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Sans cela, ils ne se déplacent même plus

1915, les Italiens acclament les régiments qui parentt pour la guerreJe sais bien que je ne ne vais lancer aucun pavé dans la mare et que tout le monde s’en doute depuis longtemps. Et pourtant je n’arrive pas à m’en faire une raison. A chaque fois que j’en suis le témoin direct, je navigue entre colère et découragement. Décorer le parcours que suivra un homme politique important tient vraiment du Moyen-âge. Et pourtant la pratique résiste. Ici on passe sans ambages du saint local au politicar prédominant. Ailleurs, on a mis les saints au rancart, mais on les a remplacés par de si nombreux ersatz que le peuple, non seulement a son comptant de réjouissances, mais en plus, se croit plus libre et plus évolué. C’est donc ainsi que, depuis quelques jours….

 

… je regardais, franchement intriguée, ces ouvriers au contrat précaire, transformés pour l’occasion en jardiniers, en train de bêcher avec ardeur les terre-pleins qui bordent les accès du raccord de l'autoroute en provenance de l'aéroport. Vu que depuis début septembre il pleut presque tous les jours, il me semblait qu’il était un peu tard pour craindre les risques de diffusion d’incendie que ces hautes herbes folles pouvaient représenter. On les avait laissées tout l’été, sans s'en occuper ni s’en préoccuper. Alors, maintenant, que pouvait-il bien arriver ? Et ces vieux murs lézardés, aux grosses taches noires d'humidité, souillés par les résidus de publicité pirate ? Tout à coup, les voilà rutilant sous une énorme affiche où on peut voir et admirer les magnifiques photos des hauts lieux de la ville, noyées dans le bleu de la mer et le jaune du soleil, entre les statues grecques, les vestiges du château aragonais et la belle apparence des monuments restaurés. Au fond j’étais contente, ce quartier dégradé récupérait un peu de beauté, un peu de fierté, même si à vingt mètres de là...

 

Et puis tout à coup j’ai compris, on attendait M. Berlusconi et son vice-président M. Fini. Comme des enfants sages, ils ne se sont pas éloigné d’un seul pouce du parcours prescrit, survolé par des hélicoptères, précédé et suivi par la police et une colonne interminable de gyrophares clignotants, les rues parallèles bloquées par les agents de ville, la mer sillonnée incessamment, mitraillette pointée, par des vedettes et des hors-bord sur les dents du corps militaire désigné pour le maintien de l’ordre. Un véritable état de siège! Par peur du terrorisme ou bien des tomates, des oeufs pourris, de la contestation ? Pendant ce temps-là, on avait coincé la contre-manifestation à l’orée de la ville près du palais des sports, et pour les photos du bain de foule, on avait organisé des vols charter de supporteurs depuis le nord de l’Italie, de Venise, de Milan, de Bologne et même de Naples, de quoi remplir une quinzaine de cars.

 

Bien sûr, les gens d’ici n’allaient pas se bousculer pour une ovation. Ils n’ont sans doute rien compris à la promesse électorale qui parlait de la création d’un million d’emplois. Pas tous ici, bien entendu, mais où alors ? Car entre chômage, emplois de fonctionnaires (tant pis si en surnombre car, ici, après un siècle et demi de « flexibilité » on refuse désormais d’émigrer) et mafia, rien n'a changé à part le coût de la vie et les fins de mois plus difficiles. Alors peut-être qu’aujourd’hui ils ne sont pas contents. Peut-être qu’ils en ont assez du travail au noir au salaire miteux éternellement remis à plus tard et au compte-goutte, peut-être qu’ils sont las de l’obligation d'avoir recour aux coups de piston, las d'un Etat éternellement absent mais complice silencieux d'une pègre omniprésente, las d’attendre un logement, las des mensonges …. Las ou résignés? Résignés ou encore persuadés qu'ils peuvent soustraire quelques miettes sous la table des nantis ?

 

Mais cela, nos hommes politiques préfèrent ne pas le voir, ne pas le savoir. Ce qu’ils veulent exclusivement de nous, c’est une haie de supporteurs sur un parcours agréable …. et nos voix. Surtout quand il viennent vous vendre la corde pour vous pendre, vous anéantir... Sans ce paquet assuré, ils ne se déplacent même plus. C'est ainsi que protégés du peuple qu'ils gouvernent ou voudraient gouverner mais dont ils ont peur, ils n'ont même plus besoin de camoufler leur mépris. Pourquoi ? Chez vous, c'est différent ?

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 26 Septembre 2005, 18:29 dans la rubrique "Actualité".