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Films

Cinéma ParadisoJ’ai toujours aimé le cinéma, et je n’ai pas oublié le sentiment de bonheur que j’éprouvais autrefois, quand, avec mon père, j'entrais dans les grandes salles aux couleurs de fête, puis, plus tard, quand je m’enfilais dans une de ces petites salles, sombres et feutrées, proches du cocon ou de l’utérus, où lovée dans un fauteuil moelleux, j’allais me laisser transporter ailleurs, dans une histoire originale, une réalité différente, une autre façon de penser, peut-être un autre pays... Hélas, tout cela c’est terminé, parce que je n’ai plus aucune de ces petites salles à ma portée et qu’à la télé ou sur le petit écran à travers une cassette ou un DVD, je n’arrive plus à regarder le moindre film sans m’en désintéresser en cours de projection, ou sans avoir envie de me lever pour aller m'occuper de quelque chose que je trouve tout à coup plus urgent. Bref, l’enchantement est mort. Que s’est-il passé ?

 

D’une part, je crois que c’est la télé qui l’a tué. L’imposition inopportune des interruptions publicitaires à l’envahissement forcené et violent, et les répétitions de films et téléfilms jusque à la nausée cassent les émotions, éduquent au manque d’attention et à la longue génèrent l’ennui. « Des chaînes, des chaînes, et rien à voir ! » s’exclame Jacques Buob dans le bel article qu’il a publié dans Le Monde.


Ensuite, je dénoncerais la pauvreté et la banalité des contenus de la grande flopée des films qui sortent actuellement, faits souvent « par et donc pour et autour » des acteurs. Quels sont ceux qui, parmi nous, ont réussi à échapper aux claques sur les fesses du dernier Festival de Cannes ? Ne disait-on pas que Sharon Stone a 145 de QI ! Si c’est à cela que ça lui sert ! Devient-on bégueule parce qu’on se démarque d'un courant toujours plus descendant ? Faut-il vraiment ajouter la bêbêt..ise à la mode institutionnelle du scandale sur la Croisette ?

Aujourd’hui, au cinéma, il faudrait presque me payer pour que j’y aille, avec sa musique assourdissante et le voisinage des « tous-les-droits ».

 

Pour finir, je ne supporte plus l'option toujours plus exclusive pour la violence et l’immoralité. Pourquoi doit-on lui réserver la part du lion de la distribution alors qu'il y a longtemps que l'ennui a supplanté le binôme provocation-révélation et qu'il existe tant d'autres films plus intéressants et moins répétitifs ? N’y en a-t-il  pas déjà bien assez dans nos JT, nos « Envoyé spécial » et toutes les émissions de ce genre (que d'autre part j’apprécie grandement) ? Mais à chaque genre son rôle, et même si la violence et l’immoralité ont toujours existé, au lieu de les étaler et d’en faire un sujet en soi (sans parler de la promotion!), ne pourrait-on pas les ramener à de justes proportions ? Savoir les suggérer, cela n’a-t-il pas été pendant longtemps « l’art » du 7ème art ?

 

A propos de la « violence » au cinéma, je repense tout à coup à une petite anecdote. Récemment, au cours d’une de mes émissions préférés sur RAI 3, « che tempo che fa » pour ne pas la nommer, où l’on reçoit aussi bien Gorbatchev, Zubin Metah, Martin Scorsese, Luc Montagnier, la Reine de Jordanie et Bernard-Henri Lévy que Ronaldo, Carla Bruni, Platini ou Fonzie (celui de Happy Days !), j’ai assisté à un entretien avec Ishmael Beah, l’auteur de « A Long Way Gone: Memoirs of a Boy Soldier » dont la traduction vient de sortir en Italie.
Dans ce livre, ce jeune écrivain de la Sierra-Leone raconte son enfance tout d'abord sans soucis dans son village de la brousse, jusqu'à l’arrivée de la guerre civile, la mort violente de bonne partie de sa famille, son enrôlement forcé à 12 ans dans une caserne occupée par des rebelles où il était allé chercher refuge, les horreurs sans fond qu’on l’a obligé à commettre jusqu’à l’âge de 15 ans sous l’empire de la drogue et du chantage, puis sa miraculeuse récupération et réhabilitation par l’UNICEF. Cependant, quand, à 17 ans, on l’a embarqué dans un avion pour New-York afin qu’il aille témoigner à l’ONU, il a tremblé intérieurement pendant tout le voyage : comment ça, lui qui sortait d'un monde de violence, fallait-il vraiment qu’on l’emmène à New-York ? Quelle n’a pas été sa surprise quand, arrivé sur place, il a découvert, incrédule, que la ville n’était pas en état de siège et qu’on pouvait y vivre normalement, s'y promener, sans terreur, sans tueries, sans qu'on vous tire dessus à chaque coin de rue. New-York, lui, il ne la connaissait qu'à travers les films et téléfilms qui passent à la télé.

 

Qu’on ne me demande donc pas quels sont les films qui ont reçu un prix à Cannes, à Venise ou à Berlin car je n’en sais rien. J’ai cessé de jouer à me faire envie vu que, s’il ne s’agit ni d’un Matrix, d'un Fahrenheit 9/11, d’un Da Vinci Code, d’un 300, d'un Harry Potter ou d’une idiotie nationale à placer à tout prix, ils n’arriveront pas jusque chez moi, ni dans les salles, ni à la télé, ni chez les loueurs de cassettes et DVD, et que moi, je ne sais pas encore pirater sur Internet…. A condition qu'on les y mette....

 

Et pourtant, quelle nostalgie !

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 28 Mai 2007, 16:15 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

jojo
29-05-07 à 17:39

Nous avons la chance d'avoir découvert près de chez nous un loueur de DVD qui a de très bons films, tout le contraire des blockbusters... On a loué dernièrement "l'uomo senza passato" de Kaurismaki, j'ai beaucoup aimé, et ça m'a fait réaliser à quel point c'est rare de voir un bon film!

 
ImpasseSud
29-05-07 à 18:59

Re:

Veinards ! :-)