Avant-hier, sur les côtes australiennes ont débarqués 18 immigrés clandestins, 14 Turcs et 4 Indonésiens. Le dernier débarquement remonte au mois d’août dernier, 430 personnes qui ont toutes été internées dans un camp. Cependant, même avec ces chiffres dérisoires par rapport à ce qui se passe en Europe, le gouvernement australien considère qu’il s’agit d’une question prioritaire, et la façon qu’il a trouvé pour la résoudre est pour le moins originale.
Pour faire face à ces débarquements, le chef du pouvoir exécutif, John Howard, a décidé d'« amputer » les frontières nationales de milliers d’îles. Grâce à cette mesure adoptée le 5 novembre mais rétroactive au 4 novembre à minuit, tous ceux qui aborderont les îles de la côte nord du pays ne pourront plus demander le droit d’asile, et l'Australie ne sera plus contrainte à appliquer les droits reconnus par l'ONU aux réfugiés. En juin dernier, trois mille îles avaient déjà été effacées des cartes géographiques afin d’empêcher la requête d’asile. De fortes polémiques avaient explosé au sein du Sénat australien et la décision avait même soulevé la fureur des organisations pour les droits humains.
Peut-être que cette belle (!?) initiative va donner des idées au cartel des 5 (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne et Italie) qui s’est réuni à La Baule les 19 et 20 octobre derniers pour signer un pacte de coopération renforcée afin de combattre l’immigration clandestine avec les même armes. Pourquoi ne pas « effacer » les îles méditerranéennes de Lampedusa, Linosa et Pantelleria du côté italien et la côte andalouse du côté espagnol, de façon à ce que, pour les barcasses qui tous les jours tentent la grande aventure depuis les côtes africaines avant que leurs passagers ne meurent de faim ou d’épuisement, l’Europe devienne « imaginaire », comme le pays de Peter Pan ?
Comparons ces deux données :
l’Union Européenne des 15 : 3.200.000 km2 environ, 376 millions d’habitants.
L’Australie : 7.700.000 km2 (14 fois la France), 18 millions d’habitants.
Si je comprends que l’émigration en masse vers une UE en pleine crise économique puisse effectivement représenter un problème, je me demande où est le problème dans un pays aussi vaste que l’Australie dont les habitants, de surcroît, sont tous des descendants d’immigrés ou de bagnards. Souffriraient-ils d'un problème de mémoire ?
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Mots-clefs : Immigration, Océanie, Union Européenne.
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