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De Strasbourg à Strasbourg
--> Comment ai-je pu croire que j’allais voir Strasbourg ?

L’Alsace, la ligne bleue des Vosges, les Ballons, un hôtel au luxe vétuste face à la cathédrale de Strasbourg... J’ai de si bons souvenirs. Je les ai découverts avec mes parents, quand j’avais 13 ans, avant d'entrer en Allemagne à travers le fameux pont de Kehl. Puis, plus tard, je les ai retrouvés en compagnie de mon aîné qui devait avoir le même âge. Vu que le Tour de France y passait, du fond de l’Italie, repue de soleil et au comble de l’abattement dans l’enfer des folles journées à 40° dont nous fait cadeau cet été, avant-hier, à l’heure de la sieste, j’ai éprouvé une pointe de nostalgie et j’ai allumé la télé. L’Alsace, Strasbourg allaient m’éloigner de mon corps à la recherche désespérée d’une idée de fraîcheur. Et bien, voilà ce que j’ai vu :

 

Des postérieurs, des postérieurs et encore des postérieurs, de toutes les couleurs et marqués comme du bétail. Certains appartenaient à la Française des Jeux, d’autres au Crédit Agricole, d’autres à je ne sais plus qui; des casques multicolores, les dos bossus des forçats-porteurs de gourdes, un troupeau tellement compact qui me mettait froid dans le dos (si seulement !!!!) à l’idée de ce qui pouvait se passer si l’un d’eux… Ah ! j’oubliais, j’ai quand même vu quelques arbres, quelques champs de maïs, quelques balles de foin, des files de spectateurs endrapeautés sur les trottoirs de villes sans nom, quelques maisons à colombages, le nouveau pont Pflimlin, sur le Rhin, et, sur la rive allemande, un gendarme français à côté d'un policier allemand. 

Pendant ce temps-là, j’ai eu droit à un déluge de commérages, sur le dopage, sur les contrôles, sur les injustices, sur les pas-de-chance, sur le pauvre coureur du Kazakhstan qui a dû rentrer chez lui, sur les caprices des sponsors et les plaintes qu'ils déposent à la fin de chaque étape, sur le héros qui refuse même les vitamines, sur les parents qui suivent désormais leur rejeton-coureur en camper, sur le poids des coureurs, les grammes qui les disqualifient, sur leurs prises de sang et l’état de leurs urines, sur leur taille, leur envergure, leur chevelure, leur allure, les envolées pas permises et les sprints autorisés ….. assaisonné d’un tas d’incongruités, comme, par exemple, que les coureurs entraient en Bade-Wurtemberger… (Wurtemberg n’aurait-il pas suffi ?) et qu’on était proche du lac de Constance qui sépare la France de l’Allemagne ? (la géographie est apparemment de sortie dans les écoles de journalisme). Quant aux mots estropiés, aux prononciations de dilettantes ! Non pas à vous écorcher les oreilles  mais carrément à vous inciter à couper le son ! Six mots de français. trois d’italien, cinq mots d’allemand, quelques-uns d’anglais et de néerlandais, deux ou trois d’espagnol et de portugais, etc., avec les mêmes noms durant plusieurs saisons…. ce n’est pourtant pas bien difficile à retenir quand on parle de cela du matin au soir. Et même s’il faut y ajouter quelques noms russes ou autres ….

Non ! les cancans sont plus importants !

 

Et l’Alsace dans tout cela ? Moi, je suis restée sur ma faim, et les téléspectateurs italiens n'en sauront rien. Il n'auront aucune idée des Vosges. Et de Strasbourg on ne nous a montré, l’espace de dix secondes et de très loin, qu’une sombre cathédrale manchote au-dessus d’une mer plate de toits.

Où finissent toutes les images filmées depuis le ou les hélicoptères ? Apparemment elles ne servent plus qu’à l’attribution des primes ou au photo-finish. Et pourtant, il y a trois ou quatre ans, on nous montrait encore le paysage de temps en temps, on signalait, au bas de l’écran, le nom des villes et villages que le Tour traversait, on nous redessinait le parcours et le niveau de la course. Giro, Tour ou Vuelta, maintenant tout est pareil, et c'est vraiment dommage.

Tout comme pour les coureurs qu'on a transformés en robots, les reportages des courses cyclistes se contentent désormais de chiffres : tête de la course, peloton et kilométrage à l’arrivée, avec, de temps en temps, les noms des trois premiers… sans oublier, - surtout pas ! -, les sigles de leurs sponsors.

 

Et la passion dans tout cela ? Comment peut-on se contenter de ce triste déballage verbeux, de cette aridité débordante, dévastante, dégradante ?

 

Heureusement il y a encore - mais hélas ils sont de plus en plus rares -, le journaliste nostalgique, le véritable amant de ce sport, qui, de temps en temps, alors qu'on a perdu tout espoir, vient vous raconter la première fois que le Tour de France est passé en Alsace-Moselle, en 1919 comme par hasard, année qui est également celle de l’apparition du maillot jaune et celle où l'organisateur commence à prendre en charge le ravitallement; vous parle de la solidarité-adversité « spontanée » qui existait entre Bartali (vainqueur en 1938 et 1948) et Coppi (1949 et 1952); évoque un Walkowiak (1956) à la victoire surprise, ou vous narre les cuites mémorables, prises un soir de déprime, par certains champions qui, introuvables pendant des heures, se présentaient normalement le lendemain matin au départ de l'étape.

Des histoires d’hommes comme je les aime...

 

Bref! Il faut que j'en fasse mon deuil. Ce n'est pas à travers le Tour que je reverrai les paysages aimés.

 

P.S. Pour les passionnés : qu'ils aillent faire un tour sur Mémoire du cyclisme.
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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 4 Juillet 2006, 08:19 dans la rubrique "Actualité".
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Commentaires et Mises à jour :

alberto
04-07-06 à 11:05

La prochaine fois que je mettrai le pied en Alsace, je penserai à toi, Impassesud. Ton article devrait susciter les lecteurs à t’envoyer plein de cartes postales (de Strasbourg) !
Et comme ce soir l’Italie est au programme, nous serons une foule... à avoir une pensée pour toi !

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ImpasseSud
04-07-06 à 11:08

Re:

Merci pour ce commentaire sympathique ! Désormais, je t'associerai un peu à l'Alsace vu qu'elle se trouve sur ton chemin :-)

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