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UE : Changement de perspective

Deux histoires vraies entendues il y a quelques jours : 

 

Un musicien roumain à l’angle de la place lève la tête de l’assiette des aumônes et déclare le plus sérieusement du monde : « Mon associé et moi, on joue ici seulement jusqu’à six heures du soir. Après, ça devient impossible, il y a trop d’étrangers extracommunautaires. »

Un chauffeur de camion polonais à qui on demande comment va son boulot : « Ça va, oui, mais c’est de plus en plus dur, avec la concurrence de tous les Moldaves et Ukrainiens qui acceptent de travailler pour n'importe quel salaire ».

 

« Il est difficile de résister au changement de perspective qui transforme un désespéré en privilégié, le rehaussant dans l’échelle sociale tout en le rendant particulièrement hostile envers les nouveaux désespérés », écrit Massimo Gramellini sur La Stampa.


Nous voilà face à une « mutation génétique qui retourne les jugements et même les préjudices. », ajoute-t-il. On a vu des comunistes convaincus qui, suite à un bel héritage, commençaient à raisonner comme les plus farouches des capitalistes auxquels ils s'étaient toujours opposés. Et une des surprises de la paternité, n'est-ce pas qu'elle génère souvent un retour à l'estime envers son propre père, targué jusqu'ici de ne pas savoir s'y prendre avec ses propres enfants ? 

 

A moins qu'il ne s'agisse d'un pas en arrière, quand sa situation change, l'homme a toujours tendance à oublier ce qu'il était avant. N'est-ce pas là un des ingrédiants du désir de vivre ?

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 20 Janvier 2007, 09:10 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

PierreDesiles
20-01-07 à 19:59

J'accroche à ton billet car c'est une constatation que j'ai toujours fait partout où je suis passé et surtout depuis mon enfance. Chez moi en banlieue parisienne, dans les années soixantes, les français "établis", d'origines diverses n'ont pas compris l'arrivée des maghrébins après la guerre d'Algéeie, le retour des "pieds noirs" chassés des pays où ils s'étaient établis, des espagnols qui fuyaient le " franquisme", des italiens qui construisaient eux mêmes leurs maisons, puis ensuite la machine s'est emballée, et beaucoup  se sont engoufrés dans le brèche de l'ascenseur social recevant autant de critiques de la part de ceux qui en avaient reçu de même lors de leurs arrivées et qui se sentent maintenant chez eux etc. etc..

Plus tard, lors de nos voyages , c'est en Turquie que notre guide local nous a dit être "envahi" par les kurdes. En Afrique du Sud, à Durban, ce sont des indiens issus de l'Inde, qui ont trouvé là du commerce à faire et se sont multipliés au fil des ans. Ces mêmes indiens qui nous ont dit être envahi par les étrangers venus du Zimbawé, Mozambiques etc... On a vu aussi des suoerbes villas construites au milieu des bidonvilles de Soweto. Il parait que ce sont ceux qui ont "réussi" dans la vie, depuis la chute de l'apartheid,  qui reviennent pour embellir leur quartier. (explication du guide local issu de ces ghettos)

A la Réunion, ce sont les comoriens, qui essaient tant bien que mal de s'installer en prenant la filière mahoraise qui est la seule île restée française. Evidemment ce sont eux qui sont la cause de tout pour certains...etc.

""l'homme a toujours tendance à oublier ce qu'il était avant. N'est-ce pas là un des ingrédiants du désir de vivre ?""

Du désirs de vivre...mieux c'est sûr, car qui voudrait reculer dans son évolution, à moins de vouloir tout plaquer ou disjoncter mentalement pour un retour aux sources?

Désolé, si ma réflexion est un peu brouiollonne, mais tes deux histoires ont réveillé en moi tellement de cas similaires cumulés sur des années, que le parallèle était tout fait. Je trouve aussi que ton sujet est très bien posé, car chacun de tes lecteurs peut en apporter sa contribution vécue.


 
ImpasseSud
21-01-07 à 09:04

Re:

Merci pour ce tour d'horizon et ta précision du "mieux", Pierre. Elle était sans doute nécessaire car nous oublions trop souvent qu'il est physiologique et universel, même quand on atteint un état satisfaisant et que les grands désirs se muent en simples recherche de perfectionnements. 

Toutefois la recherche, la revendication du "privilège", c'est un peu différent. C'est cela que Massimo Gramellini voulait signaler. Mais il semble que là aussi ce soit tout aussi physiologique et universel. Si l'abolition des privilèges votée dans la nuit du 4 août 1789 par l'Assemblée constituante sous le règne de la peur a permis à l'Occident de faire un bond en avant, elle n'en a pas extirpé pour autant la soif que tout homme porte en soi. 

Ce que j'ai bien aimé dans la réflexion de Massimo Gramellini, c'est la mise en évidence de la versatilité humaine qui n'est pas forcément synonime de légèreté ou d'inconstance, mais parfois tout à fait normale quand il s'agit d'un changment d'état, .... à condition de ne pas perdre la mémoire.