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Italie : « shadow cabinet »

C’est le nom qu’en un premier temps les élus du Partito Democratico italien (ce qu’il reste de l’ancienne gauche) avaient donné à l’idée brillante qui leur est venue après le coup de Trafalgar essuyé aux élections législatives du 13 avril dernier préparées par une campagne au son de « Yes, we can... I care ». Dans une Italie où on se compare sans complexe aux Etats-Unis (probablement à cause de la parenté qui s'est créée à travers le grand nombre d'émigrés qu'elle leur a envoyé), ils avaient sans aucun doute carrément oublié, avec tout le reste d'ailleurs, qu’on y parle encore l’italien et que, du Nord au Sud, ses habitants y sont étroitement attachés à leurs origines voire à leurs dialectes. Bref, quelqu’un a dû leur souffler à l’oreille qu’on était encore de ce côté de l’Atlantique et c'est ainsi qu'ils ont fini par arriver au « governo ombra », son correspondant.

 

Et bien, ils l’ont fait !!!!!...., avec autant de photos officielles, listes officielles des néo « Ministres » (pratiquement les mêmes qu'avant !), publications et publicité à travers tous les médias, Président du conseil et conseils des ministres. Ils ont même créé, dans les règles, le pendant des ministères auxquels ils n’avaient pas pensé auparavant, mais que Berlusconi a créé sous la pression de la Lega del Nord, et se vantent (vu que Berlusconi n'en a mis que quatre) d’y avoir mis neuf femmes alors que quand ils étaient au pouvoir ils n'en avaient mis que six. 

Le fait est, cependant, que le système parlementaire italien est différent du système de Westminter et que, par conséquent, ce governo ombra n'a aucune espèce de valeur juridique, n'est qu'une fiction. De surcroît, il ne représente même pas l'ensemble de l'opposition qui comprend deux autres partis qui ne reconnaissent pas sa leadership. Alors, à quel jeu joue-t-elle de nouveau, cette ombre, non pas du gouvernement mais d'une gauche défunte ? D'autant plus que ses membres continuent, comme si de rien était, à se féliciter pour le bon travail du gouvernement Prodi, gouvernement que les Italiens regretteront rapidement, disent-ils, gouvernement dont on reconnaîtra les bienfaits .... dans dix ans.
Il est évident qu’aujourd’hui la moitié des Italiens est contrariée par le retour de Berlusconi, mais que pourront-ils bien regretter du gouvernement précédent ? Ses augmentations d'impôts pour les contribuables les plus faibles et la mise au pilori on-line des contribuables qui n'évadent pas le fisc ? Son alourdissement de la bureaucratie ? Sa remise en liberté sans sérieux critères de sélection de 50.000 personnes incarcérées ? Son indifférence face à l’abaissement du niveau de vie ? Son manque total d'intérêt pour toutes les questions sociales, éducatives, familiales, environnementales, institutionnelles, scientifiques, pour le non respect diffus de la législation du travail et l'absence de perspective pour les jeunes générations ? Ou pour son apathie face au phénomène mafia, à l'extrême lenteur et à l’injustice de la justice, à la main mise sur l’information et au désordre législatif ? Ou encore pour son servilisme face au Vatican (1 -2), aux USA, aux banques et à Bruxelles ? Pour son silence à chaque fois qu'on s'en est pris à la laïcité et aux droits des femmes durant son mandat ?

 

Bien sûr, tout cela ne se fait ni en un jour et ni même en deux ans ; bien sûr, une partie des poblèmes soulignés n'est pas spécifique qu'à l'Italie, mais ne fallait-il pas, au moins, qu'ils aient le courage et l’honnêteté de commencer à redresser la barre ? En 2006, c’est dans cet espoir que la majorité des électeurs avait porté la gauche au pouvoir. Mais non, pas la moindre pause de réflexion, pas la moindre honte, pas le moindre remord, pas le moindre regret, pas le moindre mea culpa, pas la moindre éviction dans la vieille garde, pas le moindre vent rénovateur ou réformateur, pas le moindre retour sur terre ! Rien... Seuls un récent changement de sigle, la négation effective de l'échec et un groupe de vitelloni qui s'apprêtent à jouer au shadow cabinet. Quant à la droite, elle laisse qu'ils s'agitent et qu'on en parle : quoi de mieux qu'un ennemi qui, en se sabordant tout seul, fait monter votre consensus ?

 

Il y a des moments où je n’en peux plus de ce pays qui, en plus de la France, est aussi devenu le mien. Mais, dites-moi, en matière de véritable démocratie de gauche pour le bien-être de tous, des plus démunis en tête de liste, dans quel pays pourrais-je bien émigrer aujourd'hui ?

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 10 Mai 2008, 15:34 dans la rubrique "Actualité".