon dont on l’explique. Ce n’est pas vrai que cette loi défend, comme on l’a dit, les conversations téléphoniques entre deux fiancés. Ce n’est pas vrai que cette loi, comment dire, permettra qu’on ne puisse pas parler de toutes ces choses. Cette loi a un unique but : empêcher que les journalistes, mais pas seulement eux, empêche de savoir ce qui est en train de se passer, empêcher que le pouvoir puisse être raconté. Donc la vie privée qu’ils veulent défendre c’est la vie privée des affaires, ou plutôt celles des affaires malhonnêtes. (---------- )

Comprendre cela est fondamental. Il y a une autre chose qu’il est également fondamental de comprendre, que sans doute dans le profond de tous les visages que suis en train de regarder, des personnes qui sont ici cet après-midi, cette soir , bien qu’on soit en semaine, malgré le travail, malgré la chaleur, ce que nous sommes en train de faire, que vous êtes en train de faire dépasse les frontières de l’Italie, parce que compromettre la liberté de la presse, le récit, compromettre également la possibilité d’enquêter en Europe, en Italie, l’un des pays fondateurs du rêve européen. Eh bien, défendre la démocratie ici, cela signifie ne pas permettre qu’elle puisse être compromise en Europe, ne pas permettre, par exemple, que les journalistes qui sont persécutés dans de nombreuses parties du monde ne puisse plus voir aucune référence dans notre démocratie, dans notre façon de raconter, de communiquer. Donc, ce que nous sommes en train de faire, nous le faisons également et surtout au nom de règles qui sont aussi universelles, qui permettent aussi de raconter ailleurs d’être libres. Bien loin de la diffamation du pays, bien loin de compromettre l’image de l’Italie dans le monde.  (------- )

En somme, je suis également convaincu que cette bataille est transversale, qu’elle ne concerne même plus les parties politiques, que en quelque sorte en Italie il est en train de se passer quelque chose de très dangereux et compliqué, c’est-à-dire qu’on est en train de commencer à diviser le pays entre les gens honnêtes, quelles que soient leurs idées, et bandits quelles que soient leurs idées.  (-------)

(...) Et je m’arrête parce que j’ai déjà trop parlé, simplement sur ceci : il ne faut pas permettre de laisser passer ces choses comme des choses naturelles, comme  une joute politique, comme une simple provocation. C’est très grave, c’est impensable !

Cette loi, par exemple, n’aurait pratiquement pas permis de raconter les affaires qui concerne les entreprises criminelles qui impliquait…. sous-secrétaires et ministres. S’il y avait cette loi, nous n’aurions rien pu raconter… Ce que je veux dire, c’est que d’une certaine façon, ils [le PDL de Berlusconi, NdT] sont en train de nous pousser – et je ne parle absolument pas en m’identifiant à un bord politique -  ils sont  en train de nous pousser à dire : « de toute façon tout est pourri, on est dans les égouts comme on dit chez moi, tout est. …. Mais cela, il ne faut pas penser comme cela, dans la mesure où c’est exactement ce qu’ils veulent. (------- )

Résister est un mot compliqué, dont on abuse souvent, comme du mot amour qui quand tu le répètes trop souvent…  Nous, nous répétons trop souvent « résister », comme le mot amour... Si tu les emploies trop souvent, ils s’encrassent. D’une certaine façon, moi, je crois que résister aujourd’hui, cela signifie c’est permettre de raconter. Je veux raconter de quelqu’un à quelqu’un qui raconte à quelqu’un, et surtout sans avoir peur de se confronter avec les autres, sans penser à criminaliser qui a voté d’une façon différente, qui pense différemment. Je pense que pour l’instant il y a de l’espace pour parler au cœur des gens. Hier j’étais à Viterbo, une des places fortes du PDL, et pourtant il y avait des milliers de personnes qui écoutaient des histoires. Certains n’étaient pas d’accord, d’autre si. A mon avis, c’est le moment de parler au cœur de tant de monde et résister a peut-être une grande image : c’est-à-dire rêver un autre pays. Danilo Dolci qui était un grand philosophe qui vécut en Sicile bien qu’il soit du nord, disait que chacun grandit seulement s’il « est » rêvé. Alors je crois que l’Italie pourra, pourrait grandir seulement si nous commençons à la rêver. J’ai trop parlé, Merci."

 

La prochaine action de protestation des journalistes : grève générale de l'information pendant 24 heures, du 9 juillet à 7 h. au 10 juillet à 7 h. 

Mais d'autres manifestations de protestation sont programmées, donc à suivre.


