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Environnement : Un beau miroir aux alouettes

Cette fois-ci ça s’est passé au sud-ouest de l’Alaska, dans les Iles Aléoutiennes, et c’est probablement pour ça que vous n’en avez pas entendu parler. Après être resté deux jours en avarie, jeudi dernier un navire pétrolier malais, le Selendang Ayu, s’est brisé en deux après avoir heurté une des îles, déversant ses 2300 tonnes de fioul lourd dans la mer en tempête. Nous sommes loin des 10.000 tonnes déversées par l’Erika sur les côtes bretonnes en 1999, des 60.000 tonnes du Prestige (2002) sur le Finistère espagnol, des 230.000 tonnes de l’Amoco Cadiz (1978), des 123.000 tonnes du Torrey-Canyon (1967), des 40.000 tonnes de l’Exxon Valdez (1989), des 84.000 tonnes du Braer (Iles Shetlands, 1993), des 500.000 tonnes répandues dans le Golfe du Mexique (1979) suite à l'explosion d'un puits, et des 800.000 tonnes déversées dans le Golfe Persique en 1991 durant la première Guerre du Golfe, etc… Qui a pollué le plus se demanderont certains naïfs? Il paraîtrait que la pollution n’est pas proportionnelle à la quantité de pétrole brut déversée mais plutôt à la qualité et à la viscosité du fioul lourd, des résidus pétroliers, etc... (voir ce dossier). Peu importe de toute façon. La seule question valable est de savoir jusqu’à quand nous sommes décidés à supporter la destruction des mers et des plages de notre seule et unique planète.

 

Les mieux informés sur la question diront que, justement, suite aux deux dernières catastrophes « européennes », l’Union Européenne et l’Organisation maritime Internationale (IMO) ont décrété la mise au ban des navires pétroliers à simple coque, (plus susceptibles de déverser leurs chargements dans la mer en cas d’accident, les pétroliers modernes ayant tous une double coque), et ceci à partir de 2005. Cela signifie que dès le 1er janvier prochain, un grand nombre de navires pétroliers devra être démoli. Mais où ? C’est ce qu’a bien mis en évidence le récent rapport dressé par Greenpeace. S’agirait-il d’une loi votée à la légère, pour calmer/rassurer l’opinion publique ? Il semble bien que oui.

 

Tout d’abord, en Europe il n’existe aucune donnée officielle ou même précise sur le nombre des navires qui devront être démantelés, mais seulement de vagues estimations. Les activistes de Greenpeace ont constaté qu’en Europe il n’existe aucun registre officiel des navires immatriculés, et qu’entre les chiffres proposés ici et là à propos des navires pétroliers à simple coque il y a de grandes différences, probablement dues à l’absence de transparence dont l’industrie navale est spécialiste. Ils font les prévisions suivantes : en l’espace de 5 ans, plus de 2.000 navires devront être mis à sec et démolis. 1.119 vieux navires pétroliers qui auraient déjà dues être détruits depuis longtemps devront l’être d’ici la fin de 2005. Parmi eux 29% sont sous la responsabilité de l’Union européenne élargie (y compris la Norvège et la Suisse), soit 334 vieux rafiots. Greeenpeace se demande comment l’UE pense pouvoir faire face à cette obligation s’il n’existe aucun organisme en mesure d'identifier avec précision les pétroliers concernés et contrôler que les normes de démolitions soient respectées.

 

En plus, les navires pétroliers contiennent des résidus toxiques, de l’amiante et des composés chimiques comme le TBT (tributyl tin). Dans les pays industrialisés, les travailleurs qui entrent en contact avec ces substances ont l'obligation de se protéger les yeux, la peau et les voies respiratoires. Dans le cas présent, il s’agit d’une affaire très complexe, coûteuse, toxique pour ceux qui l’exécutent, et polluante. Et c’est bien là la question : « Où iront mourir ces navires pétroliers ? »

