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Il y a vraiment des jours où...

Voilà quatre jours que ça dure! Je ne sais pas si j’aurais mieux fait de rester au lit, comme on dit…. Mais il y a quand même des fois où ça dépasse l’entendement.

 

Tout a commencé par une facture de la Telecom.

Samedi, j’ai reçu une facture de téléphone terrible (vous savez, le coup de l’ordinateur). Mais vu que ça fait trois fois de suite que l’ordinateur se trompe et que les personnels au service de l’ordinateur sont devenus plus ignorants et aussi insensibles que lui, cette fois-ci, j’ai décidé que j’allais réclamer par écrit, avec un splendide message électronique de protestation et de demande de vérification. Ne nous rabat-on pas les oreilles du matin au soir à propos de la « communication facile » ?

 

Tout d’abord, il m’a fallu comprendre comment m’enregistrer… même mon technicien n’y arrivait pas… Au bout d’une demi journée, nous avons compris que l’ordinateur qui avait émis la facture n’en connaissait pas le numéro et qu’il préférait celui de la facture précédente. Ensuite, il a fallu jouer au détective pour essayer de découvrir où il fallait se plaindre. Peine perdue, il est bien plus facile d’acheter un service que de se plaindre. Pour finir,  après y avoir occupé une partie de mon dimanche, et vu qu’en plus il arrive assez souvent que les courriels ne soient pas lus ou s’égarent, j’ai décidé de passer à quelque chose de plus intéressant, renvoyant au lendemain ma décision de recourir au vieux système, une belle lettre recommandée à la Telecom...

 

Lundi, j'arrive au bureau avec toute la paperasse nécessaire pour faire ma lettre, au cas où je disposerais d’un petit moment. Mais pas moyen de mettre en marche mon PC. Tout le système reste obstinément silencieux et sans lumière. J’appelle mon technicien qui arrive assez vite, mais en le démontant, il fait je ne sais quelle erreur et son alimentateur décède sur le coup. Tout confus, il débranche le tout, prend le PC sous son bras et part avec. Par les temps qui courent, ce n’est pas facile de travailler sans connexion et sans PC. Ma lettre à la Telecom attendra.  

 

A midi quand j’arrive chez moi, il y une lettre dans ma boîte. C’est le gérant de l’immeuble qui veut plus des sous ! Je glisse la lettre dans ma poche, et je vais acheter le pain.  Quand je rentre, le facteur est passé et il y a une autre lettre dans ma boîte, celle de l’EDF locale. La facture est 40 % plus élevée que la normale ! Le repas terminé, tout le monde se met à étudier cette facture. D’une facture à l’autre, on ne s’ennuie vraiment pas! Pour finir, nous y découvrons une raison plausible, et nous sommes presque contents de payer plus cher! Au moins, il ne sera pas nécessaire d'aller affronter les esclaves de l’ordinateur. Ma lettre à la Telecom, je la ferai plus tard.

 

Comme je dispose d’une demi-heure, me voici en tête à tête avec mon PC personnel. Pourquoi ne pas commencer ma lettre à la Telecom ? Mais j’y trouve un message qui me demande de retourner, signés avec d’autres pièces, les documents que l’on m’envoie en « fichier joint ». Je les ouvre et essaie de les imprimer. Mon imprimante, pourtant relativement neuve et pourvue d'une cartouche à moitié pleine et en bon état, décide qu’elle ne les imprimera pas. Il ne me reste plus qu’à envoyer le tout au bureau, par poste électronique, où, heureusement, mon technicien a réparé mon PC. Ayant à faire tout ce que j’ai laissé en rade le matin, pas moyen de commencer ma lettre à la Telecom.

 

Mardi matin, je m’arrange pour me faire remplacer au bureau et je me rends dans le service publique qui devrait me fournir ce qu’on me demande. Rien à faire, je me retrouve face à un mur. Il faudra que je me débrouille autrement. Je finis par avoir une idée et j’ai presque envie d’embrasser les gens disponibles à qui j’ai affaire car on ne me fait même pas attendre au téléphone. (Voilà peut-être l’explication des effusions sans motifs de la part des gens qu’on ne connaît pas !). Je retrouve donc tout mon courage, et au bureau, après avoir réussi à imprimer les documents que je dois signer, je commence ma lettre à la Telecom (méchante, très méchante !).