 
PierreDesiles
05-07-10 à 13:30

Re: Manifestations des journalistes le 1er juillet à Rome

     Merci, ImpasseSud, pour ces infos qui sont totalement "transparentes"  aux regards des jouranalistes français accrochés à des affaires de coulisse de la coupe du monde et maintenant aux vraies affaires des membres du gouvernement qui commencent à quitter le navire Sarkoplouf qui prend l'eau. http://www.lemonde.fr/politique/ Sarkozap et son premier sinistre plongent dans les sondages, c'est pourquoi il fait le ménage, mais ne touche pas à Rama Yade http://www.france-info.com/chroniques-l-invite-de-8h15-2010-07-02-rama-yade-sur-le-depart-je-ne-participerai-pas-a-la-republique-des-461237-27-467.html qui est la ministre la plus aimée à droite, comme à gauche.

Pour ce qui est de cette manif à Rome, un courant populaire est-il en train de naître ?

J'espère que c'est une révélation du malaise que subissent trop d'italiens qui ne peuvent s'exprimer, et qui ont enfin compris que la rue est déjà un tremplin pour l'avenir, à condition de transformer l'essai dans les prochaines urnes, sous condition qu'il y  ait un parti remplaçant solide et crédible.

Je serai aux aguets des infos après la grève de l'info en Italie du 9 juillet.

PS: ""Et je m’arrête parce que j’ai déjà trop parlé... "" cette petite phrase extraite du discours que tu as traduit, est-elle signe d'une crainte fondée...?

@+  :-)


 
ImpasseSud
05-07-10 à 14:12

Re: Manifestations des journalistes le 1er juillet à Rome

Pour te donner une idée de l'impact qu'aurait en France la loi-bâillon qu Berlu veut faire passer : le Canard enchaîné et Médiapart etc... seraient contraints au silences et les Français ne sauraient rien des belles petites affaires d'un bon nombre de ministres. Tiens compte également du fait que ce qui est en train de sortir en France n'est que du menu fretin par rapport à ce qui se passe depuis des années en Italie, que tous les scrupules et retenues disparaissent quand la censure garantit l'impunité. Ici, aucun ménage en vue, bien au contraire, on veut le pouvoir absolu : un ministre défenestré pour prendre sa place et un autre engagé sans portefeuille pour le sauver d'un procès. Et on remplit les JT des scandales français et des ménages en cours, comme exemple de probité !

Pour ce qui est de cette manif à Rome, un courant populaire est-il en train de naître ?

Le courant populaire existe déjà : c'est le Popolo viola, le Peuple violet, un mouvement sans parti né l'année dernière qui, à droite comme à gauche, en a assez du bonhomme, de ses magouilles, de ses mensonges et de ses corruptions. Le problème, c'est que le nombre n'y est pas, en parti à cause du lavage de cerveau médiatique des TV, et de l'autre à cause des partis de gauche dégauchés qui laissent la population dans le désarroi.

PS: ""Et je m’arrête parce que j’ai déjà trop parlé... "" cette petite phrase extraite du discours que tu as traduit, est-elle signe d'une crainte fondée...?

Non, c'est le type de final qui ponctue un discours qu'on ne veut pas trop long et où on a dit l'essentiel. 
Le succès de Gomorra a valu à Roberto Saviano un condamnation à mort par la Camorra, la mafia napolitaine. C'est la raison pour laquelle il vit sous protection policière depuis 4 ans déjà, sans domicile fixe. C'est un grand homme, il a vraiment beaucoup de courage, à 30 ans ce doit être drôlement lourd de ne pouvoir faire aucun projet. Il pourrait choisir de disparaître, mais il continue son combat pour la légalité et la justice, entre une persécution diffamatoire soutenue de la part de Berlu et de ses serfs à travers sur son monopole de TV et, heureusement, le soutien d'une partie de l'opinion publique et son succès éditorial.
As-tu lu mon dernier billet, à propos de sa rencontre avec Saramago ? Mais pourquoi n'y a-t-il pas plus d'hommes de bonne volonté sur cette Terre ?! Pourquoi la populasse se laisse-t-elle toujours berner par les menteurs ?


 
ImpasseSud
06-07-10 à 11:56

L'efficacité de la grève de l'information du 9 juillet mise en doute

Voilà qu'à 3 jours de la grève de 24 heures prévue pour le 9 juillet, les doutes sur son efficacité affleurent de toutes parts. Vu que les journaux pro-berlu comme Il Giornale, Il Foglio, Il Riformista et La Padania de la Ligue du Nord sortiront normalement, la question est la suivante suivante :

A quoi bon se bâilloner tout seul dans un pays où la presse écrite touche peu de lecteurs ? Cette grève ne risque-t-elle pas de passer inaperçue ? A quoi rime le fait de priver les gens d'information pour protester contre la censure ? Ne faudrait-il pas au contraire sortir avec une Une unique, ou en édition extraordinaire-dossier en deuil avec les écoutes et les actes des enquêtes les plus importantes de ces dernières années ? Ou sortir à moitié prix ou gratis ? Etc....
Pour l'instant, la FNSI (Fedération nationale de la presse italienne) reste sur ses positions, 24 heures de grève, parce que le but de cette grève, dit-elle, est avant tout de faire comprendre au pays la gravité de la situation.

