Février est très froid cette année-là.
La neige tient au sol,
Dans les rues sans voitures et sur les trottoirs glissants.
C’est la guerre depuis des ans,
Et sa mère attend son cinquième enfant.
Non pas qu’elle l’ait désiré,
Mais de cela elle n’a jamais parlé.
Quatre étaient déjà bien assez.
Et puis tous ces mois dans la nausée,
Cramponnée à la table pour réussir à cuisiner…
Et tout à recommencer….
Et pourtant, elle n’a pas douté,
Et le médecin n’a pas osé lui en reparler.
La date approche, elle va bientôt accoucher.
Pas d’angoisses inconsidérées, elle est posée.
Et, malgré les difficultés, elle a déjà tout préparé,
Rafraîchi ce qu’elle avait conservé,
Un berceau, des langes immaculés,
Quelques brassières, des petits chaussons tricotés.
Qui aurait osé les jeter ?
Elle n’accouchera pas chez elle, cette fois c’est décidé,
Trop d’agitation, de désordre, et peu d’intimité.
Elle accouchera à la clinique de Madame C., sage-femme dévouée.
Elle n’a pas peur, car elle a toujours su écouter.
Poussez Madame… Ne poussez plus !
Le terme est là, et l’enfant pourrait naître en pleine nuit….
Le couvre-feu est là, qui à tout le monde nuit….
Alors, chaque soir, dès que tombe la nuit…
Sa petite valise à la main, elle s’en va en catimini,
Et à l'aube, le lendemain, elle revient sans bruit.
Un matin, cependant, ne la voyant pas rentrer,
Tout le monde a deviné.
Le 10 février à 23 heures, sa mère avait accouché,
Après quatre garçons, d’une petite fille douce et potelée.
Oui, c'est comme ça qu'elle est née....
Commentaires et Mises à jour :
J'aime beaucoup l'image et l'article lui-même suscite en moi des émotions nombreuses et contraires, entre angoisse et réjouissance. On se trouve sur ce fil ténu entre mort et vie, la lumière d'une naissance qui éclot timidement dans l'obscurité du monde environnant.
La vie qui continue là où les autres sont nombreuses à s'arrêter, m'émeut toujours ...
C'est un bel article, merci pour cette émotion ...
Songe