 

Comme midi approche et que l’après-midi je ne dois pas retourner au bureau, j'enregistre mon brouillon sur une disquette, pensant continuer la lettre chez moi. Mais chez moi, la disquette refuse de s’ouvrir, elle prétend de moi que je la formate. Heureusement, je réussis à me faire envoyer ce brouillon du bureau. Je le laisse en attente et pars faire mes courses.  Quand je rentre, je m’installe finalement en paix devant mon ordinateur et j’attaque ma lettre à la Telecom. Je la fignole en y déballant avec élégance tous les griefs que je nourris contre eux depuis la nuit des temps. Elle prend une belle allure. Ça y est, cette fois-ci j’y suis! Elle est telle que je la veux!

Mais vais-je réussir à l’imprimer ? Et bien, je n’ai pas le temps de le savoir parce que mon PC s’éteint, tout à coup, et pas moyen de le faire repartir. Cette fois-ci, je suis hors de moi… Ce n’est pas possible, pas possible, pas possible ! Et mon technicien qui ne rentre que très tard !

 

Quand je réussis à me calmer et à m’en faire une raison, je me dis qu’après tout je pourrais peut-être faire cuire quelque chose pour le soir. Je vais à la cuisine, j’ouvre le robinet : PAS D’EAU !  Il n’y a pas d’eau !

Là, ça suffit, la mesure est comble ! Dans ces cas-là, il faut mettre un frein, arrêter de s’acharner. Je vais donc chercher le livre que j’ai en cours, je me sers une boisson fraîche, et je vais me caler dans mon fauteuil préféré, les pieds sur une table basse, et advienne que pourra!

 

Ce matin, mercredi, l’eau était de retour et j’ai finalement pu obtenir les papiers qui me servaient. Mon ordinateur personnel est toujours en panne, mais mon technicien y travaille dur. La journée ne s’annonçant pas trop mal, au bureau, dès que j’ai eu un petit moment, je me suis remise à ma lettre à la Telecom…. et j’ai même réussi à la terminer, à l’imprimer, à la signer et à la mettre dans une enveloppe.

 

Mais quand je suis rentrée à midi, il n’y avait plus d’eau ! A deux heures quand j’ai voulu prendre ma voiture pour aller à la poste, les portes ont refusé de s’ouvrir, et n’ont cédé que quand j’étais prête à aller chercher la deuxième clef. Quand je suis arrivée à la poste, sans encombre (quand on est sous une étoile de ce genre, il vaut mieux faire deux fois plus attention), et bien vous ne me croirez pas !!!!! Il n’y avait PLUS de formulaires pour envoyer les plis recommandés.

 

Alors là, j’ai explosé ! A la poste, il y a bien souvent des gens qui se fâchent, mais sur mon visage, il devait y avoir une telle expression que deux employées se sont mises à tout retourner jusqu’à ce qu’elles en trouvent UN, UN SEUL, qui avait glissé derrière une pile.

 

Je l’ai rempli avec lenteur et délectation, bien attentive à ne faire aucune erreur. Et, finalement, après quatre jours d’une lutte exténuante contre les éléments, ma lettre à la Telecom est partie!

 

D’ici qu’il y ait un tremblement de terre ou une tempête ! Je ne suis absolument pas superstitieuse, mais il y a vraiment des jours où…

Et puis, ma lettre à la Telecom, elle mérite bien une réponse positive! Vous ne croyez pas?

 


De toute façon, tout cela me fait penser à une discussion en cours sur CTC à propos du lambda-calcul et de la probabilité qu'un jour l'homme soit commandé par les machines. J'y ai déclaré que cela était impossible, que l'homme serait toujours supérieur à la machine.
Mais après cette belle série, je me demande tout à coup si ce n'est pas déjà le cas, si ce n'est pas déjà les machines qui rythment notre vie, notre stress et toutes actions qui en découlent, si l'agression que nous subissons continuellement tous les jours n'est pas déjà due aux machines? L'homme se déresponsabilise de plus en plus face à une machine qui fait son travail. Il n'est plus motivé, la machine l'empeche d'y mettre du sien.
Tout le monde ne s'est pas bagarré, comme moi, avec la Telecom, mais tout le monde a vécu des histoires semblables à la mienne, se heurtant jour après jour à des personnels commandés pas des machines. Si les choses marchent de moins en moins, c'est que les machines font déjà la loi, et non pas, comme le dit Raffarin, parce que "les Français (mais dans les autres pays, c'est pareil) n'aiment plus travailler."

Personne n'aime travailler dans ces conditions-là!

 

Ecrit par ImpasseSud, le Mercredi 24 Septembre 2003, 16:47 dans la rubrique "Bribes perso".

Commentaires et Mises à jour :

PierreDesiles
25-09-03 à 05:53

Quelle poisse !