Mon avis personnel, c'est que cette grève est prévue depuis env. un mois. Fallait-il attendre la veille ou presque pour se faire venir des doutes ? Le drame de l'Italie d'aujourd'hui, ce n'est pas qu'on y manque d'opposition, ce n'est pas qu'on y manque d'idées sérieuses, c'est qu'il y a surabondance de vues à court terme qui, à un rythme démentiel et dans une absence totale de cohésion, s'auto-détruisent pour laisser place à la suivante, avec pour conséquence que tous les projets (même les meilleurs) éclatent partiellement ou complètement avant d'arriver à leur réalisation, parce que ceux qui sont "pour" sont toujours "pour" mais votent "contre" ou inversement. 
Allez savoir si ce n'est pas là justement le secret des succès de Berlu (une seule idée depuis 30 ans, faire de l'Italie "son" entreprise personnelle à "sa" gloire personnelle) et de la Ligue du Nord (une idée fixe depuis 15 ans : la secession) : deux mauvais points de repère, mais deux points de repère quand même dans ce cirque sans fin !
Donc à suivre...


 
PierreDesiles
08-07-10 à 22:06

Re: L'efficacité de la grève de l'information du 9 juillet mise en doute

Bon courage aux derniers italiens clairvoyants pour cette grève de demain, mais à quand la prochaine manif dans les rues ?

En France ça commence à chauffer car les limites du supportable sont atteintes pour le clan Sarko, heu..le camp,  et d'autres révélations Mediapart vont tomber. Les avocats (sortes de volatiles brasseurs de courant d'air) volent au secours des "malchanceux", les ministres montent au créneau de toutes parts comme un essain de guêpes qu'on aurait dérangé. Des plaintes tombent de part et d'autre, comme la pluie Le rapport de la cours des comptes sur cette affaire est repporté à lundi, comme par hasard ? Un site qui résume un peu le degré de température du chaudron.

1° François Baroin

http://www.france-info.com/france-politique-2010-07-06-l-affaire-bettencourt-provoque-un-tolle-a-l-assemblee-462750-9-10.html

2° François Bayrou

http://www.dailymotion.com/video/xdy7mw_francois-bayrou-sur-rtl-affaire-bet_news

Je partage la défense des libertés d'expressions de la presse italienne et je serai en pensée avec eux lors de cette grève du 9 au 10 juillet. Italiens réveillez-vous !

:-) 


 
ImpasseSud
09-07-10 à 10:06

Re: L'efficacité de la grève de l'information du 9 juillet mise en doute

< Bon courage aux derniers italiens clairvoyants pour cette grève de demain, mais à quand la prochaine manif dans les rues ?>

Des manifs dans les rues, depuis quelques temps il y en a tous les jours. Mais vu que le monopole des médias est dans les mains de Berlu, elles sont souvent passées sous silence ou déformées en quelques secondes, ne sortant que sur RAI 3 (la seule des 3 chaînes d'Etat encore un peu à gauche, pas encore complètement muselée, mais moins suivie que les autres), ou, - la grande nouveauté depuis deux jours -, réprimées à la matraque :
- avant hier, c'est ce qui est arrivé aux sinistrés de L'Aquila, débarqués pacifiquement à 5.000 à Rome pour manifester contre l'abandon dont ils sont l'objet et l'obligation de verser, à partir du 1er juillet, tous les retards d'impôts et autres paiements interrompus par le séisme, ceci alors que l'économie n'est pas repartie et que l'Etat ne paie pas les entreprises qui ont travaillé pour lui. Je vais sans doute refaire un nouveau billet car à L'Aquila, la situation est dans un cul-de-sac dramatique.
- avant hier, c'est ce dont les forces de l'ordre ont menacé les handicapés (dont certains en fauteuils) venus manifester devant Montecitorio (la Chambre des députés à Rome) contre le gouvernement qui, au nom des restrictions, vient de couper les maigres aides dont ils bénéficient ;
- hier, c'est ce qui est arrivé à Milan au personnel de je ne sais plus quelle entreprise qui manifestait pacifiquement contre une décision de fermeture.
Les forces de l'ordre auraient-elles reçu de nouvelles consignes ? la Police serait-elle plus nerveuse car à elle aussi on a réduit ultérieurement ses fonds déjà mal en point ? Tous ses syndicats étaient présents à la manif de Piazza Navona.

En tous cas, on dirait que la réplique du gouvernement s'est notablement durcie, et si je sais tout cela, ce n'est pas par la télé (dont je ne regarde plus les JT car ils ne racontent plus rien sérieusement, ni riende sérieux), mais grâce à Internet, à travers les éditions on-line de la petite part de la presse financièrement indépendante de Berlu ou à travers la presse citoyenne. Ici, il il n'y a pas d'équivalent du Canard Enchaîné, mais le dernier né de la presse écrite, Il Fatto Quotidiano (qui, a tout de suite vendu 100.000 ex. sur papier et vient d'améliorer son site on-line), est un peu l'équivalent de Médiapart : il va jusqu'au fond des choses en prenant bien soin de s'en tenir étroitement aux faits.

