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Roy Arundhati « Le Dieu des petits riens », (1997)

A la fin des années soixante, Ammu, fille d’un haut fonctionnaire, quitte son mari, alcoolique et violent, et rentre dans sa famille avec ses deux enfants jumeaux. Mais, selon la tradition indienne, une femme divorcée n’a aucun statut social. Si, en plus, cette femme commet l’erreur inacceptable, même dans une région marxiste comme le Kerala, de tomber amoureuse d’un « intouchable », pour elle il n’y a plus ni compréhension ni pardon.

 

Une Inde différente, moins connue, loin du tourisme et des états d’âme des voyageurs occidentaux, sans la domination dramatique de la pauvreté ou de la mort, mais vue à travers une famille d'aujourd'hui, aisée et respectée.

L’histoire, sans s’en tenir à une progression chronologique, remonte et redescend les vies des différents personnages : celle d’Ammu et des difficultés qui sont les siennes, bien entendu, mais aussi celles de Mammachi, sa mère, créatrice d’une fabrique de conserves alimentaires, aveugle et autoritaire ; de Chacko, son frère, que son état de mâle couvre de tous les privilèges ; de Baby Kochamma, sa grande-tante, dont la perfidie intrigue continuellement et se réjouit du malheur des autres; de Sophie Mol, sa nièce, dont ses cousins refusent de croire qu’elle est morte ; de Velutha l’intouchable… Mais surtout, - c'est le véritable noyau portant -, celle d’Estha et Rahel, les jumeaux dizygotes anxieux de conserver l’amour de leur mère, car c’est à travers leur regard qu’on apprend toute l’histoire. Autour d’eux gravitent un nombre infini de petits riens ordinaires, quotidiens, à l’apparence insignifiante, dont l’absence d’importance est cependant en mesure de changer les existences de façon radicale et parfois même dramatique.

 

Ces petits riens n’appartiennent pas à un Dieu solaire, sûr et puissant, mais au Dieu des petits riens, au Dieu de la perte, au Dieu de la chair de poule et du sourire instantané, au Dieu qui n’a qu’un bras, ne peut faire qu’une seule chose à la fois et ne laisse aucune trace derrière lui : « S’il la touchait, il ne pouvait pas lui parler, s’il l’aimait il ne pouvait pas la quitter, s’il parlait il ne pouvait pas écouter, s’il combattait il ne pouvait pas vaincre. »

 

Au-delà de cette histoire sans pitié comme l’est souvent la vie, le style de ce livre est d’un sensualité désarmante. La narration est faite de paroles palpables, de métaphores enfantines qui se glissent au fond de vous pour ne plus vous quitter. Toutes les phrases, tous les mots sont utiles, il n’y a pas le moindre remplissage.

 

Il faut absolument lire ce roman, ne serait-ce que pour se faire une idée sur ce pays plein de contradictions qu'est l'Inde, sans oublier qu'il a valu à Arundahti Roy, et à juste titre, l’attribution du « Booker Prize » en 1997.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 2 Septembre 2005, 19:28 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

alice
03-09-05 à 08:03

Je partage ton enthousiasme pour ce livre. Madame Arundhati Roy, quelle femme! Peut-être connais-tu "L'écrivain-militant" (Folio documents), le titre est moyen mais le livre est intéressant, c'est le recueil des essais et articles politiques de cette même dame.
Je crois me souvenir que tu avais écrit un billet début août sur un triste anniversaire. A ce moment-là, je n'avais pas encore lu "Hiroshima" de John Hersey (10/18), maintenant si.
Ton avis m'intéresse.

 
ImpasseSud
03-09-05 à 13:51

Re:

Je connais sa position de militante et j''ai lu plusieurs de ses articles parus dans la presse italienne et dans le Monde Diplomatique (Voir "Les périls du tout-humanitaire" dans la colonne de droite). Ici, en Italie, vient de sortir en livre de poche sous le titre de "Guerra è Pace" (è = est, intrigant ce titre!), un receuil de ses différents écrits au sujet de la guerre contre le terrorisme, des tests nucléaires en Inde, des problèmes causés par la fameuse digue, de l'égalité des droits, etc... Il se peut qu'il s'agisse de la même chose que "l'écrivain-militant". J'avais justement l'intention de l'acheter.

En ce qui concerne "Hiroshima", je vais prendre note du nom de l'auteur et voir si je peux me le procurer.