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Les religions, quelle complication!

Je n’ai pas un très bon rapport avec les religions. Je m’en méfie, même si je suis pleinement d’accord avec le « aimez-vous les uns les autres », même si je reconnais leur rôle consolateur pour certains, même si j’arrive à concevoir que quelqu’un soit convaincu au plus profond de soi-même. Ce que je leur reproche, ce sont les droits que leurs pratiquants s’arrogent bien souvent en leur nom, comme d’entraîner leurs propres fidèles dans des « guerres saintes », ou encore, d'avoir confiner dans l’ignorance et pendant des siècles, les femmes, les populations pauvres, les indigènes et les gens simples, ne leur laissant, dans le meilleur des cas, qu’un sentiment d’infériorité et un devoir d’obéissance. En plus, un certain type de dévotion bigote me met littéralement froid dans le dos. Et ne parlons pas des saints, dont la plupart n’avait pas grand-chose de saint, à moins que ce ne soit moi qui ne comprenne rien à la sainteté. Mais aujourd'hui, il y a une nouvelle sainte dont on parle beaucoup...

 

Ce dimanche a vu la béatification de Mère Thérèse de Calcutta, et l’ensemble des médias, qui plus qui moins, a donné une certaine résonance à l’honneur rendu à ce personnage hors du commun, déjà “consacré” en 1979 par le prix Nobel de la paix.

 

Il y a deux jours encore, je ne savais d’elle que ce qui j’avais appris grâce au film Mother Teresa: In the Name of God's Poor (1997) , où son rôle est tenu par une merveilleuse Géraldine Chaplin. Mais ces jours-ci, face à une telle rumeur, j’ai voulu en savoir plus. J’ai donc lu des articles sur Internet, écouté des interviews personnelles à la télé, et je dois avouer que j’ai découvert une personne hors pair. Elle n’avait pas l’esprit « moulé » qui caractérise l’église catholique, ni même celui du missionnaire en général. Elle était simple mais pas naïve, absolument privée de jugements préconçues ou doctrinaux, et elle avait une conscience extrêmement aigue des besoins essentiels de l’être humain. Elle se laissait guider par son amour, non seulement pour les plus pauvres mais aussi pour l’humanité en général, avec comme seuls interdits, en plus de ceux de ses vœux, l’orgueil et le confort matériel. Je prendrai quelques exemples et une seule citation (en italique, les autres textes entre guillemets étant une synthèse des phrases que je l’ai entendue prononcer).

 

- « Il y a beaucoup de souffrance dans le monde -- énormément. Et la souffrance matérielle, c'est souffrir de faim, souffrir d'être sans-abri, souffrir de toutes sortes de maladies, mais je persiste à croire que la plus grande souffrance, c'est d'être seul, de se sentir mal-aimé, de n'avoir simplement personne. J'en suis venue à me rendre de plus en plus compte que la pire souffrance que puisse vivre un être humain, c'est de n'être pas désiré. »

Quel est celui d’entre nous qui, même avec une famille, même avec des amis, n’a pas éprouvé, un jour ou l’autre, cet horrible sentiment de ne compter pour personne ? Alors, essayons d’imaginer la détresse de ceux qui se retrouvent à la rue ou malades terminaux sans personne.

- Son point de vue sur les riches : « S’ils existent, c’est parce qu’ils servent à quelque chose ».

- Celui sur la contraception et l’avortement : « En Inde, nous enseignons aux femmes le planning familial pour le contrôle naturel des naissances. Mais bien souvent il est inapplicable parce que les hommes s’enivrent et sont violents. Mais pourquoi tuer un enfant qui doit naître ? Que les femmes qui ne peuvent pas le garder nous l’apportent ». Bien sûr, étant religieuse et catholique, on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’elle défende la pilule, mais, bien que n’ayant jamais été mère, elle démontre de connaître tous les affres de la maternité traversés par de nombreuses femmes.

- Dans tous les refuges pour moribonds qu’elle a créés, on ne demandait que deux choses aux personnes qui y étaient accueillies : un nom (et je suis même sûre que ce n’était pas indispensable), et leur religion, ceci uniquement dans le but de pouvoir les enterrer dans le respect de ses préceptes. En Inde, il n’est pas rare que les soeurs de son ordre préparent et allument le bûcher quand le mort est hindou.