Le problème, c'est que l'information à travers Internet touche très peu de monde. Elle est en effet plus difficile à bâilloner (bien qu'en Italie, en 5 ans, on ait déjà promulgué 10 lois pour la museler), mais quel est le pourcentage de la population que cela touche par rapport à celui dont les 7 chaînes nationales lavent le cerveau à longueur de journée ? Et non seulement chez eux, mais à travers les mini-JT-radio ou télé diffusés en continu dans les supermarchés, dans les banques, dans les pizzerias et jusqu'en bord de mer dans les lidos, etc. Dans la vie de société de tous les jours, plus une minute de silence ! Les Américains n'utilisent-ils pas le bruit et la musique à haut volume comme moyen de torture pour casser les résistances ?

Pour en revenir à la grève et aux manifestations contre la loi-baîllon, il ne reste plus qu'à attendre demain pour connaître non seulement le pourcentage d'adhésion, mais surtout la façon dont chaque participant y aura adhéré, car en Italie ce n'est pas la fantaisie qui manque.... En ce qui concerne la presse, ce matin les principaux quotidiens ne sont pas sortis, et on-line, les Unes sont pleines des nouvelles d'hier mais elles ne sont plus mises à jour. En ce qui concerne la télé, on pourra s'en faire une idée au cours de la journée.


En ce qui concerne les scandales français, merci pour tes liens, Pierre. Je ne sais pas si tu avais eu l'occasion de lire mon billet du 19 février, mais vu que qu'en matière de piétinement des lois en Italie on a toujours dix mesures d'avance, ce qui se passe aujourd'hui en France, c'est le début de ce qu'annonçait Beppe Grillo dans les 5 vidéos du Monde. Quand un chef d'Etat ou de gouvernement commence à vouloir placer son jeune fils à la tête d'une administration sans qu'il en ait les compétences, c'est qu'il y a quelque chose de pourri dans le "royaume" où ça se passe, et que les notions de retenue face à l'illicite, de honte face à la prise sur le fait, et de l'égalité devant la loi sont déjà très mal en point. Souhaitons donc qu'en France, contrairement à l'Italie, il soit encore temps de redresser la barre, que l'opposition, contrairement à ce qui se passe en Italie, soit encore capable de faire de l'opposition, et que Le Monde, trop condescendant aujourd'hui, retrouve vite les raisons pour lequelles il n'a pas voulu finir sous la botte de Sarko.


 
PierreDesiles
09-07-10 à 12:26

L'appel à la grève a été entendu en France !

Ca y est ! On en a parlé !

Ce matin vendredi 9 juillet, au journal parlé de France-Info de 7h heure française, quelle n'a été ma surprise ? Le journaliste a fait un cour résumé de la situation qui dure depuis longtemps en Italie. Il a parlé de la corruption qui règne et la poursuite des journalistes avec le montant de l'amende et leur emprisonnement s'ils rapportaient des faits contre le pouvoir. Il a parlé aussi de la "loi baillon". Il a fait état de la grève de la presse chez vous.

Moi je dis BRAVO à ce journaliste qui ose en dire plus qui n'en faut en pensant certainement à ces confrères privés de liberté d'expression !  On retrouve le contenu sur leur site ci-dessous.

http://www.france-info.com/monde-europe-2010-07-09-les-journalistes-italiens-en-greve-contre-la-loi-baillon-de-463894-14-15.html

http://www.radiofrance.fr/   (accueil de toutes les radios France)

Tu vois impasseSud, ça commence à traverser les "frontières" de l'interdit.

Ici, ça bouge aussi. Chaque jour des révélations. Aujourd'hui ce sont des  perquisitions chez Patrice de Maistre et à la société Clymène  Affaire Bettencourt-Woerth  (le Monde)

 . La pauvre comptable Claire Thibout a été interrogée 6 fois par la police sans avoir droit à un avocat. Elle a rectifié légèrement son témoignage pour apparaître comme une coupable à qui il fallait tirer des aveux et ne plus viser Sarko. Je ne peux te mettre tous les renvois de débats, mais sache que ça surchauffe de partout et que la presse semble encore très solidaire dans ce pays, mais jusqu'à quand ? 

Je prie pour que Mediapart ne soit pas baillonner à son tour comme chez vous ! Ce sont tous des professionnels qui font leur travail d'information avec sérieux et qui ne lâchent pas !

à bientôt ImpasseSud!


 
ImpasseSud
09-07-10 à 19:19

Re: L'appel à la grève a été entendu en France !

