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Un dimanche parfait

Détroit de MessineHier matin, dès mon premier regard vers la mer, j'ai su immédiatement que la journée serait festive. Et pourtant aucun anniversaire, aucune manifestation, aucune régate n’étaient prévus. Le soleil tirant vers l’hiver mais encore chaud, presque rasant, était au rendez-vous, exaltant les couleurs des nombreuses barques qui, de façon surprenante, étaient sorties en mer. L’été a été ingrat, on ne peut pas le nier, mais hier tout était limpide, rieur, animé, la mer délicieusement douce, le ciel plein de tendresse. Même le vent avait tourné, caressant d’un air piquant les bras encore nus, les voiles, les arbres toujours verts. Ce dimanche serait beau pour tout le monde.

Ici, sans doute à cause du climat, tout se fait le matin, les rendez-vous, les promenades, le farniente et les baignades à la plage, les leçons à l’école, les démarches auprès des administrations publiques, etc… Nous sommes donc sortis le plus tôt possible. Tout d’abord pour aller voter : des élections primaires pour désigner le candidat de la gauche aux élections législatives italiennes de 2006. Il y avait de l’affluence aux urnes et cela m’a réjouie.

 

Puis, nous avons opté pour le long de mer de C., à une vingtaine de kilomètres. Il offre une très longue promenade, tranquille, juste au-dessus de la plage étroite qui borde le détroit. Le courant vers le sud était très fort : mistral ? changement de marée ? Echange entre les deux mers ? L’endroit est merveilleux, mais il y a des tourbillons, et en été, je n’oserais pas aller y nager. Sur le bord, une alternance de plages et de petites anses arrondies à demi-fermées par des ébauches de môles. Parallèles au rivage, le sable d’un brun doré, très fin, est strié par endroits de blanches files de pierre ponce que la mer a arrachée à Lipari. Dans les anses, des eaux turquoises ou cristallines servent de refuge aux lourdes barques locales au repos, dont les couleurs vives et les noms charmeurs n’ont pas encore été effrités par les tempêtes hivernales. Autour des môles, des bandes de menu fretin s’en donnent à cœur joie près des algues sombres qui collent aux rochers, et quelques petites méduses, d’un violet transparent, se laissent porter mollement par le ressac indolent. En face, l’autre rive semble à portée de main, basse, fragile et tenace, les collines bleutées et les maisons blanches, le phare, le pylône, l’autoroute qui monte. Entre les deux, le large sillon bleu foncé de la mer éventré par un ou deux cargos hautains, flatté par quelques voiliers téméraires, déchiré par un hors-bord excité, caressé par une barque qui pêche à la traîne, le vent qui force et l’écume qui commence à coiffer les vaguelettes.

 

Tout le long de la plage, des pêcheurs à pied sec, la canne à la main, et, à côté d’eux, un vieux seau en attente du butin. Mais un banc de sardines était de passage, non loin du bord. A chaque lancé, quatre petits poissons démenaient avec véhémence l’azur argenté de leur corps au bout des hameçons. Et, entre une pêche miraculeuse et l'autre, à peine le temps de reprendre son souffle. On en éclatait de rire. Que de fritures en perspective pour le repas de midi !

 

Après avoir marché longtemps, nous avons repris la route vers le nord, vers d’autres lieux enchanteurs. Une crevaison allait-elle gâcher notre plaisir ? Allait-il falloir se salir les mains, transpirer sous l'effort ? Non, un coup de téléphone, et une demi-heure plus tard, quelqu’un était là. Sans que nous ayons eu besoin d’insister, on avait interrompu immédiatement ce qu’on était en train de faire pour venir nous donner un coup de main. Pendant ce temps-là, nous, nous sommes entrés dans un petit restaurant qui nous tendait les bras, juste en face, où, dans un caquelon de terre fumant, on nous a servi, arrosé d’un délicieux vin blanc local dans une carafe embuée, une riche soupe de poissons aux chairs fermes, savoureuses, variées, parfumées, qu’il faut verser sur du pain gris à peine grillé. Pour finir, un dessert maison, au citron, sous une pluie de zestes verts et quelques éclaboussures d’un coulis de framboises. Un tel plaisir pour le palais, que nous en avons repris.

 

Puis, dans le soleil qui descendait déjà vers les collines, le retour au foyer, où chacun a retrouvé ses activités préférées. Une journée simple mais à l'harmonie rare, à ne surtout pas troubler; les tâches, les soucis, renvoyés au lendemain.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 17 Octobre 2005, 15:23 dans la rubrique "Bribes perso".

Commentaires et Mises à jour :

alice
17-10-05 à 17:16

La Méditerranée hors-saison...un délice que tes mots embellissent encore davantage.

 
ImpasseSud
17-10-05 à 17:25

Re:

Quand je pense que je viens juste de sortir de ton jardin ! Un vrai délice ! Tu as vraiment le pouce vert. Face à toutes les expertes en jardinage qui ont laissé des commentaires, je n'ai pas osé laisser un mot :-).

 
alice
18-10-05 à 07:46

Re: Re:

Tu as bien tort, mon jardin est tout sauf intimidant! Reviens vite!