Alors que le 8 mai prochain (le 9 mai à Moscou) de nombreuses pays et villes fêteront le soixantième anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale et la chute du nazisme, en Estonie (pays membre de l’UE à 25), on inaugurera, en présence du premier ministre Andrius Ansip, un grand monument en l’honneur des héros locaux, c’est-à-dire des milliers d’Estoniens qui combattirent en 1944-45 dans les files de la Wehrmacht, mais surtout dans celles des SS dont la 20^ème division (comprenant exclusivement des Estoniens) portait même le nom de « Légion estonienne ». La « version officielle » de Tallinn (on aime ça un peu partout) soutient que la Légion estonienne n’a pas combattu pour le Troisième Reich, mais seulement pour libérer l’Estonie des conquérants soviétiques.

(Sources : Il Manifesto)

Je n’en sais pas assez pour rétorquer, et je veux bien que les pays Baltes, sous le joug féroce de l’URSS pendant plus de 50 ans, aient de mauvais souvenirs de l’Armée Rouge. Cependant, ce n’est pas la guerre qui les a mis sous sa botte, mais bien un accord de non agression entre l’Allemagne et l’URSS, signé en août 1939, avec une répartion des zones d’influences bien définie. Je peux comprendre, également, que, poussés par l'urgence et peut-être par le désespoir, les Estoniens aient choisi le parti de ce qui leur semblait le moindre mal, mais il me semble qu'il y avait une certaine différence entre la Wehrmacht et les SS.

A chacun ses versions officielles, et vu que l’Union Européenne n’a rien à objecter... En attendant, je comprends qu’on abandonne de plus en plus l’enseignement de l’Histoire, car quand il faudra expliquer aux nouvelles générations de l'UE qu’en 1944-45 les Allemands, dans certains de ses pays-membres, n’étaient pas vus comme les "méchants" car ils y avait des "bons" qui étaient plus méchants qu'eux... L'entrée des Soviétiques dans Berlin dont aujourd'hui seulement on révèle l'immense cruauté envers les civils, n'a-t-elle pas de quoi élucider le choix des Estoniens?

La guerre n'est qu'une suite d'horreurs monstrueuses, mais cessera-t-on un jour de la justifier et de lui rendre honneur ? Pour se tenir chaud au coeur ou pour se donner du courage pour la prochaine ? La mémoire, comme le démontre cette histoire, est parfois bien sélective.

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