Merci Pierre pour ce lien de France Info, c'est le premier dont j'ai eu écho à l'étranger. Ensuite, en France on en a parlé sur Le Figaro, France-Soir, Les Echos, Euro news, sur TV5, L'Express, etc.. ; en Suisse sur Le Temps et Le Matin, en Espagne sur El Pais, en Grande-Bretagne, en Autriche, en Allemagne, en Belgique....
J'en suis enchantée ! Il est important qu'en plus de se tenir au courant de ce qu'il se passe dans le pays voisin, chacun se remette en mémoire l'importance de la liberté de l'information. Et j'imagine qu'en France on y est particulièrement sensibles depuis la découverte des vilains pots aux roses. Que les journalistes fassent bloc, qu'elle ne lâche pas prise, car on sent que les Français sont vraiment ulcérés.   "L'ère de Sarkozy, c'est l'ère de l'indécence" titre Le Temps très justement, accompagné par cette vignette. Sarko a déjà mis les mains sur France Télévision, il ne faut pas le laisser aller plus loin. Dès que j'ai deux minutes, je réponds à ton mail.

Pour en revenir à la grève italienne, les résultats dépassent mes espérances : aucun quotidien (de droite comme de gauche) ce matin chez les marchands de journaux, sauf Il Giornale et Libero (qui appartiennent à Berlusconi). Aucune mise à jour on-line, même sur les hebdos. Du coté TV : 3 JT réduits de 4 mn. après un blabla d'adhésion à la grève sur les 7 chaînes (même celles de Berlu !). Cela aura-t-il réveillé les Italiens ?
Aujourd'hui, en plus, les transports publics étaient en grève !!!!!

Il ne reste donc plus qu'à attendre la suite...


 
PierreDesiles
09-07-10 à 21:27

Re: L'appel à la grève a été entendu en France !

""J'en suis enchantée ! Il est important qu'en plus de se tenir au courant de ce qu'il se passe dans le pays voisin, chacun se remette en mémoire l'importance de la liberté de l'information.""

Moi aussi je suis enchanté de voir qu'enfin une lame de fond est en train de naître, comme je l'avais pensé le 1er juillet dans cet article plus haut ""Décidément, Bernenousconi et Sarkopartoutzy font le forcing, chacun à leur manière, pour impôser leurs règnes étatotaltiques, avec des lois baillons et des lois bidons ! Ca sent le roussi et l'amorce d'une crise générale en Europe. Qui va oser allumer la mèche de la révolte ?"" .

La botte italienne commence à bouger, quand va t-elle mettre un grand coup de pied au c.l de ses dirigeants ? J'ai trouvé un billet ressemblant un peu à ce que tu dénonces ici sur l'après l'Aquila(voir le lien)

Momosse   http://www.calciomio.fr/greve-nationale-des-journalistes-en-italie_52129

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En France, l'été est chaud et risque d'être encore plus chaud selon la tournure des évènements. Aujourd'hui c'est Fillon, comme Sarko à la tribune,  qui s'est exprimé à Zagreb en Croatie sur l'affaire Bettencourt Le Figaro - Politique : Fillon dénonce les «justiciers autoproclamés» (En France on lave son linge sale chez les autres) Fillon ressemble à un général de corps d'armée sûr de ses troupes et de son plan de contre attaque. Quand on voit la horde de policier venue encadrer la perquisition chez Patrice de Maistre dans la ville de Sarko à Neuilly, on peut difficilement croire à son authenticité. C'est un procureur nommé par le pouvoir qui est chargé de l'affaire, car Sarko a souhaité supprimer le juge d'instruction trop indépendant.

Affaire Bettencourt : enquête et perquisitions

On vient d'apprendre que Sarko parlera au JT de FRance 2 lundi soir, voilà pourquoi le  rapport de l'Inspection générale des finances  ne sera remis que lundi soir. Gageons qu'il sera vierge de tout soupçon, c'est pourquoi Fillon a l'air si tranquille.

Mais que dire des carnets de la comptable ?  LePost.fr

Je crois que ce gouvernement est en train de mettre des rustines au bâteau France qui prend l'eau de toute part, et j'espère que le 7 septembre tout le monde sera dans la rue pour confirmer les sondages de mécontentement général !

:-)


 
ImpasseSud
12-07-10 à 09:29

Re: L'appel à la grève a été entendu en France !