On appelle ça la loi des séries, la poisse, la guigne, la grosse tête etc... mais le résultat est le même; rien ne va comme il se doit ,et tout ce qui parait simple devient subitement compliqué. Certains disent que l'on génére, par notre état intérieur, toutes ses "catastrophes", comprendra qui veut! En tous cas, tu as eu la totale! 

Bien des fois, j'ai connu des situations semblables où tout s'enchaînait, comme toi, dans des domaines différents et non liés. Chacun fera son analyse à ce sujet, car il n'y a pas de solution type.


 
sarah-k
25-09-03 à 07:26

Re: Quelle poisse !

 La loi de "l'emmerdement maximum" c'est bien comme terme aussi :-)))!
Je l'ai toujours dit :La seule chose qu'une machine peut faire toute seule, c'est rouiller! (révoltons nous contre les machines ou ordis récalcitrants).
Connais-tu Impasse, les lettres de Ernestine Chasseboeuf (celle au Ministre des enseignements est particulièrement savoureuse ainsi que celle au Directeur de chez LU)

 
ImpasseSud
25-09-03 à 14:45

Re: Quelle poisse !

Pierre, j’ai déjà entendu, moi aussi, ce genre de théories qui veut que la victime soit responsable de ce qui lui arrive. Ce n’est pas toujours exclu, mais je pense qu’il faut examiner ces concours de circonstances en détail, à chaque fois. Je suis du genre rationnelle et j’aime bien trouver des explications à tout.


Ici, dans mon cas, le genre d'ennuis que j’ai rencontré est on ne peut plus évocateur. Il met en évidence l’emprise de la machine sur l’homme. Théoriquement parlant, l’ensemble de ces problèmes peut disparaître du jour au lendemain si l’homme décide de reprendre sa vie en main. On peut corriger ou modifier les instructions données à un ordinateur, on peut fabriquer et vendre du matériel autre que conçu pour tomber en panne afin qu’il doive être racheté, et on peut redonner aux personnels un rôle plus important,  une part d’initiative, de décision, de responsabilité, remotivant ainsi leur travail par un regain d’intérêt.

Qu’un  système d’esclavage mental soit mis sciemment en place et orchestré par des hautes sphères que l’on peut accuser n’y change rien. Le fait est que nous sommes déjà, que nous en convenions ou non, les esclaves des machines.


Par contre, je mets sur le dos du hasard la simultanéité des problèmes sans rapports entre eux, et je ne vois pas d’autre solution que d’attendre le retour au calme… avant la prochaine tempête.


 
ImpasseSud
25-09-03 à 14:51

Re: Re: Quelle poisse !

Sarah, en qui concerne les machines, je ne suis pas loin d’être d’accord avec toi, même si elles nous rendent bien des services, et je ne supporte pas celles qui tombent en panne sans raisons ou parce qu’elles ont été programmées pour ça.

 

Je ne connaissais pas les lettres d’Ernestine Chasseboeuf (que je vais ajouter dans mes préférés :-)), mais c’est vrai qu’elles sont merveilleuses par leur simplicité, leur humour et leur bon sens. En les lisant, d’un côté je me suis réjouis comme je le fais toujours quand je "croise" ce type d'opinion, mais d’un autre, elles m’ont déprimé car il est sûr que leur unique fin est le panier. Pour qu’elles soient efficaces, il en faudrait des millions de ce genre et que les gens en finissent de se laisser prendre en main par un système qui les réduit à un esclavage aux apparances dorées.

 

Aujourd’hui, on est déjà bien au-delà de la condition d’esclave réservée à l’ouvrier et illustrée par Charlot dans « Les Temps Modernes », mais ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est que les gens ne s’en rendent pas compte ou font semblant de ne pas s’en rendre compte, heureux quand ils passent à travers les gouttes. Notre passage sur cette terre ne dure pas quelques heures, mais, de plus en plus souvent, 90 ans ! Alors pourquoi donner notre accord implicite à un système qui nous l’empoisonne ?


 
ImpasseSud
29-09-03 à 10:12

Re: Re: Re: Quelle poisse !

Et bien, je n'avais pas encore pas tout vu!!!
Il me manquait 24 heures de black-out total et sans eau!

Maintenant, je sais ce que c'est, et peut-etre en ferai-je un article. Si je ne le souhaite à personne, je pense cependant que ça ferait du bien à un tas de monde de vivre cette expérience un jour ou l'autre, afin de mieux comprendre la détresse des pays en guerre ou celle des pays pauvres.