L’intensité des bruits est souvent un indice de la situation d’une région. Au nord, ils sont plus feutrés, au sud ils sont plus forts. Au nord les fenêtres sont souvent fermées, au sud elles sont ouvertes une bonne partie de l’année et elles n’hésitent pas à s’entrebâiller, même en plein hiver, dès qu’un rayon de soleil apporte un peu de chaleur. La généralisation veut qu’au nord on soit plus réservés (mais c’est loin d’être vrai), et qu’au sud on soit plus expansifs (ça, c’est un peu vrai). De toute façon il n’y a aucun mérite à cela car le grand régulateur, c’est le climat. Bien sûr le facteur éducatif, la notion de respect des autres entrent en ligne de compte… mais pas toujours. Parfois, le vernis (bon ou mauvais) s’écaille et la réalité apparaît au grand jour.
Dans ces contrées du sud réputées bruyantes, on peut cependant habiter un immeuble où les pas sont feutrés et les excès de bruits plutôt rares. Mais si on est en ville, et peu importe le quartier, on peut également avoir pour voisin d’en face un de ces immeubles miteux d’où s’échappe très souvent, sauf en pleine nuit et à l’heure de la sieste, de la musique à un volume très élevé. Au nord on ne l’accepterait pas, au sud, on essaie de le supporter. On s’en fait une raison, car ailleurs cela pourrait être pire. En plus, les plaintes ne servent à rien. Ce qui est drôle, cependant, c’est que c’est toujours du même appartement que la musique continue à sortir à haut volume, bien que les locataires changent. Va savoir si ce n’est pas une des obligations de leur contrat !
La dernière locataire est arrivée depuis peu, une mère de famille. C’est une petite boulotte, les cheveux filasse, perchée sur de hauts talons aiguille, toujours moulée dans les mêmes vêtements, genre vieille dame de Peynet mais en bien plus jeune. En outre, elle est d’une laideur … Elle passe une bonne partie de ses journées accoudée à son balcon, la cigarette à la bouche, regardant sans voir tout ce qui se passe dans les alentours, ne sortant que pour faire quelques courses au supermarché tout proche, son visage aux yeux bouffis enfoui sous un maquillage débordant.
Elle a un chat, noir, d’une grâce innée, d’une classe hors pair, d’un port d’une grande fierté. Un prince. Chez cet animal tout est élégance, son cou dressé, sa tête qu’il tourne doucement, les regards qu’il pose sur les choses, les sauts légers qu’il fait pour rejoindre les appuis de fenêtres, la position noble de sa queue. Le bruit de la musique ne l’atteint pas et il est libre d’aller à son gré. De temps à autre il caresse avec volupté les jambes de sa maîtresse qui lui rend son salut par un grattage de tête. Tout est harmonie entre ces deux êtres aussi dissemblables.
Hier, je la croise par hasard. Je me demande si je vais esquisser un salut, mais c’est elle qui m’arrête :
- Madame, excusez-moi, je voudrais vous poser une question.
- Je vous en prie.
- Est-ce que la musique vous dérange ? Parce que si elle vous dérange, je peux baisser le son.
Qui se ressemble s’assemble. La classe, ça ne s’invente pas, c’est inné.
Mot-clef : société
Commentaires et Mises à jour :
Evidemment, un post comme je les aime!
En te lisant,je voyais les images (en faire,un court-métrage, peut-être):-)))!
Re:
Quant au court-métrage, j'aurais vraiment besoin d'un/une assistant/e de première main :-)))
CHOUETTE
Ne pouvant pas le faire hier, cause tit problême de site, je profite de te dire que j'ai adoré ton article, si bien "vue"! Merci pour les jolies photos, dans le temps je possaidais un chat noir.
briget,si,si, c'est bien moi, en panne et qui ti fait joueb-bisous, car ici, c'est permis;)))!