A propos de la botte italienne, Pierre, je suis loin d'être aussi optimiste que toi. Non pas que je sois pessimiste, mais moi qui m'emballe toujours facilement au moindre signal positif, j'ai déjà été si souvent échaudée depuis que j'habite ici que désormais j'attends de voir.
Dans la presse de samedi, par exemple, on ne trouvait aucune trace (à moins que j'aie mal vu) du succès de la grève de vendredi. Pour moi qui ai suivi les faits et JT de près, sa réussite est incontestable, mais comme ce type de grève des JT se produit au moins 2 ou 3 fois par an pour une raison ou pour une autre, je suis sûre que l’ampleur de l’adhésion est passée inaperçue pour la majeure partie de la population.
Ensuite, au cours de ces JT de 3-4mn imposés par la loi, on a encore trouvé le moyen de donner des informations discordantes. Actuellement les gouverneurs des régions sont en révolution parce que la manœuvre économique de restrictions leur a coupé les fonds. Hier, après moult protestations, ils ont été reçus par Berlu et Tremonti, le ministre des finances. Aux JT, l'information a été donnée ainsi : "un succès, des accords" sur les chaînes de Berlu et RAI1 (très bassement lèche-c.) que suivent ceux votent pour lui ; "aucune entente, la rupture" sur RAI3, nouvelle confirmée par l'ensemble de la presse écrite de samedi.
Et pour finir, Berlu a décidé de mettre la confiance sur le vote de la loi-bâillon à la Chambre des députés : les dissidents de son bord, car il y en a, auront-ils le courage de voter contre ?

Pierre, quand je lis tout ce que tu me racontes à propos des réactions de Sarko et Woerth, j'ai l'impression de me trouver face à un film que je connais par coeur. Toutes les précisions pas forcément vraies, magouilles, accusations de calomnie, tous les auto-cocoricos réitérés, refus de démissionner, refus de remanier, refus d'assumer, systèmes de pression, linge sale qu'on lave depuis l'étranger, etc. un classique des despotes !
La liberté de l'information est à la base de la démocratie, et le conflit d'intérêt en est la négation. En Italie, on vit en plein conflit depuis 15 ans, et la gauche, quand elle a été au pouvoir, n'y a jamais mis aucun frein alors qu'en campagne électorale, elle le présentait comme une priorité. Tout a empiré en douceur, mais le résultat final, on le voit aujourd'hui avec un Berlu qui conserve ses électeurs par des tonnes de mensonges et la légalisation de la censure.
Sarko fait exactement tout ce qu'a fait Berlu, sauf que n'ayant pas son immense fortune financière pour se créer un empire médiatique et corrompre tout le monde, et se trouvant en France où les lois n'existent pas seulement pour qu'on puisse les contourner, il est obligé de se montrer tout de suite plus méchant (non pas que Berlu soit bon vu qu'il s'est mérité le surnom de caïman), plus direct, en commençant par attribuer au Président de la République la nomination du directeur de France Télévisions. Aujourd’hui, Médiapart est sur sa ligne de tir.
Ce qui signifie que le mécanisme des despotes est toujours le même, quel que soit la nation, l'époque ou l'emballage de légalité à la dérive sous lequel on le cache. Tout commence par la prise de contrôle de l'information, et, aujourd'hui, dans les pays démocratiques, par la diffamation systématique des rebelles.

Dans les cas comme celui-ci, il faut aller si possible jusqu'au fond, faire attention à ne pas se perdre dans les détails, car c'est ce que les Berlu, les Sarko (et leurs acolytes) attendent, pour pouvoir ergoter, fustiger, et ensuite hypnotiser leurs électeurs avec un beau discours à l'entourloupette ; aujourd'hui, il faut également se défier de la gauche dégauchée qui parle mais ne fait rien et par conséquent fait continuellement leur jeu ; et il faut s'accrocher ferme aux jalons de la Constitution, faire bloc et front commun à chaque fois qu'on veut y toucher... pour « notre » bien. Les Français le comprennent-ils ? Quelqu'un le leur dit-il clairement ? Je ne connais pas assez les affaires françaises pour exprimer un jugement, mais entre réthorique oratoire et peur des mots, les deux liens que tu m'as passés plus haut n'en donnent pas l'impression.

Ici, bien loin des notions périmées de gauche, de droite ou de partis, on en est déjà au stade suivant, avec deux camps : ceux qui sont pour Berlu, et ceux qui sont pour la démocratie.
Dans le premier camp, il y a sa large cour personnelle qui espère pouvoir profiter des miettes qui tombent de sa table ; les margoulins en affaires ; la majorité du petit peuple dont il lave le cerveau avec ses télés toujours le doigt pointé sur des boucs émissaires soi-disant responsables de tous leurs maux (comme les étrangers par ex. ou les communistes (!)) ; les catholiques traditionnalistes (à distinguer des croyants !) trompés par le Vatican qui mange indécemment au râtelier et, en échange, incite ses électeurs à voter pour lui ; et tous ceux qui soutiennent (ou sont contraints à soutenir) les systèmes mafieux et le clientélisme. 
Dans le second, il y a la minorité de tous ceux qui pensent avec leur tête, aussi bien une partie de la Confindustria (le Médef italien) qu'une partie de la droite, qui l'une et l'autre en ont marre de ce cirque et de la légalisation d'une illégalité qui paralyse le pays, aussi bien l'extrême gauche qui, elle, n'a pas trahi les plus démunis que les gens de bons sens désolés par les ravages actuels du chômage et la démolition systématique des structures étatiques et qui essaient de reprendre la situation en main par le bas.
La Ligue du  Nord fait bande à part, foncièrement fasciste et raciste, elle tire tout ce qu'elle veut d'un Berlu qui a besoin d’elle pour une question de majorité.
Voilà ce à quoi mènent l’absence d’information et la désinformation !