 

Donc aucun anathème dans sa bouche, rien qu’une grande douceur et une immense compréhension. Ici on est bien loin de ces religieuses, de ces prêtres ou de ces églises qui émettent des jugements de valeur et dictent une conduite dans des situations dont ils ne savent rien. On est bien loin des dictat et du prosélytisme de Jean-Paul II. Alors, catholique ou non, pratiquant ou non, il semblerait qu’on doive être heureux de la reconnaissance officielle d’une telle humanité. Et bien non! Le bât blesse par le seul fait que Mère Thérèse représente une religion, la religion catholique. Et si l’attribution du prix Nobel a été la reconnaissance de son apostolat, sa béatification n’est autre qu’une appropriation officielle de cet apostolat de la part de la religion catholique. Et tout devient compliqué.

 

Il faut savoir qu’en Inde, on accuse le christianisme d’être une « religion étrangère » et elle ne plaît pas aux fondamentalistes hindous. Même si la religieuse était un instrument d’harmonie et un antidote contre le fondamentalisme religieux, elle se révèle cependant comme « l’outil » dont l’église catholique se sert pour montrer son essence à la population indienne, c’est-à-dire une communauté sans prosélytisme qui affirme que les plus dégradés sont titulaires d’une dignité inviolable qui a un fondement de transcendance. Mais dans cette opération se cache le risque d’une guerre ouverte entre les religions : Mère Thérèse, justement à cause de son œuvre en faveur des plus déshérités, est en train de devenir le potentiel leader spirituel de 300 millions de « dalit », les sans caste. Attirés par ce message de rachat social, les dalits, qui, encore aujourd’hui, sont en marge du rigide système de caste en vigueur en Inde, sont tentés par une conversion au christianisme. Et ce fait pourrait altérer encore plus l’équilibre religieux en Inde et dans le monde, déclanchant une fois encore des réactions fondamentalistes hindous  et générant des conflits comme ceux qui ont déjà lieu avec la communauté musulmane.

 

Il y a toujours eu et il y aura toujours des altruistes à l’image de Mère Thérèse. Les banlieues dégradées, les pays sous-développés, les pays en guerre les voient arriver continuellement, gratuitement, animés par le même feu, la même foi en l’humanité et le même esprit d’abnégation. La plupart restent dans l’ombre, mais leur action est tout aussi efficace. Alors, puisque le but déclaré est le soulagement et le rachat de l’homme dans la dignité, pourquoi faut-il que les croyants, les pratiquants d’une religion continuent à vouloir y ajouter une étiquette, la leur, un pouvoir temporel, le leur, au lieu d’avoir l’humilité d’aller se joindre aux œuvres laïques qui existent déjà ou même de créer des œuvres complémentaires, mais laïques ? L’habit est là, les signes d’appartenance sont clairs, et personne ne sépare plus l’action de la religion. Se targuer ensuite d’absence de prosélytisme est donc pour le moins inexact. Les gestes les plus simples ne le sont plus. Désormais ils sont compliqués, parce que lourds d'un contexte et générateurs de problèmes.


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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 21 Octobre 2003, 15:09 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

snodgass
22-10-03 à 14:06

j'ai lu mais j'ai décroche, pas tout compris. Je te signale que Gamin qui est dans tes liens a des difficultés. Peut être!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 
ImpasseSud
23-10-03 à 06:36

Re:

Je voulais simplement dire qu'une action comme celle de Mère Thérèse, qui n'est faite que de douceur et de compréhension, sera quand meme la cause de conflits religieux, pour le simple fait que, accomplie au nom de la religion catholique, elle devient du prosélythisme. Les religions compliquent bien souvent les situations les plus simples.

