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Dakar 2005 : une réflexion qui me plaît !

On peut ne pas être d’accord et même critiquer mes goûts, mais malgré tous ses défauts et l’immoralité dont certains l’affublent volontiers, la course Paris-Dakar me plaît. Sans doute parce que j’aime le désert, que je sais ce que c’est que le mal d’Afrique, sans doute parce j’éprouve une sorte d’admiration pour ceux qui aiment se mesurer avec la vie, sans doute aussi parce ce genre d’épreuve met les gens à nus, etc…. J’en ai déjà parlé l’année dernière, et quoi qu’on puisse me dire, elle continuera à me fasciner. Cela ne m’empêche pas, cependant, d’être capable de discuter, voire critiquer, les choix et les changements qu’on y introduit d’une année sur l’autre. Comme le savent tous ceux qui la suivent, cette année elle a déjà « fait » quatre morts. Ce n’est pas peu, c’est peut-être même l’indice qu’il est temps de faire un pause-réflexion. Sur Il Manifesto, j’en ai lue une dont je partage totalement les idées :

 

« C’est l’Afrique, c’est le Dakar ». Chaque fois que quelqu’un se plaint de la difficulté du parcours, de l’absence de toute commodité, d’être resté dans le désert pendant deux nuits avant qu’on le récupère, la réponse est toujours la même, depuis toujours. Trop dur ? Trop fatigant ? C’est l’Afrique, c’est le Dakar. Que ceux qui ne sont pas d’accord restent chez eux. Sur le Dakar on meurt, mais ça ne date pas d’aujourd’hui, depuis toujours. Ceux qui partent le savent, ça fait partie de son charme, ça fait même partie de ce qui la caractérise, jouer le tout pour le tout, défier le désert. Thierry Sabine était un mystique, il a inventé le Dakar après s’être perdu dans le désert durant le raid Nice-Abidjan. Son idée, c’était : « Seul au milieu de la mer, c’est à l’intérieur de soi-même que chacun trouve les ressources pour surmonter cette épreuve extrême. » Et pourtant personne n’est jamais mort parce qu’il s’était perdu dans le désert ou qu’il avait été brûlé par le soleil et la soif. Durant le Dakar, les morts ont souvent eu lieu suite à des accidents hors course, comme Yasuo Kaneto renversé par un pirate sur un parcours asphalté en 1986, ou le grand Gilles Lalay, pris de plein fouet par un véhicule d’assistance en 1992. Mercredi, deux accompagnants belges ont perdu la vie dans un accident de la route survenu au Sénégal. Motocyclistes, ils faisaient partie d’un des groupes qui suivaient le Belge René Delaby. Ils ont été renversés par un camion. Avec eux le nombre des victimes du Dakar 2005 arrive à quatre.

Avant Fabrizio Meoni, Richard Sainct avait disparu au cours du Rallye d’Egypte en septembre dernier. Ces deux morts se différencient des 45 victimes de l’histoire du Dakar. Il s’agit de deux grands, parmi les plus grands de tous les temps, qui s’en vont en l’espace de quelques mois, deux hommes intelligents et d’une grande expérience. Certains diront que durant les compétitions de motos on perd la vie parce que le danger est présent sur chaque mètre de terrain. Mais ces deux morts disent qu’on est arrivé à un point de rupture sur lequel il faut réfléchir et d’où il faudrait repartir pour revenir en arrière.

Pour être digne ce nom, un raid doit comprendre deux éléments : la vitesse et la navigation.  Sans l’une ou sans l’autre on détruit l’esprit de la compétition, l’équilibre précaire est perturbé et le concept de la course devient fou. Si on exclut la vitesse, on transforme la course en voyage, si on exclut la navigation on transforme les raids en homicides. Ces dernières années, on cherche de moins en moins sa route dans les dunes, avec pour résultat que les pilotes ne doivent rien faire d’autre que d’aller le plus vite possible sur un parcours signalé en substance par les GPS fournis par l’organisation. Meoni s’en plaignait « On ne peut pas se mesurer uniquement sur la vitesse pure, un raid n’est pas une manche de MotoCross de 20 minutes, on doit parfois parcourir 1000 kilomètres par jour, et avec des motos qui dépassent les 200 à l’heure  on ne peut pas le faire à fond la caisse, sur les dunes et la caillasse ». L’organisation répondait que fournir de nombreux points GPS signifiait éviter que les concurrents se perdent, et que les obliger à rester dans les limites d’un parcours établi signifiait sécurité. C’est peut-être vrai pour les étrangers à la profession, mais ça devient létal pour les champions qui, pour se mesurer doivent conduire le couteau à la gorge pendant sept heures par jour, dans l’espoir de gagner cinq minutes. C’est ainsi que cette course devient plus dangereuse que les autres.

 

Ce qui est en train de se passer depuis quelques temps est incompréhensible. Les raids ont besoin de vitesse mais aussi de lenteur, d’hommes qui s’arrêtent pour examiner une dune afin de comprendre où se trouve le passage le meilleur, d’hommes qui analysent la couleur du sable pour comprendre où les roues auront prise et ou elles vont s’enfoncer. La navigation, ça signifie ralentir, lire, comprendre, puis, mais seulement après, accélérer jusqu’à la difficulté suivante. Ce n’est pas par hasard que les jeunes qui jouent seulement du poignet n’ont jamais gagné en Afrique, car il faut de la patience, et ceux qui gagnent sont ceux qui savent aussi s’arrêter pour réfléchir. Meoni gagnait en traçant sa route comme un navigateur solitaire. Autrement où est le Dakar ? Il s’agit d’un circuit infini, impossible, plein d’embûches à parcourir sans jamais reprendre son souffle, où pour une minute d’avantage il faut risquer sa vie pendant des heures. Il y a aussi ceux qui soutiennent que le risque existerait quand même, et même plus grand, si on laissait les concurrents sans points de repère car ils s’énerveraient après s’être trompés de piste et prendraient trop de risques pour récupérer.

 

Personne ne possède la recette d’un Dakar sûr, sans souffrance et sans sueur. En moto ou en voiture on meurt parce que les motos et les voitures à cent à l’heure font 27 mètres à la seconde, sur un périphérique comme sur le sable. Le pilote le sait et il met sa vie en compte, il est prêt à la laisser sur le champ de la course pour une raison que tout le monde ne peut pas comprendre, et on lui doit le respect. On doit lui dire dans quel genre de course il s’est engagé.

(Signée Guido Conter. Traduction de l’italien ImpasseSud)

 

 

Pourquoi veut-on toujours transformer l’homme en machine ?

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 15 Janvier 2005, 16:30 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

tgtg
15-01-05 à 18:25

Etonnée

"on meurt....Ceux qui partent le savent, ça fait partie de son charme"

Peut-on parler de"charme" dans ce cas ?!?!
Pas pour moi:-)

 
ImpasseSud
15-01-05 à 19:25

Re: Etonnée

Charme au sens fort, fascination, pouvoir de séduction. En fait, dans le cas présent, pousser sa passion jusqu'au bout, découvrir ses limites, mais de façon réfléchie, intelligente. Au même titre que dans une traversée de l'Atlantique en solitaire, une première en montagne, un sport extrême quelconque... Surtout pas comme le caprice irresponsable d'un moment mais suite à une préparation sérieuse, à un engagement. 

C'est sans doute un sentiment difficile à comprendre, mais j'aime que ce genre de défi existe :-).