Pour en revenir à la France, longtemps phare des notions de Liberté, Egalité, Fraternité, vu de l'extérieur elle démérite terriblement depuis que Sarko est au pouvoir : malgré ses cocoricos périodiques, elle est devenue le phare des instincts douteux qui défendent le profit, l'individualisme, et le racisme. Ces jours-ci, avec cette sale affaire, les journalistes français ont l'opportunité de redresser la barre, j'espère qu'ils ne la laisseront pas passer. Ils disposent d'un pouvoir énorme sur le 7 septembre dont tu espères tant, Pierre, mais aussi d'un pouvoir énorme sur l'UE qui, quand il s'agit de choses sérieuses, regarde plus volontiers du côté de la France que du côté de l'Italie.


 
ImpasseSud
13-07-10 à 16:31

L'ONU intervient

Lire sur Le Temps : L'ONU demande à Berlusconi d'abandonner son projet de "loi-bâillon".

"L'expert de l'ONU pour le droit à l'expression a demandé au gouvernement italien de Silvio Berlusconi d'abandonner son projet de loi visant à limiter l'utilisation d'écoutes téléphoniques par la presse. Il estime que les sanctions prévues sont disproportionnées par rapport à l'infraction.

Le projet de loi, adopté au Sénat le 10 juin et qui doit encore être approuvé par les députés, prévoit jusqu'à deux mois de prison et une amende pouvant atteindre 464'700 euros pour les médias (presse écrite ou audiovisuelle) diffusant des écoutes ou des enregistrements audio et vidéo pendant une enquête judiciaire.

"Je sais bien que le projet de loi a été introduit en raison de préoccupations sur les conséquences pour les procédures judiciaires et le droit à la vie privée de la publication d'informations obtenues par des écoutes téléphoniques. Cependant, le projet de loi sous sa forme actuelle ne constitue pas une réponse adaptée à ces préoccupations et menace la liberté d'expression", a jugé M. Frank La Rue, rapporteur indépendant de l'ONU sur la liberté d'expression.

En outre, les non-journalistes encourent une peine de quatre ans de prison, a encore relevé M. La Rue.

"Une peine aussi lourde sapera gravement le droit de tout individu à rechercher et partager l'information, en infraction avec la Convention internationale des droits civiques et politiques auquel l'Italie est Etat partie", a averti l'expert onusien."


 
PierreDesiles
13-07-10 à 18:48

Re: L'ONU intervient

Très bien  cette judicieuse remarque de  l'expert onusien, mais que préconise t-il à l'ONU? L'Italie s'expose t-elle à des sanctions prévues dans le code international qui pourrait faire reculer Bernenous ?

(Au fait, Sarko a encore fait des siennes hier au JT de France 2, dans un numéro bien rodé de poker menteur ! http://info.francetelevisions.fr/)


 
ImpasseSud
14-07-10 à 18:37

Re: L'ONU intervient

Que veux-tu que préconise l'ONU ? Rien, comme d'habitude. De toute façon la réponse a été la même que pour l'OSCE : "en Italie le Parlement est souverain." Une excuse, mais aussi une réalité : espérons que la partie des députés du PDL qui est contraire à cette loi ait le courage de voter contre, malgré le chantage du vote de confiance.

 
PierreDesiles
15-07-10 à 16:40

Juste une parenthèse

(L'affaire Bettencourt et le jeu de poker menteur continue...Quel feuilleton ! Résumé du Point http://www.lepoint.fr/societe/les-grandes-dates-de-l-affaire-bettencourt-15-07-2010-1215077_23.php )

:-)


 
ImpasseSud
16-07-10 à 09:11

Et si c'était déjà trop tard....

C'est ce qu'affirme Maso Notariani, journaliste fondateur du journal on-line Peacereporter dans une iterview relâchée au Nouvel Observateur, car "Cette loi est terrible mais elle arrive à la fin de vingt ans d'érosion de la liberté de la presse contre laquelle les journalistes n'ont rien dit."
Il y dénonce notamment l'absence de sérieux de la plupart de la très grande majorité d'entre eux : une copie conforme de la classe politique. Lire l'article : "C'est typiquement une loi de dictature".
C'est exactement ce qu'écrivait Eric Valmir, le correspondant de Radio France à Rome, dans cet article du 14 juin 2009 "De l'impossibilité italienne à croire en un journalisme apolitique".

