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Brésil : pourquoi n’en faisons-nous pas autant ?

Après avoir annuler des vols d’Air France, de British Airways et d’Aero Mexico vers les villes américaines, après avoir requis des shérifs armés à bord des avions vers leur pays, depuis le 5 janvier les Etats-Unis fichent tous les étrangers qui entrent chez eux (photo + empreintes digitales), sauf les personnes en possession d’un visa touristique (90 jours max.) ressortissants de 27 pays (parmi lesquels l’Australie, le Canada, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la majeure partie des pays de l’UE).

 

Alors que dire des persécutions spécifiques exercées par Washington contre le personnel navigant français (pas de souche et peut-être musulman !!!!) d’Air France ? Concrètement, il s’agit de 324 personnes de nationalité française mais née en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Libye, au Liban, en Syrie, en Iraq, en Iran, en Indonésie et en Egypte, qui travaillent régulièrement depuis de nombreuses années sur les vols vers les Etats-Unis, tous en possession d’un visa professionnel b, ce qui sous-entend qu’une sérieuse enquête a déjà été faite à leur sujet. Désormais, dès qu’elle débarquera dans un aéroport américain, cette catégorie de personnel devra suivre un circuit spécifique, avec un interrogatoire personnel par les membres du TAS (Transportation Sercurity Service. On pourra également l'obliger à prendre des moyens de transport « séparé » des autres membres de l’équipage français, « plus Français » qu’eux (sic).

Air France affirme qu’elle « a protesté de manière officielle auprès des autorités des Etats-Unis », mais en attendant, elle a envoyé une lettre au personnel concerné qui les informe de « manière préventive » de ces nouvelles mesures restrictives. Bref, à moins que je ne sois pas au courant, il ne me semble pas que la France ait pris des mesures pour répondre à cette nouvelle provocation.

 

Les choses se sont passées bien différemment au Brésil. Face à cette dernière mesure des Etats-Unis, un juge fédéral d’une région isolée du Mato Grosso, Julier Sebastiao de Silva a décrété qu’à tous ses postes de frontières, ports et aéroports, le Brésil prendra vis-à-vis des citoyens des Etats-Unis les mêmes mesures que ceux-ci ont adoptées contre, entre autres, les Brésiliens, pour raison de sécurité et de guerre contre le terrorisme. Et il n’a pas mâché ses mots : « Je considère qu’il s’agit d’une action absolument brutale, qui menace les droits humains, viole la dignité humaine, est xénophobe et digne des pires horreurs perpétrés par les nazis. »

Dès que la police de frontière brésilienne a commencé à exécuter l’ordonnance judiciaire, le Département d’Etat des Etats-Unis (ministère des Affaires étrangères) a immédiatement envoyé une protestation diplomatique, et s’est exprimé en ces termes rapportés par le New York Times : « Nous déplorons la façon dont, à l’improviste, ont été promulguées les nouvelles procédures qui parmi tous les visiteurs sélectionnent les citoyens des USA pour un traitement d’exception », ajoutant ensuite que la procédure brésilienne implique des retards allant jusqu’à 9 heures, alors que celle des Etats-Unis ne requiert que « quelques secondes » : affirmation démentie par les nombreux touristes soumis au fichage depuis le 5 janvier, selon lesquels l’attente est beaucoup plus longue. A cette mesure, le Brésil a ajouté le fichage de tous les membres du personnel diplomatique des Etats-Unis, alors que le personnel diplomatique brésilien aux Etats-Unis n’est pas fiché.

Au Brésil, la sentence du juge brésilien a obtenu un large consensus populaire, mais il a alarmé les opérateurs touristiques car chaque année Rio est visitée par près de 600.000 gringos. De toute façon, cette mesure restera en vigueur au moins jusqu’au 10 février prochain.

 

La mesure de contrôle des USA a également été repoussée par la Thaïlande, la Suède, le Portugal et l’Afrique du Sud.

 

Bref, je ne comprends pas pourquoi tous les pays n’ont pas réagi immédiatement de la même façon que le Brésil. Par peur des rétorsions économiques ? Le Brésil n’a-t-il pas beaucoup à perdre ? Pourquoi tant de servilisme ? Vu qu’elle accepte sans mot dire toutes les vexations,  pourquoi la France n’a-t-elle pas suivi les USA en Iraq comme un brave petit soldat ? Les USA ne continuent-ils pas à « maltraiter » même les pays les plus serviles ? Jusqu’à quand faudra-t-il continuer à être sous leur botte et à subir leur arrogance ?

(Sources : Il Manifesto 1 + 2)

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Ecrit par ImpasseSud, le Jeudi 15 Janvier 2004, 17:15 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

ImpasseSud
15-01-04 à 18:41

Au Brésil ça continue

Hier, la guerre s’est échauffée avec l’arrestation à l’aéroport internationale de Guarulhos à Sao Paolo du commandant d’un vol de l’American Airlines en provenance de Miami. Le commandant Dale Robbin Hersh a réagi en faisant un geste obscène au moment où la Police Fédérale Brésilienne l’a pris en photo. Mr. Hersh a été arrêté et actuellement, il est détenu dans les bureaux de la PF de Guarulhos, sous l'accusation de ne pas avoir respecté une disposition de la justice brésilienne. La peine prévue est de 6 mois à un an de prison, peine que le commandant ne fera certainement pas car le consul des USA à Sao Paolo a déjà pris les choses en main et que Lula ne voudra pas arriver à la crise diplomatique avec Washington pour ce genre d'incident. Quant aux onze autres membres de l’équipages, ils ont également refusé les contrôles et ils n’ont pas eu l’autorisation d’entrer au Brésil. Ils n’ont plus qu’à attendre le prochain avion pour rentrer chez eux.

Pas drôle tout ça ?

Que fait la France de son côté? Ses consulats à New-York et Washington sont-ils en train des s'agiter pour le personnel persécuté d'Air France, ou bien est-ce que ce même personnel devra finir par s'arranger comme il peut?

 

Pendant qu'au Brésil la petite guerre des empreintes continue, les journaux titrent en grosse lettre la faillite des prétentions de Bush au récent Sommet des Amériques à Monterrey, grâce au Brésil de Lula : « Le blocage conduit par le Brésil contraint les USA à céder » écrivait O Globo ; « Le Brésil unit les pays latins et contraint les USA à une volte-face diplomatique », faisait echo le Jornal do Brasil.

(Sources : Il Manifesto)


Est-ce que l’estocade à l’arrogance est en train d’arriver de l’Amérique Latine ? Le Brésil de Lula semble avoir la dent plus dure que celui de ses prédécesseurs. Le premier coup a été infligé cet été à Cancun, mais voilà le second coup.