Aujourd’hui, le démantèlement des navires (y compris les pétroliers) est un travail réservé aux « pays pauvres ». En Inde, au Bengladesh, au Pakistan mais aussi en Turquie, des plages entières sont devenues de véritables « cimetières » où les carcasses des navires sont sectionnées par des travailleurs armés uniquement de scies et de chalumeaux, et démontées pour récupérer les métaux recyclables, pièces et machines. Ceux qui ont vu ces chantiers les ont décrits comme des cercles dantesques de taches d’huile, de barils qui perdent, de venins noirâtres et de tôles rouillées. Ces quatre pays plus la Chine « liquident » aujourd’hui 90% des navires des pays industrialisés (l’Inde ayant la plus grosse part, 60 %, mais le Pakistan et le Bengladesh s’attribuant les plus gros), et les standards de sécurité sont minimes ou inexistants.

 

Il semble donc bien, comme le dit Greeenpeace, qu’envoyer de vieux pétroliers à la démolition dans des pays en voie de développement soit « une façon bien déguisée d’exporter des déchets toxiques ». Le commerce des déchets toxiques est interdit par la Convention de Bâle signée par 163 pays qui ont décrété en octobre dernier qu’un navire pour la démolition est, à tous les effets, un déchet toxique couvert par la Convention.

(Sources : Il Manifesto) 


L’UE a-t-elle donc l’intention de continuer à protéger ses propres plages (pensez-y la prochaine fois que vous irez jouir des plages et de la mer) en exportant « illégalement » son problème, et choisissant, par exemple, l’Afrique après l’Asie ? Selon Greenpeace, ce risque existe. 


Voilà donc une belle loi de plus, adoptée en vitesse et à la légère.... donc pratiquement inapplicable : un beau miroir aux alouettes!

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 13 Décembre 2004, 13:19 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Jenny
13-12-04 à 14:28

J'ai vraiment mal au coeur quand je vois ce qu'on fait subir à la nature (et à nous-mêmes) au nom de la sacro-sainte économie.

Comment se fait-il qu'il n'existe pas de contrôles plus stricts des bateaux-poubelles en tous genres ?

Je n'avais pas pensé au problème du recyclage de ces pétroliers. J'étais loin de me douter, ceci dit, de la présence de tant de matières toxiques dans ces navires.

Je suis très pessimiste sur l'avenir de la planète et je me sens tellement impuissante face aux intérêts privés et/ou nationaux en jeu.

J'ai entendu un jour quelqu'un comparer les êtres humains à une espèce de bactérie qui est morte de n'avoir pu gérer ses propres déchets : en l'occurence, cette bactérie produisait de l'oxygène et c'est l'oxygène qui l'a tuée.

Mais nous, nous pourrions trouver des solutions, si nous le voulions et si nous étions capable de voir plus loin que notre "durée de vie" à nous et penser aux suivants.

 
ImpasseSud
13-12-04 à 15:28

Re: Penser aux suivants ?

Moi aussi je suis pessimiste car malgré les appels et les campagnes répétés des écologistes et annexes, il semble que le futur de la planète n'intéresse absolument pas le capitalisme au pouvoir qui ne pense qu'à rafler tout ce qu'il peut au moindre coût, se moquant éperdument de l'environnement, de la flore, de la faune et même du genre humain en général.

Des solutions, il y en a plein. Par exemple est-il compréhensible qu'en Italie (alors que certains pays du Nord ont adopté l'énergie solaire dans une mesure non négligeable) on ait besoin de fioul, de métane ou de l'électricité "nucléaire" française, alors que le soleil est presque toujours là? Contrairement au soleil et au vent, le pétrole et le nucléaire sont des choix commerciaux qui rapportent, et peu importe l'effet nocif des déchets à propos desquels on n'est pas à un mensonge près.

Il m'arrive de me demander si les films de science-fiction, sombres, ternes, uniformes (c'est pour cela que je ne les aime pas), n'annoncent pas la réalité que vivront nos petit-enfants.


 
Incognito
26-07-05 à 16:35

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Incognito
06-05-06 à 12:56

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