Ce qui est grave dans cette affaire, c'est non seulement que, si cette loi passe, les Italiens ne seront plus informés ( ils le sont déjà si mal), mais que la magistrature et la police ne pourra plus enquêter le temps nécessaire à travers les écoutes téléphoniques. Un tout qu'il ne faut absolument pas scinder.
Vue du point de l'efficacité du déracinement de la mafia, par exemple, la nouvelle de ces jours-ci de la vaste opération contre la mafia calabraise a eu un retentissement mondial bien supérieur à ce qu'elle mérite dans la réalité, car il faudra bien plus que des arrestations spectaculaires, même de masse, pour changer les mentalités et les groupes de pression, mais on a quand même pu arriver aux arrestations, ce qui aurait été pratiquement impossible ou terriblement retardé avec cette loi. En même temps, il est très important que la presse en parle, que les gens prennent conscience que la Mafia, aujourd'hui, ne se trouve plus seulement en Calabre, à Naples, en Sicile où elle conditionne tout, même les élections, mais qu'elle se trouve et agit partout dans le monde, à des milliers des kilomètres et jusque dans notre propre assiette !!!!, comme le dénonce Roberto Saviano (vu ici à travers BibliObs).


En réponse à ta parenthèse, Pierre, je te propose cette vidéo du Nouvel Obs de cette semaine : "Comment Sarkozy en est arrivé là". La hantise du fric d'un petit complexé ? Pour ma part, c'est comme cela que je le vois depuis longtemps. Ses ambitions ont été trahies par notre époque néo libéraliste. Et en ces temps où le pouvoir appartient aux riches plus qu'aux gouvernements, pour camoufler sa frustration, il va démolir tout ce qu'il peut pour prouver un pouvoir démenti, limité dans la réalité par son manque de richesse. Mais comment font les gens, surtout la classe moyenne, pour se laisser prendre par les boniments des types comme ça ? Pleins de rictus méchants qui plus est. Berlu avait au moins un sourire enjôleur ... qu'il a de plus en plus de mal à sortir.


 
ImpasseSud
25-07-10 à 10:28

Une fois de plus, c'est l'opposition de GAUCHE qui trahit !

Suite à certains amendements, la loi-bâillon a reçu l’accord bipartisan de la Commission de Justice de la Chambre des députés, c’est-à-dire l’accord du Partito Democratico (PD de gauche) qui en revendique le mérite à grands cris et chante victoire. La grande modification consiste en l’établissement d'une « audience filtre » durant laquelle le juge, le ministère publique et les avocats décideront de ce qui est important aux fins de l’enquête et de ce qu’il faut tenir secret.

Les journalistes ne pouvant être présents à ces audiences, il n’est donc pas sûr du tout que les documents écartés car retenus sans importance pénale à ce moment précis, ne soient au contraire d’une très grande importance sociale et, par conséquent, de celles qu’un journaliste a le devoir de publier.
Par exemple, - comme on peut le lire à propos d'un cas précis rappelé dans l’article publié sur Il Fatto Qotidiano « Le PD chante victoire mais le bâillon reste » -, dans un pays gouverné par une caste où corruption, collusion et mafia vont bras-dessus-bras-dessous, un simple « baiser au front » pénalement inattaquable peut représenter un acte de soumission suivant le personnage qui le donne et celui qui le reçoit, c’est-à-dire révéler une vérité inquiétante qu’un journaliste a le devoir de raconter et le public le droit de connaître.

 

Toujours à propos de censure, cependant, le black out sur la Toile reste tel quel. Tous les sites internet, y compris les blogs, auront l’obligation de publier dans les 48 heures qui suivent la requête, la rectification des nouvelles et opinions fausses ou qui nuisent à la réputation des autres.

« En substance, à tous les libres-penseurs du Web, on appliquera également la loi sur la presse de 1948. Donc, heureusement que, d’après le PD, on a gagné la bataille en faveur de la liberté de presse », conclut-on l'article, avec une amertume ironique.


La droite au pouvoir reste de droite, elle sert les riches et la sécurité à tout prix. S'il est du devoir de ceux qui croient en la justice de s'opposer à ses abus, il est vraiment anormal que ce soit l'opposition de gauche (le PD) qui finisse toujours par faire son jeu. Et pourtant, c'est ce que fait la gauche italienne depuis 15 ans ! Voilà où conduit le clientélisme, les gens continuent à voter pour ceux qui les trahissent !


Dans le cas présent, le seul parti d'opposition qui reste est l’Italia dei Valori (10% de l'électorat) d’Antonio di Pietro (l’ex PM de l'Opération Mains Propres).
Autant dire que c'est cuit ?


 
ImpasseSud
30-07-10 à 18:51

OUf ! Tout est renvoyé au mois de septembre

Ouf!
Suite aux dissensions au sein du PDL de Berlusconi et la scission de Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés, qui sort du PDL et fonde son propre parti, Berlusconi se retrouve sans majorité : le vote de la Chambre des députés sur la loi-bâillon est revoyé au mois de septembre.