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Vers un monde de McWorkers?

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais chez moi les JT répètent tous les jours, et même plusieurs fois pas jours, comme une litanie, que la reprise économique est proche, qu'elle est presque à nos portes. Sur quelle base? Parce qu'il paraît qu'aux USA ça marche fort, que l'économie des faillites à la chaîne et des licenciements en grand nombre est de l'histoire ancienne. Tout cela pour nous faire croire que chez nous, - l'Europe navigant dans les mêmes eaux -, la reprise ne devrait pas tarder. Mais cette reprise aux USA, est-elle réelle?

 

Pas d'après Naomie Klein, la fameuse écrivaine de "No logo". Aux Etat-Unis, les données du mois d'avril indiquent une reprise économique et la création de nouveaux emplois (chiffres que Bush est en train d'utiliser pour sa campagne électorale), et elles affichent un optimisme et une foi sans faille dans le libéralisme. Naomi Klein n'est pas de cet avis, et dans le quotidien anglais The Guardian, elle lance une dure attaque pour démasquer les aspects négatifs qui rattachent cette soi-disant reprise au scandale des tortures commises dans la prison d'Abou Ghraib en Iraq : "Plus de 82% des emplois créés en avril sont nés dans les entreprises de service, y compris les restaurants". Les employeurs, dans la majorité des cas, sont des agences de travail temporaire alors que durant l'année qui vient de s'écouler, l'industrie de la manufacture a éliminé 272.000 emplois. Cependant les nouveaux engagés ne sont pas tous des vendeurs de hamburgers ni des titulaires de CDD : "Avec 2 millions d'Américains derrière les barreaux, le nombre des gardiens de prison a augmenté à la verticale, passant de 270.317 en l'an 2.000 à 476.000 en 2002".(...) "Quand je vois Bush le pouce levé face à une telle misère économique, cela me rappelle quelques-unes de ces photos faites en Iraq par des soldats et qui ont circulé dans le monde entier" Naomi Klein voit un rapport entre la maigre croissance économique des USA et les "services" d'Abu Grhaib. Pour elle, ceux qui torturent sont des "McWorkers", des employés de McDonald's, comme la soldate Sabrina Barman, de Lorton, Virginie, ancienne employée de Papa John's Pizza. Le marché, tel que Bush le conçoit, a produit une séparation croissante entre une minorité restreinte de riches et une grande majorité de pauvres. Et c'est là, explique Mme Klein, qu'entre en jeu l'armée américaine qui est devenue une sorte de pont permettant d'accéder à des services spécifiques nécessaires pour monter dans l'échelle sociale : de l'argent pour payer des impôts en échange du service militaire. "Pour Lynndie England, la plus infâme des accusés d'Abu Ghraib, cela s'est passé exactement comme cela. Elle est entrée dans l'armée pour payer ses études. Sa collègue, Sabrina Barman, s'est engagée pour les mêmes raisons".

 

Est-ce vraiment le genre de reprise que l'on doit souhaiter? Une augmentation des emplois précaires et de l'effectif des forces de répression? J'espère bien que non. S'ils ne le sont pas "outre mesure", les riches ne m'ont jamais dérangé, tout simplement parce que nous ne naissons pas tous dans les mêmes conditions et que nous ne sommes pas tous pareils. Tout le monde n'a pas la même intelligence ni les mêmes capacités. Tout le monde n'a pas les moyens ou la possibilité de donner la meilleure formation à ses enfants. Et face à une même opportunité tout le monde n'en tire pas les mêmes profits, tout le monde ne réagit pas de la même façon... Un monde "égalitaire" n'est qu'une utopie parmi les plus stupides, mais est-ce une raison pour piétiner les plus faibles? "Outre mesure" est l'expression clef de la limite à ne pas franchir. "Outre mesure", c'est s'enrichir sur le dos des pauvres, des plus déshérités, des moins dotés, de ceux qui ont le moins de corde à leur arc, ou, encore pire, aucune possibilité de s'en sortir et besoin d'aide. "Outre mesure", c'est enfoncer encore plus ceux qui n'héritent que des horreurs et des souffrances de l'humanité, de ses maladies et de ses guerres. A entendre certains privilégiés d'aujourd'hui (qui ressemblent étrangement à des petits Bush), on devrait croire que les chômeurs et les RMIstes ne le sont que parce qu'ils trouvent leur situation confortable ou qu'ils sont incapables de s'en sortir. Certains chômeurs ont peut-être baissé les bras, mais ne l'ont-ils pas fait après s'être heurtés à un nombre infini de portes fermées par les riches et les multinationales qui délocalisent, licencient, prétendent la ductilité d'un esclave ou imposent des CDD si précaires qu'ils ne permettent aucun projets?

 

Personnellement, je suis tout à fait convaincue qu'une reprise économique est possible. Toutefois, notre système ayant désormais montré ses failles (et les plus grosses banqueroutes de l'histoire), il faut changer d'optique, revenir à l'utile et au nécessaire, au bon sens. Aujourd'hui, les services utiles qui tiennent une société sur pied et assurent des emplois qui, en plus de procurer des salaires, ont leurs raisons d'être et leurs parts de diginité (des transports à la recherche, du personnel des hôpitaux au gens du spectacle, etc...) sont discriminés par rapport aux services inutiles, comme tous ceux qui touchent la téléphonie par exemple avec son mailing, son marketing et ses contrats étrangleurs, et d'autres biens de consommation dont la seule fin est la consommation, pour le seul enrichissement des plus riches. A cela, il faut ajouter le crédit bancaire facile, les comptes en rouge ou les prêts qu'on offre à tout le monde à un taux usuraire. Et j'éviterai de parler du pétrole qu'il faut payer un peu plus cher chaque jour pour financer la guerre. Je ne suis pas une experte en économie, mais vider les poches des gens sans leur donner la possibilité de les remplir ne me semble pas exactement le meilleur moyen de leur permettre de faire des projets, de se construire une vie, et, par conséquent d'avoir une influence positive sur la reprise économique qui sera à son tour source d'emplois, l'ensemble faisant boule de neige en quelque sorte. Raisonnement simpliste? Peut-être, mais j'attends encore qu'on me prouve le contraire par autre chose que des discours fumeux et des données manipulées.

 

La reprise économique, je crois qu'elle se trouve dans un retour à l'essentiel, mais un essentiel pour tous. Des pays d'Amérique du Sud commencent déjà à le comprendre, comme l'Argentine par exemple. La remonte est dure et sans crédits bancaires, mais elle en vaut la peine et elle redonne goût à la vie et foi en l'avenir! Il ne reste donc plus qu'à espérer que nous le comprenions, nous aussi, avant qu'il ne soit trop tard...

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 24 Mai 2004, 14:13 dans la rubrique "Actualité".