Cette année, à la fin de l'hiver, une portion d'autoroute qui traverse les Apennins a été paralysée pendant plusieurs heures par une forte chute de neige. Une association d'usagers, qui s'est constituée pour l'occasion, a dénoncé la société gérante, prétendant des dommages et intérêts car celle-ci ne les avait pas avisés à l'avance. Les gens ont fini par obtenir le remboursement de leurs billets. Quelques semaines plus tard, tous les services météo radio et TV avaient annoncé un week-end pluvieux. Celui-ci ayant été des plus ensoleillés, le lundi, les hôteliers se sont plaints, accusant les services de la météo d'empêcher les gens de partir. Il m'est arrivé si souvent de partir au ski et de ne pas toujours tomber sur le temps annoncé, mais il ne m'est jamais venu à l'esprit d'intenter un procès aux services météo. Et que de bons souvenirs rattachés aux imprévus!

Malgré toutes les affirmations récentes, il est évident qu'à long terme, la météorologie n'est pas encore une science exacte. Dans les régions accidentées, le temps peut être différent à vingt kilomètres de distance, pour une question de courants ascendants ou descendants qui changent d'orientation au moindre obstacle, à cause de la configuration ou de l'exposition d'une vallée ou d'un sommet. Et cela, il suffit d'être un tant soit peu observateur pour le savoir, pour le comprendre. Une observation au long cours permet également de repérer quelle est la région géographique - pratiquement toujours la même -, d'où les humeurs du temps nous arrivent. Il pleuvait hier à Paris? Le lendemain les nuages arrivent aux Alpes, et il vaut mieux ne pas projeter de faire la Vallée Blanche à Chamonix deux jours plus tard. La couleur du ciel, la limpidité de l'air, l'aspect des nuages, la direction du vent, l'intensité des bruits habituels sont des indices qui ne trompent pas. Mais les gens savent-ils encore observer, sont-ils encore sensibles à ces signes-là, signes qui sont à la portée de tous et n'ont absolument pas changé? Il semble que non, vu que la Météo est désormais au Top 10, que les gens, déçus par les approximations des services radio et TV, se connectent aux services de météo sur Internet même durant leurs heures de travail, et que Météo France, sentant probablement le filon, a décidé de mettre en vente ses services. Sans parler du boom des ventes des stations météo personnelles.

Dans cette période de profonde incertitude, les gens ne savent vraiment plus à quoi se raccrocher, et voilà qu'une fois de plus ils se jettent sur un service de marketing, sur de la consommation. Un service payant n'est plus un service, c'est tout d'abord une affaire. Et quand on connaît la versatilité du temps, il ne me semble pas que l'affaire soit bien bonne pour l'acheteur. La météo a une influence sur les humeurs? Il me semble qu'on a toujours su que le temps et le climat ont un impact énorme sur l'être humain.

Et pourtant, comment peut-on oublier ce fait indéniable : prévu ou pas, annoncé ou pas, le temps ne changera pas pour nous faire plaisir. A part Israël qui a appris à faire pleuvoir sur ses cultures, ailleurs, le temps est ce qu'il est, et il n'est pas dit qu'un week-end pluvieux alors qu'on l'avait annoncé ensoleillé soit un mauvais week-end et vice-versa. Et, une chute de neige, est-elle si imprévisible que cela quand on est en hiver, que le ciel est nuageux et qu'il fait zéro? L'important, c'est de prévoir les effets du temps et les catrastrophes possibles, telles que les cyclones par exemple. L'important, c'est de ne pas ignorer la nature et les forces qu'elle est capable de déchaîner. L'important, c'est de ne pas se mettre volontairement en travers de son chemin en croyant la dompter. Si les gens l'avaient compris, l'année dernière, la canicule, qui était le première de ce siècle mais pas des précédents, aurait certainement fait moins de morts.

Alors au lieu de stresser en écoutant les bulletins météo, croyant dompter le temps, levons le nez de temps en temps et écoutons la nature. La vie serait d'un ennui mortel si on pouvait tout prévoir.

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