A La Havane, tout est prêt pour ce Noël 2004. Les décorations dans les rues et dans les maisons sont presque terminées. Sur les affiches pendues dans les tiendas, les magasins cubains, on peut même voir des Pères Noël, des traîneaux tirés par des rennes et de la neige qui tombe copieusement sur des sapins de montagne…… Et dans une sorte de défi, le siège diplomatique des USA et les autorités castristes se sont lancés dans un combat chorégraphique.
Ce sont les USA qui ont commencé : pour souhaiter un joyeux Noël à tous les habitants La Havane, l’ambassade a exposé, à proximité de son siège sur le Malecon, la merveilleuse promenade du bord de mer, des décorations de Noël très lumineuses, avec au centre et en gros le numéro 75, en référence au nombre de personnes arrêtées l’année dernière par le gouvernement de Castro, dont certaines (comme le poète Raul Rivero) ont été libérées la semaine dernière.
La réponse cubaine ne s’est pas fait attendre : les autorités de la capitale ont installé, juste en face de l’ambassade d’énormes panneaux avec une grande photo de soldats américains perquisitionnant des enfants iraquiens, sur lesquels ils souhaitaient un joyeux Noël, et face à la sortie secondaire des panneaux avec une immense photo des prisonniers iraquiens à Abu Ghraib, avec une croix gammée et l’inscription " fascistas made in USA."
Malgré les protestations des cubains, le représentant des intérêts états-uniens à Cuba, James Cason, a décidé que les décorations resteront jusqu’à la fin des fêtes parce que Bush a reconnu publiquement que les tortures d’Abu Ghraib étaient indignes, alors que Castro n’en a pas fait autant après l’arrestation des 75.
(Sources : Peacereporter)
Feliz Navidad a la politica! C'est comme ça qu'on dit? Et puis, c'est toujours mieux que des missiles...
Mots-clefs : Amérique du Nord, Amérique latine
Commentaires et Mises à jour :
Re: Re:
En fait, maintenant que j'y pense, ta réflexion me rapelle un passage d'un petit livre magnifique paru en Italie en 2002 dont j'ai effectué la traduction (sans hélas réussir à la vendre) : "Il vizio oscuro dell'Occidente" de Massimo Fini (Marsilio Ed.). Je cite :
L’Afrique est également un bon exemple des dévastations non seulement économiques, mais aussi culturelles et sociales, qu’a provoqué la contamination par notre modèle. Tout le monde a vu à la télévision les épouvantables images de la guerre au Rwanda entre Tutsi et Hutu en 1994. Des choses si féroces, si bestiales que les pieux occidentaux ont eu l’idée de mettre sur pied le classique « Tribunal spécial pour les crimes de guerre au Rwanda ». Bien. Il y a une trentaine d’années à Nairobi, j’assistais à une Convention sur la guerre en Afrique à laquelle participaient les représentants de nombreuses ethnies. Et ce qu’il en était sorti, c’est que la guerre en Afrique, jusqu’à ce moment-là, avait été quelque chose d’insignifiant, non seulement par rapport à ce que nous, nous avions combiné en Europe et en Amérique du Nord, mais en valeur absolue. A un certain moment, le chef de je ne me sais plus quelle petite tribu avait parlé et il nous avait raconté cette histoire : « Chez nous aussi une fois il y a eu une guerre. Une chose horrible, terrible, vraiment terrible. Et puis un jour, près d’un puits, il a fini par y avoir un mort et ça a été terminé, immédiatement. » Il s’agit là d’un cas limite, qui cependant illustre bien la situation. L’anthropologie confirme que les noirs africains ont été des maîtres dans la création de structures pour canaliser et rendre inoffensive l’agressivité de groupe, comme les fêtes orgiastiques, les guerres ritualisées, toutes feintes (que les Bambara et d’autres tribus du Continent noir appellent rotana), ou bien les guerres que l’on fait en enlevant les ailerons des flèches afin de rendre les tirs imprécis et faire peu de dégâts[8]. L’histoire de l’Afrique toute entière et de ses mille ethnies est une histoire où l’on recherche plus les accords que les conflits. Et à part les exceptions évidentes dans une affaire millénaire, ce que l’anthropologue anglais John Reader écrit pour les populations du delta du Niger vaut pour l’Afrique toute entière :
"Le risque de conflit était très élevé : en termes d’anthropologie, le delta interne du Niger aurait dû être un « foyer d’hostilité interethnique». Et pourtant ce qui distingue cette région durant les 1600 ans d’histoire documentée, ce n’est pas la fréquence des conflits, mais plutôt la stabilité des relations pacifiques réciproques. Par là on ne veut pas dire qu’il n’y a jamais eu de contrastes entre les groupes, mais simplement que quand il y a eu des conflits, ils ne se sont pas terminés par la soumission des vaincus […]. Le message qui en découle est de type adaptatif […], et le modèle prévalant est celui de l’accord interethnique. Dans les récits, la victoire n’était pas la valeur suprême, et parfois les vainqueurs assumaient l’identité des vaincus […]. [Les noirs] transforment les conflits potentiels entre les groupes dans l’attente d’un arrangement approprié, comportement qui a son tour définit l’identité ethnique en termes d’obligations envers les autres. Les gens savent comment se conduire parce qu’ils sont conscients des différences, et le respect réciproque permet à la tribu de prospérer et aux symboles matériels de l’identité de groupe (coiffures, scarifications, habillement, etc.) de se développer[9]."
N'y aurait-il pas quelque chose à apprendre quelque part?