Il s'agit d'un cauchemar quotidien. Le 14 octobre dernier, à 4 heures 30 du matin, des soldats israéliens ont fait irruption chez Anas Jawabra, un adolescent de 16 ans qui vit avec sa famille près d’Hébron. Arraché de son lit, bandé, attaché et jeté à l’arrière d’une jeep, il a été frappé à maintes reprises à coups de poings et à coups de pieds par les soldats. A Kfar Atzion, camp militaire de détention, Anas a été contraint, sous la menace, à confesser d’avoir lancé des pierres et des bouteilles Molotov. Rakan, un enfant de 12 ans, a été arrêté par les soldats à un poste de contrôle sur la route qui va de Bethlehem et Jéricho. Suite aux violences subies (tortures avec décharges électriques, violences sexuelles et isolement complet dans une cellule de 2,2 m pendant 12 jours), il a essayé quatre fois de se suicider.

Ces violences exercées par l’armée d’occupation sur les enfants palestiniens sont dénoncés par une ONG : Defense for Children International). Si ces faits s’étaient passés sein de l’UE, ils auraient provoqué un énorme scandale public. Mais dans les Territoires occupés de la Palestine, les histoires d’Anas et de Rakan sont des faits quotidiens qui ne surprennent plus personne. Depuis le début de la deuxième Intifada, il y a trois ans, plus de 2000 enfants palestiniens ont été arrêtés à l’école, dans la rue, aux postes de contrôles et durant des raids nocturnes. Le nombre des arrestations a augmenté d’une façon vertigineuse après Avril 2002 avec l’adoption de l’ordre militaire 1500, qui permet jusqu’à 18 jours de détention sans aucun accès à un représentant légal. Actuellement sur un total de 300/350 adolescents détenus, 30/35 sont en détention administrative : 6 mois de prison renouvelables, sous une accusation secrète. Mensonges, menaces, tortures physiques et psychologiques sont des pratiques habituelles durant les interrogatoires, pour obliger les adolescents à signer des confessions pré confectionnées en hébreu, pour eux incompréhensibles. Les condamnations sont très sévères : de 5 mois à 1 an de prison, rien que pour avoir lancé des pierres.

Les modalités de détention violent le droit international : coups, isolement prolongé, négations des droits élémentaires de base, de toute activité éducative ou récréative, et parfois de visites des avocats. Ceux de 16 ans sont considérés comme des adultes à part entières. Le surnombre et l’entassement exaspèrent les conditions déjà frustrantes. Les adolescents dorment à même le sol, tourmentés par les rats et les insectes. Quelquefois ils sont dans les mêmes cellules que les adultes. Les couvertures pour l’hiver sont insuffisantes et en été il n’y a aucune ventilation. Les rations de nourritures sont maigres et d’un niveau nutritionnel très bas. En juin dernier les trois-quarts des détenus du centre de détention de Salem ont été intoxiqués par de la nourriture avariée. L’administration carcérale a refusé, même dans ce cas-là, d’offrir la moindre traitement sanitaire, autorisant les détenus à aller aux toilettes seulement trois fois par jour.  

En plus, les restrictions de mouvements imposées aux Palestiniens par les blocages empêchent les familles de rendre visite à leurs enfants. Sans compter que la détention d’un adolescent peut signifier la perte d’une entrée économique substantielle pour le budget familial, qui en même temps voit ses dépenses augmenter afin de lui fournir une défense légale.

Les plus touchés par ces arrestations sont les autres enfants mineurs : imprégnés de haine et d’absence de sécurité, ils doivent subir la violation de l’ordre familial et l’impuissance de leur parents face à cette situation. La triste réalité, c’est que chawue soir, partout dans les Territoires occupées, une génération d’enfants Palestiniens va se coucher avec la terreur que le prochain coup frappé à la porte sera pour eux.

(Sources :Il Manifesto, DCI)

Mots-clefs : Question israélo-palestinienne