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Restaurant pour anorexiques

C’est ce que se propose d’ouvrir une Berlinoise de 32 ans, Katja Eichbaum, elle-même ancienne anorexique pendant 15 ans. Aujourd’hui qu’elle s’en est sortie, - mais elle ne raconte pas comment - , elle a décidé de s’adresser à tous ceux qui ont le même problème, ne serait-ce que pour les aider à retrouver un rapport de confiance avec la nourriture, à réapprendre à manger dans la gaîté.


C’est pour le mois prochain, à Berlin, dans le quartier de Tiergaten, pour une clientèle d’anorexiques et leurs « reflets », les boulimiques. Au « Nostalgie », - ce sera son nom -, il y aura une capacité de 50 couverts, une serveuse boulimique et un chef anorexique qui a carrément effacé de la carte les ingrédients des plats qui s’appelleront « Ciao » à la place de soupe au homard, « Curiosité » à la place de tranche d’avocat avec des pointes de langouste, et « Ame » pour un gratin de rhubarbe avec de la crème à la vanille. Pour les boulimiques, afin de dédramatiser un vécu jamais satisfait, il y aura aussi « Une faim de loup » qui signifie côtelettes d’agneau. Tout ceci, pour éviter que les aliments ne se transforment en menace rien qu’en les prononçant, pour éliminer la lourde solennité du rite alimentaire. Une nutritionniste surveillera les menus et l’addition restera dans les normes : tous les plats à moins de 10 Euros.

« Je ne voulais plus entendre mes pensées, mon corps, moi-même. Désormais je veux vivre et rendre le désir de manger aux anorexiques. Ils doivent venir chez moi, pour essayer de retrouver le plaisir de la table. »

 

A Berlin, où ce ne sont pas les restaurants les plus bizarres qui manquent, « Nostalgie » pose quelques questions de plus, mais au fond pourquoi pas, surtout quand les thérapies normales ont fait faillite. Souhaitons donc que ça marche!

 

En Allemagne le nombre des anorexiques a triplé en dix ans. 5 millions de personnes environ ont des problèmes avec la nourriture et 3,5 millions d’entre elles sont dangereusement maigres. Des statistiques récentes parlent de 100.000 personnes, surtout des femmes, qui souffrent d’anorexie et de 600.000 qui souffrent de boulimie. Au Canada 200.000 personnes entre 14 et 40 souffrent des troubles du comportement alimentaire…  En Italie on parle de 3 millions de personnes entre 14 et 35 ans avec un problème d’anorexie, de boulimie ou un désordre alimentaire (soit 5% de la population) impliquant directement 7,5 millions de personnes, etc…

 

Ces chiffres sont loin d’être réjouissants, et dans nos pays occidentaux où les gens, super nourris et super obsédés par leur propre image, on parle beaucoup mais surtout on écrit beaucoup à propos des troubles de l’alimentation. Le refus de la nourriture comme refus du corps ou du monde qui est le nôtre ? Mais que faire quand ceux qui en sont affectés refusent d’en prendre conscience ?

 

Sources : La Repubblica, l’Enfer de l’anorexie, ABA, Caducee.net

 

Mot-clef :

Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 19 Octobre 2004, 14:12 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

sarah-k
19-10-04 à 14:29

Je me souviens

Je me souviens d'une copine au lycée, elle était si maigre..
Elle devait être hospitalisée, son poids ayant atteint la limite acceptable.
Je me souviens d'un après-midi chez moi, on rigolait et nous sommes allées dans la salle de bain pour se faire des couettes ,elle s'est regardée dans la glace a attrapé ses bourrelets imaginaires et a déclaré qu'elle était grosse et immonde......
C'est incroyable mais elle avait le rictus de quelqu'un qui en effet se trouve trop gros.
Je me suis toujours demandée si dans cette affection, il n'y avait pas une dimension hallucinatoire ????