(PS. Pour Gamin, je suis au courant depuis longtemps ;-)


 
snodgass
23-10-03 à 10:07

Re: Re:

là c'est un truc ou j'ai du mal, je vis avec ce qui est et non pas avec ce qui sera;

 
ImpasseSud
23-10-03 à 13:46

Re: Re: Re:

"sera" est un futur très proche, de quelques années ou peut-etre avant, et si tu habitais en Inde et que tu sois fondamentaliste, peut-être que cela te préoccuperait. Tout comme le port du voile ou l’expansion des boucheries « kasher » préoccupe une partie de la population de la France où je suppose que tu vis.
Il s’agit d’un comportement qui n’est pas du prosélytisme en tant que tel, mais qui, cependant, a l’étiquette d’une religion.


 
snodgass
23-10-03 à 20:03

Re: Re: Re: Re:

les boucheries" kasher"  et le port du voile cela m'inquiète pas du tout; en France, je reste persuadé que ce sont  consoles de jeux qui feront  le plus dégâts aux religions.

 
ImpasseSud
23-10-03 à 21:06

Ton point de vue est original, meme s'il sort du sujet. Ici je parle des conséquences de l'existence des religions, et je ne pense pas que les jeux vidéo puissent prendre la place de la foi chez quelqu'un qui cherche à donner un sens à sa vie. Ils ne peuvent certainement pas donner lieu à une remise en cause de l'existence.


 
weinmann
28-10-03 à 09:40

Re:

Bonjour,
Je suis absolument d'accord avec cet article. Même si une religieuse apporte le bien en mettant sa foi au service des pauvres, des malheureux, cela apporte un crédit à la religion catholique... Qu'elle ne devrait jamais avoir. Je ne peux pas ne pas me rappeler les paroles du pape lors de son "périple" en Afrique, "le préservatif, c'est le diable" (en gros)... Pour moi, cela s'apparente à une génocide; de "simples" petites phrases qui causent la mort des millions de personnes...
Ce qui me heurte également, c'est qu'en tant qu'athée vivant dans un pays laïc (la Belgique), une partie de mes impôts finance l'Eglise... Je paye pour financer, par exemple, les écoles libres confessionnelle catholique, il y a même des lois pour cela... Ce qui est affolant puisque la majorité des professeurs de ces écoles dépendent de l'évêché, elles ne suivent pas le cursus imposé (forcément, les sciences remettent en cause des préceptes chrétiens) et ont leur propre réglement intérieur pour ce qui est du passage d'une année à une autre, ce qui est formellement interdit! Qu'à cela ne tienne, ces écoles sont financées par l'Etat, par moi! Alors que l'Eglise est bien riche assez. Sans penser que ces écoles sont propriétaires de leurs bâtiments et que l'Etat paye lorsqu'il y a des travaux à y faire... Ce n'est pas normal.
C'est pour tout cela qu'il m'est impossible de respecter une religion, les religions... Au 21è siècles, ça en devient presque comique.

 
ImpasseSud
28-10-03 à 14:08

Re: Re:

Weinmann, je ne serai pas aussi catégorique que toi. Malgré les complications qu’elles causent, je pense que les religions auraient du mal à ne pas exister. D’une part parce qu’une bonne partie des êtres humains en éprouve réellement le besoin, et qu’ensuite il faut reconnaître que pour un certain nombre de ceux qui les pratiquent elles servent de motivation pour devenir meilleurs.

Par contre, en ce qui concerne les institutions confessionnelles, hôpitaux ou écoles, je suis d’accord avec toi. Cependant, dans la mesure où une démocratie doit offrir le plus grand nombre de choix possibles au peuple qui dépend d’elle, je ne nie pas leur droit à l’existence. En plus il faut admettre que leurs succès actuels sont dus en grande partie au fait que leurs parallèles « publics » ne donnent pas toute la satisfaction qu’on serait en droit d’en attendre. Elles jouent donc un rôle reconnu comme nécessaire par un bon nombre. Mais un état laïque devrait se limiter à les mettre strictement sur le même plan que les instituions laïques, avec les mêmes financements spécifiques à leurs rôles (et non pas à leurs nécessités) et les mêmes critères de valeurs.

Au-delà on passe à l’injustice et au favoritisme du côté de l’état, et au prosélytisme di côté de/des l’église/s, qui, obligatoirement, déclanchent des polémiques, voire des conflits.