La majeure partie des gens qui, à partir d’aujourd’hui, 13 août 2004, « vivront » les Jeux Olympiques d’Athènes, savent-ils encore quel était le désir du Pierre de Coubertin quand, après 1505 années d’interruption*, il les remit à l’honneur ? Verront-il autre chose qu’un spectacle télévisé, varié et fascinant, utile seulement à revitaliser les tristes programmes estivaux des nations évoluées du nord du monde ? Les Jeux Olympiques ne sont pas pour tout le monde. Un grand nombre de nations pauvres, dépourvues non seulement de postes de télévision, mais surtout d’électricité, ne les verront pas, et plusieurs milliers de populations, encore aujourd’hui, ne savent même pas qu’ils existent.
Nous croyons trop souvent que tout ce qui améliore notre vie et la rend agréable (et le message des Jeux Olympiques en fait partie) est une conquête qui touche tout le monde. Il n’en est rien. Quand en 1996, durant les jeux d’Atlanta (arrachés sous la pression de Coca-Cola à Athènes qui aurait dû en fêter le centenaire), dans le village de
A la fin du XIXe siècle, les Olympiades modernes sont nées non seulement pour essayer de récupérer un esprit de fraternité entre les peuples, mais aussi dans un but de rachat humain. C’est pour cela qu’ils devaient être libres de tout lien politique. En réalité, ils ne l’ont jamais été. Les gouvernements, - les dictatures, c’est évident, mais aussi ceux qui usent et abusent continuellement du mot « démocratie » -, ont toujours tenté de les utiliser à des fins stratégiques. Avant, toutes les hypocrisies imposées aux athlètes (du faux dilettantisme à la couverture de la pratique du doping) l’étaient pour des raisons de patriotisme. Aujourd’hui, tout ce passe au nom du marché, des sponsors qui peuvent créer ou détruire une carrière : « Ce qui nous intéresse, ce sont les médailles d’or », a tonné un haut dirigeant du comité olympique italien dans une réunion où on parlait de la possibilité, pour l’équipe nationale de gymnastique rythmique, d’obtenir, à Athènes, une cinquième ou une sixième place très respectable. « Un tel placement ne paie pas. Il n’intéresse pas ceux qui nous subventionnent ! » Au sein de l’équipe grecque, une médaille d’or sera récompensée par 190.000 Euros, contre 15.000 Euros seulement pour les athlètes chinois.
Entre 11 septembre et Intifada, même si les jeux actuels voient la participation, pour la première fois de Timor Est et de l’île de Kiribati, la réapparition de l’Afghanistan, la présence de l’Iraq et de
De toute façon, l’important, n’est-il pas de "participer" ?!? Le Baron de Coubertin doit être en train de se retourner dans sa tombe. Ce soir, je ne sais pas si je réussirai à apprécier les splendeurs de la cérémonie d’ouverture. En fait, je me demande même si je la regarderai.
*Les premiers jeux eurent lieu en 776 av. JC., puis tous les quatre ans, jusqu’en 391 ap. JC, où l’empereur Théodose Ier les abolit parce que trop emprunts de rites païens contraires à la religion catholique.
Sources : Il Manifesto
Commentaires et Mises à jour :
Lien croisé