Voilà trois jours qu’il pleut. Non pas de ces belles pluies méditerranéennes qui effraient par leur violence mais reverdissent les collines en quelques jours, mais des averses régulières, presque nordiques. Pas le miondre vent. La mer et le ciel se confondent en une grisaille uniforme où on ne distingue que les points noirs des quelques barques de pêcheurs. Cependant il ne fait pas encore frais. Au contraire, il suffit qu’un rayon de soleil pointe entre deux nuages pour qu’une atmosphère de sauna envahisse l’air et vous mette en eau. Bien sûr, demain ou après-demain, il fera encore beau et chaud, on devra encore clore les persiennes pour empêcher le soleil d’entrer dans les maisons, on pourra encore aller se baigner dans l’onde toujours aussi transparente, combler son propre regard avec les couleurs du paysage, plus limpides, plus intenses, car le voile de brume estivale se sera dissipé, on passera encore de longues heures nocturnes sur les balcons et les terrasses. Mais… les hirondelles sont déjà parties.
On n’entend plus leurs sifflements, haut dans le ciel, quand elles badinent avec la brise, dessinant des volutes de leurs corps fuselés dans l’azur profond. De leurs nids, sous mon toit, ne tombent plus ni brindilles ni terres ni plumes, plus rien. Dimanche dernier, sur la plage, alors que, pour reprendre notre souffle, nous étions assis sur la rive, les pieds léchés par l’écume de l’onde agitée, le corps caressé par les rayons encore chauds de septembre, nous avons vu arriver, du nord-est, un vol d’oiseaux migrateurs, des oies sauvages peut-être, qui se dirigeait vers l’Afrique en un parfait V. Il ne lui a pas fallu longtemps pour traverser notre espace visuel. Il était déjà au-dessus de la mer et avait donc évité les chasseurs de nouveau en plein massacre. Qui n’a pas vu ce genre de spectacle sur le petit écran ! Et pourtant, je me suis sentie émue face à ce mystère de la nature, à cette organisation parfaite qui permet à des oiseaux de savoir quand arrive le jour et l’heure de partir, mais aussi face à cette force qui leurs permet de faire battre leurs ailes pendant des milliers de kilomètres sans prendre de repos.
Tout cela ne se passe-t-il pas un peu trop tôt? L’hiver sera-t-il précoce ?
Mot-clef : Méditerranée
Commentaires et Mises à jour :
Re: L'albatros
Ce matin, pourtant, les fils éléctriques étaient remplis de ces petits oiseaux extraordinaires, prêts pour le départ.
Re: Re: L'albatros
Re: Re: Re: L'albatros
est-ce un signe?
Effectivement , la température a nettement baissé depuis deux jours.
le mystère de la nature...qui a encore tant à nous apprendre.....et que tu décris si bien...
Re: Re: Re: Re: L'albatros
Ce sera pour une autre année.... Ici, en matière de soleil, il n'y a pas à se faire de soucis :-)))
C'est bien d'observer les derniers signes de la nature, si fidèle dans ces traditions, comme ces oiseaux migrateurs qui se transmettent leurs savoirs. L'invasion de l'homme sur cette planète et surtout son développement anarchique a sûrement contribuer à désorganiser toute cette belle harmonie.
Anecdote: Il y a trois semaines, un Albatros est venu se poser sur une plage de la Réunion complètement épuisé de son changement inexpliqué de trajectoire. En effet, ils ne viennent jamais dans cette région tropicale. Il semblerait, d'après les scientifiques, qu'il soit venu de Nouvelle-Zélande à des milliers de Km de là. Il est actuellement en soins et serait prêt à être relâché...
En tout cas, ImpasseSud, merci pour cette carte postale de la plage où tu vas te promener...et aussi pour cette superbe photo d'oiseaux en delta!