 
ImpasseSud
19-10-04 à 15:37

Re: Je me souviens

Même quand leurs vêtements tombent, ils disent encore qu'ils se sentent boudinés et gênés dans leurs mouvements...

Dimension hallucinatoire? Je ne sais pas, mais quand ils restent sans manger pendant plusieurs jours, ils parlent d'une grande légèreté intérerieure, d'une perception des choses beaucoup plus claire.... Une conduite qui rejoint une forme d'ascétisme ? 


 
sarah-k
19-10-04 à 16:35

perception

Hallucinatoire est peut-être un mot un peu fort.
Ce qui m'a troublée en fait, c'est cette perception de soi vraiment très décalée et ce sentiment que l'on ne peut pas du tout aider l'autre.

 
ImpasseSud
19-10-04 à 17:13

Re: perception

Très juste! Ils perdent la notion de la réalité, nient leur état, refusent l'aide qu'on peut leur fournir, allant même jusqu'à prétendre que c'est nous qui avons besoin d'aide. Je ne voudrais pas généraliser et il est probable que les manifestations varient selon les cas et l'âge, mais pour ce que j'en sais le refus de la nourriture correspond à une sorte de leçon de supériorité qu'ils veulent donner à leur entourage.

 
racontars
19-10-04 à 21:54

découverte

En allant farfouiller dans mes stats, ce que je fais rarement, je suis tombée sur votre adresse. La page d'accueil est vraiment superbe. Et les deux trois articles lus me passionnent. Je suis enchantée de faire votre connaissance autant que je suis surprise de me découvrir dans vos liens. Merci :-)

 
racontars
19-10-04 à 21:59

Anorexie

J'ai été une enfant anorexique jusqu'à l'âge de 7 ans. J'ai eu une tendance boulimique que j'arrive à maîtriser. Une façon de dire non à ma mère, qui mettait un point d'honneur à être la mère parfaite, la mère nourricière. Une résistance.
Et puis une gestion très perturbée de l'affectif.
Mais ça on le comprend des années après.
Ce qui est certain c'est qu'avec mes enfants, je n'ai jamais établi de rapport de force par rapport à la nourriture.

 
sophie
20-10-04 à 10:26

Enfants et rapports de force

Ma mère était perpétuellement au régime et comme elle n'arrivait pas à les faire seule, subitement tous les trois mois, on passait par une phase : vous êtes tous gros allez tous au régime !

J'ai eu du mal avec mon image corporelle et la nourriture ! Maintenant je fais très attention avec Lolo, je ne la force jamais à manger et il n'y a jamais de scène quand elle ne finit pas ou reprend quelque chose. De plus, avec toute l'activité physique qu'elle a, je doute que l'obésité la menace.

En tous cas, je me souviens de la photo de sa fille dans le bureau de PPDA. Cet homme a certainement des défauts mais personne ne mérite de voir mourir sa fille.

 
ImpasseSud
20-10-04 à 12:58

Re: Anorexie

Merci d'être passée. En fait, j'aime beaucoup vos récits, votre regard sur les Antilles qu'hélas je ne connais pas... :-)

Pour en revenir au sujet de l'article, je ne crois pas (ici, il s'agit d'une opinion basée sur un cas que je connais bien) que la cause de l'anorexie se limite exclusivement à un contrexte de conflit familial, et encore moins qu'il s'agisse d'une réaction à un "gavage" durant l'enfance. Il me semble plutôt que ce type de maladie touche plus volontiers les personnalités orgueilleuses qui n'acceptent pas leurs faiblesses, leurs besoins, en un mot leur "humanité", et qui, à n'importe quel prix même celui de leur santé et parfois même de la mort, ne veulent absolument rien devoir au monde dont ils sont issus et qui les entoure, désirant au contraire être parfaits afin d'acquérir une sorte de pouvoir, de supériorité sur lui.
Car les parents ont toujours fait des erreurs, les situations familiales difficiles ont toujours existé, mais l'anorexie de masse est un phénomène récent qui correspond à une modification profonde de notre société, faite de laxismes dans l'éducation et dans l'enseignement, de perte des points de repères, de "sanctification" des "faux modèles", et surtout d'une grande insécurité en ce qui concerne l'avenir.
Aujourd'hui, il est très difficile de bien jouer son rôle, qu'on soit adolescent ou parent. Et quand l'anorexique (que personne n'a jamais forcé à manger) est un adulte...
D'un côté une société où on peut s'offir le luxe d'avoir un conflit avec la nourriture, de l'autre 800 millions de personnes qui meurent de faim.... N'y a-t-il pas là de quoi réfléchir?

