C’est sans aucun doute une des maladies de notre temps. Tout le monde donne ou veut donner son avis, souvent sans connaissances ni compétences et à tous les niveaux. Tout le monde veut faire école. Et c’est ainsi qu’on assiste aux batailles verbales les plus insensées, au cours desquelles on trouve même les mots justes, on ressort même les arguments les plus « édifiants » et les plus « nobles », ceux qui renferment nos grands principes par exemple, pour défendre, toutes dents dehors, abus, malhonnêteté, injustices flagrantes, et même les scélérats, ou pour manipuler, systématiquement, (en mieux ou en pire, peu importe) un fait réel et le degré de son importance. C’est la raison pour laquelle j’ai pratiquement perdu tout le goût que j'avais pour la discussion. Dans ces conditions, à quoi bon ?!
Il y a près d’un an de cela, c’est avec passion que j’ai suivi la dernière campagne électorale italienne, dans l’espoir qu’une victoire de l'opposition balayerait la culture du mensonge effronté, des faits altérés et la mode du culte de l’ego lancée par Be*rlusconi. Et bien non ! Un lavage de cerveau continu à l'opinionite avec l'additif ponctuel du Vatican a pris la suite et occupe toute la scène de l'information. La mentalité de distorsion d’hier a fait tache d’huile, et, où qu’on se tourne, il n’y a quasiment plus moyen d’entendre, de lire ou d’obtenir une seule nouvelle à l’état brut. Dire qu’on s’imagine souvent la censure sous forme de vide…….
Il est donc clair qu’il ne s’agit pas d’une question politique ou idéologique, mais d’un changement radical de coutumes. Même la satire est tombée dans le panneau, aujourd’hui on s’échauffe plus pour un comique que pour le contenu de ses pamphlets. Heureusement qu'il y a encore, ici et là, quelques exceptions qui gardent encore les pieds sur terre, comme ce fameux journaliste et écrivain italien, Marco Travaglio (en) pour ne pas le nommer, qui recueille toutes ces aberrations prolixes et en fait un livre de temps en temps. Le dernier en date : « La scomparsa dei fatti. Si prega di abolire le notizie per non disturbare le opinioni » (La disparition des faits. Vous êtes priés d’abolir les nouvelles pour ne pas déranger les opinions). (1)
Tout le monde dit que notre monde va mal, mais si on veut y changer quelque chose, il me semble qu'il faudrait tout d'abord reprendre en main le domaine de l’expression orale, en lui rendant la mesure et la rigueur perdues. Mais après tout, ce n’est qu’une opinion….
P.S. En attendant, aujourd’hui, fête de
(1) Présentation video par l'auteur (en italien)
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Marco Travaglio, l'année dernière ou avant, était très souvent un des hôtes de "L'Infedele" (que je ne regarde plus) et fin 2006, l'hôte régulier de Michele Santoro dans "Anno zero" sur RAI 2, émission qui n'a pas eu de suite après les fêtes, mais reprendra le 8 mars pochain.
De toute façon, je suis tellement écoeurée que je ne regarde plus aucune de ces émissions.
Re: Re:
Per coloro che capiscono l'italiano....
Tutti coloro che desiderano vedere Marco Travaglio presentare il suo ultimo libro « La scomparsa dei fatti. Si prega di abolire le notizie per non disturbare le opinioni » possono connettersi sulla pagina seguente di "Che tempo che fa" di RAI3 : http://www.chetempochefa.rai.it/TE_videoteca/1,10916,1075559,00.html
J'ai aussi remarqué que souvent les nouvelles sont accompagnées de musique, je trouve que ça aussi c'est un commentaire, une façon sournoise d'influencer mon opinion.
Merci de m'avoir fait découvrir Marco Travaglio, ça a l'air d'être une personne vraiment intéressante (t'as pas changé le lien depuis hier??).