Ceux qui suivent cette histoire dès son début (1-2), y compris les mises à jour, sont déjà au courant de la bonne nouvelle. Sur les 9 opérateurs de l'hôpital d’Emergency à Lashkar-gah (province de Helmand) arrêtés arbitrairement le 10 avril dernier par les Services de sécurité afghans avec l’aide des soldats britanniques de la FIAS/OTAN sur la base de ce qui, dès le départ, ressemblait déjà à un coup monté, les 3 Italiens ont été libérés hier dans la journée, les rumeurs-accusations ayant été déclarées dénuées de fondement par le Conseil de sécurité afghan, et 5 des 6 opérateurs afghans ont également été remis en liberté quelques heures plus tard. Compte-tenu du fait qu'au cours de la semaine, 3 autres opérateurs avaient été arrêtés, il reste encore 4 opérateurs au secret, auxquels Emergency fournira des avocats, afin de leur garantir une défense équitable et le respect de leurs droits.
Ceux qui ont lu mon premier billet à propos de cette nouvelle crise, savent de quoi il s'agit. En Afghanistan, le 10 avril dernier, les services de sécurité, avec le concours des forces britanniques de l'OTAN, ont enlevé 9 opérateurs (dont 3 Italiens) de l'hôpital d'Emergency à Lashkar-gah, la capitale de la province de Helmand, et pris possession de la structure... sous le prétexte le plus ridicule qui soit. Pour l'Italie, il s'agit désormais d'une "affaire nationale" qui fait la une des médias, et, de vive voix ou dans l'intimité, il faut choisir son bord. "Io sto con Emergency", "moi, je suis avec Emergency", c'est le seul texte de l'appel que 300.000 personnes ont déjà signé pour faire pression sur un gouvernement .... indigne dès la première heure. C'est la raison pour laquelle Gino Strada, son fondateur en 1999, a jugé nécessaire de réaffirmer dans un grand quotidien le CREDO qu'il défend en Afghanistan et ailleurs depuis 1994. En voici la seconde partie.
La raison d’être d’Emergency, c’est de soigner les victimes de la guerre et de la pauvreté, quel que soit le camps dont elles proviennent et sans discrimination d’aucune sorte. Ses trois règles, qui ne tolèrent aucune exception, c’est que la qualité des soins soit équivalente à celle qu’on prodigue en Europe, et ceci gratuitement au nom des Droits de l’Homme ; l’interdiction de pénétrer dans ses locaux avec une arme quelconque ; et l’indépendance de toute ingérence politique quelle qu’elle soit. Une ONG médicale comme les autres, penseront certains. Eh bien non ! Ce qui fait la différencie, c’est son rôle actif de témoin contre toutes « les opérations de paix » qu’on invente pour faire la guerre, c’est son rôle de pionnier au nom des Droits de l’homme qui, pour ne citer qu’un exemple, l’a incitée à ouvrir, après ses nombreux centres dans le monde, un centre de chirurgie cardiaque hautement spécialisé au Soudan, en relation étroite avec les neufs pays limitrophes, et, pour finir, c’est le rôle de formation démocratique qu’elle joue en créant des pôles d’emplois, son personnel international, réduit au strict nécessaire, ayant l’obligation contractuelle de former du personnel local. Mais venons-en à l’Afghanistan où un des ses hôpitaux est de nouveau sur la ligne de tir et où trois de ses opérateurs italiens (un chirurgien, un infirmier et un technicien) ont été séquestrés par les services secrets de Karzaï avec le concours de la FIAS/ISAF, les forces de l'OTAN.
Tout a commencé il y a 13 ans, par un bouche à oreille qui a touché une famille après l’autre, un immeuble après l’autre, une rue après l’autre. Un beau soir, à Noceto, cette commune de 11.000 habitants aux portes de Parme, des centaines, de milliers de postes de télé se sont obscursis, se sont tus, comme pour répondre à la douleur d’une communauté. Un geste de colère, une révolte civique contre les émissions qui transmettent n'importe quoi et à n’importe quelle heure, sans se préoccuper des conséquences. A Noceto, il y a 13 ans, David, 12 ans, s’est pendu par jeu après avoir regardé l’exécution d’une peine capitale à la télévision. Face à un énorme sentiment d’impuissance, cette communauté a répondu immédiatement en prenant en main ses télécommandes pour effacer les modèles nuisibles et filtrer les images trop crues.
Nous sommes tous traversés, de temps en temps et sans aucune logique ni sollicitation, par un de ces élans-éclairs gratuits et chaleureux que, généralement, sans raison ou pour de multiples raisons, nous oublions presque immédiatement. Le seul fait de l’avoir eu, cependant, nous ragaillardit l’espace d’un instant, comme preuve, s’il en fallait, que tout au fond de nous-mêmes nous ne sommes pas encore aussi conditionnés que nous le pensions. Le plus surprenant, toutefois, c'est quand quelqu’un saisit son idée au vol et la réalise sur-le-champ et sans réfléchir, comme Madame Kathy par exemple. Voici son histoire :
Naplouse – A Naplouse, il y a des trous de projectiles partout, dans tous les murs. Les incursions de l’armée israélienne font partie de l’histoire récente, tout comme les blessures qui brûlent encore. Pas la moindre maison ou famille qui n’ait eu un ou deux morts au cours des derniers combats entre Israéliens et Palestiniens, et les innombrables affiches-faire-part avec les photos de ceux qui sont morts en combattant rappellent à tout instant, de façon obsessive et paroxystique, que la guerre et la mort sont passées par ici.
Ramallah – Les jeunes Iraniennes, Syriennes et Jordaniennes pleurent. Elles, elles ne peuvent pas entrer en Palestine, dernière étape de Follow the Women, le cortège de 250 femmes qui traverse le Proche-Orient à bicyclette pour manifester en faveur de la paix [voir le parcours, le programme, NdT]. Elles ne le peuvent pas parce qu’entrer en Palestine signifie passer la frontière d’Israël qui n’accepte aucun ressortissant d’Iran, de Syrie et de Jordanie. De leur côté, ces trois Etats nient les visas d’entrée aux Israéliens.
Amman – La première journée en Jordanie de Follow the Women, la manifestation en faveur de la paix de 250 femmes à bicyclette au Moyen-Orient [voir le parcours, le programme, NdT], commence mal. Du Liban voisin arrivent les nouvelles d’un pays dans le chaos, à la veille de la guerre civile (1). L’aéroport est fermé, la frontière avec
Damas – A la frontière entre
Damas – Rabia, un voile et un long survêtement rose. Elle est née dans le camp de réfugiés d'Al Hussaineh, mais sa famille vient d’Haïfa. Quand elle voit venir une cycliste palestinienne, elle lui prend les mains, lui demande des nouvelles de sa ville, elle veut savoir. Mais la cycliste ne peut pas l’aider, parce qu’à Haïfa, elle n’y est jamais allée. Alors les femmes pleurent toutes les deux, en silence, et elles s’embrassent.