 
ImpasseSud
20-10-04 à 13:23

Re: Enfants et rapports de force

Moi non plus je n'ai jamais forcé mes enfants à manger, et ma mère qui avait elle-même un très petit appétit ne l'a jamais fait non plus avec moi. Et pourtant, étant adolescente, moi aussi je me trouvais laide, quelconque. Je crois qu'à un moment ou à un autre tous les adolescents ont une mauvaise opinion de leur corps, quel que soit leur rapport avec leur famille.
Par contre, ma mère n'a jamais cuisiné deux ou trois plats différents comme c'est le cas aujourd'hui dans bien des familles, et elle concevait mal que je ne finisse pas mon assiette alors qu'elle n'y avait servi qu'une toute petite quantité.
A mon avis, il faut tenir compte du fait que nos parents et nos grands-parents ont connu la faim pendant la guerre, surtout s'ils habitaient dans les villes. Et je ne crois pas que ce soit quelque chose qu'on puisse oublier.

En ce qui concerne les repas sans scènes, alors là je suis tout à fait d'accord avec toi. Les repas tendus chassent bien plus les adolescents qu'un excès de nourriture.


A propos des mères excessives : il faut venir en Italie pour voir des mères de familles, mais plus souvent des grand-mères qui, l'assiette de pâtes dans une main et une fourchette dans l'autre, courent dans la rue après leurs enfants/petits-enfants dans l'espoir de leur enfourner une bouchée, alors que les petits en question sont déjà trop gras à force de manger des oeufs Kinder et autres délices de ce genre hors des repas....
Mais ce ne sont pas ces enfants-là qui souffrent ensuite d'anorexie.


 
Happy
21-10-04 à 11:40

Re: Re: Anorexie

Dès mon enfance, j'ai oscillé entre minceur et maigreur. Je me souviens de ces repas "interminables", aussi interminables que les bouchées "inavalables" qui stationnaient dans ma bouche. Je n'avais pas faim, et il fallait que ce soit vraiment bon pour que j'avale. Les repas étaient un calvaire.
Je ne suis pas sûr qu'il faille systématiquement mettre en question la personnalité de l'anorexique, ni même celle de ses parents, du moins comme fondement.
Pour ma part, j'ai eu un début de vie difficile, douloureux même (hernie opérée à vif, opération des végétations, et sans doute d'autres choses encore), qui ne m'a pas donné le goût de vivre.
Je pense qu'il y a au départ un "traumatisme", peut-être multiforme, qui est ensuite conforté, amplifié par le milieu familial et par l'attitude de défense de l'anorexique : il n'y a que ma grand-mère, grâce à sa prévenance et son amour inconditionnel, qui arrivait à me faire manger sans me contraindre : pour elle, je faisais un effort.
C'est une vaste question, et je ne crois pas qu'on puisse l'argumenter en en renvoyant la responsabilité de l'un à l'autre.
En y réfléchissant, je me demande s'il n'y aurait pas des points communs entre l'anorexie et l'autisme, deux formes de "retrait" sinon de refus : je n'ai pas été autiste, mais très, très solitaire et renfermé. ???
Quoi qu'il en soit, les traces en sont indélébiles.

 
ImpasseSud
21-10-04 à 14:26

Re: Re: Re: Anorexie

J'aime bien ton approche de la question, et du côté du traumatisme tu n'as peut-être pas tort.

Pour ma part, plutôt que de parler de responsabilités, je pense à des facteurs, à des traits de caractères communs chez les personnes qui en sont affectées. En ce qui concerne l'autisme, je n'ai aucune expérience, mais pour l'anorexie, je connais personnellement deux cas : le premier assez sérieux, l'autre un peu plus léger mais qui se représente de façon cyclique. Tous les deux n'arrivent pas à trouver un débouché "à leur mesure" à leur grande intelligence. Et c'est vraiment navrant.

 
Happy
21-10-04 à 16:19

Re: Re: Re: Re: Anorexie

Je crois qu'une véritable attention portée à la personne, une véritable volonté de l'écouter, même dans le silence, peut créer un peu de la confiance qui lui permette d'entrouvrir sa porte.
Une véritable attention, une vraie implication, et non pas la volonté de résoudre un "problème" ou pire de s'en débarrasser. Il faut vraiment congédier son moi, et être tout entier avec la personne, et accepter le temps qu'il faudra pour cheminer avec elle, la main dans la main.
C'est tout l'art d'apprivoiser, où le faux-semblant non seulement ruine tout espoir d'ouverture, mais ne fait que renforcer la personne dans on "retrait". 

 
ImpasseSud
21-10-04 à 17:06

Re: Re: Re: Re: Re: Anorexie

As-tu une expérience en la matière? Les choses ne sont pas exactement comme tu les décris. Si tu as un petit moment et que ça t'intéresse, va cliquer sur les liens que j'ai mis au bas de l'article.

 
Happy
21-10-04 à 17:45

Re: Re: Re: Re: Re: Re: Anorexie

Je vais les lire attentivement ; je les ai parcourus en vitesse ; dans l'un on parle de l'anorexie des femmes ; un autre a l'air plus médical.
Trouble de l'image du corps, je veux bien, mais je pense aussi qu'il existe une anorexie par refus de vivre, et pas du tout liée à l'image du corps, mais plutôt à l'image qu'on a de la vie. ?!

 
racontars
25-10-04 à 11:28

Re: Re: Anorexie

loin de moi l'idée d'en vouloir ou d'accuser ma pauvre maman qui, des deux, étaient sans doute la plus malheureuse de cette situation. A l'époque, il était difficile de ne pas s'angoisser sur les questions de nourriture.
Et puis il s'agissait d'une anorexie enfantine, sur laquelle je n'avais d'ailleurs pas mis de nom jusqu'à ce que je fasse une thérapie il y a de ça quelques années. c'est le psychiatre avec lequel je menais ce travail qui l'a appelé comme cela. Je trouvais d'ailleurs que c'était un bien grand mot...
Pour le reste, je vous suis tout à fait.

 
Cothy
14-04-06 à 17:49

Re: Re: Anorexie

Je pense que vous n'avez saisi qu'une seule partie de la maladie mentale qu'est l'anorexie...

Ce n'est pas qu'une question d'orgueil et de fierté ;

c'est au contraire un moyen d'occulter en surface (mais l'anorexique pense l'enlever complètement ) un profond mal-etre!

c'est un sentiment de jouissance car ils ont l'impression de maitriser les choses qui leur échappent en temps normal. Ce sont généralement des gens sensibles qui veulent juste se sentir bien ( et qui paradoxalement se font beaucoup de mal ) parce qu'ils ne sont pas du tout a l'aise avec leur corps (  ils ne s'aiment pas sur tous les plans : psychologique et physique mais cela se transcrit par le physique)

Les anorexiques ne sont donc pas des gens égoistes mais au contraire des gens faibles qui ont besoin d'acquérir une force sur le plan psychologique qu'ils trouvent dans la non-nutrition .

Ils ne se rendent pas compte qu'ils se mattent en danger et font du mal à leur entourage.