Allez, je l’avoue tout de suite : ce roman écrit dans un style loufoque, débridé, entre néologismes et continuels jeux de mots avec doubles sens, concrétisations extrêmes, non-sens, faux-sens, parodies, contrepets et contrepèterie, etc., …. a fini par me séduire. Et pourtant, moi qui me lasse très vite de l’humour à tout prix et de la provocation systématique, je l’avais abordé avec le plus grand scepticisme, bien que, depuis longtemps, on ait déjà reconnu ses lettres de noblesses à Boris Vian.
Il s’agit, comme on peut plus ou moins le lire sur la quatrième de couverture, d’une simple histoire d’amour, légère, tendre et grave, fascinante et inoubliable, un conte de l’époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, merveilleux et fantastique, féerique et déchirant, insolent et délicat, où tous les objets et la nature elle-même épousent l’intimité, l’esprit, l'état d'âme des situations, se transformant en un véritable dessin animé imaginaire, sur un fond musical omniprésent, celui des grands du jazz américain.
Le résultat, c’est le plus romantique, le plus poétique et le plus frais des récits, car l’humour se trouve dans les mots, dans les expressions, dans les réparties, mais pas dans le fond, très sérieux au contraire, existentiel même, comble d’amour et de douceur, d’évidences, de clairvoyance, de cris du cœur et de démystifications d'idées reçues : sur les soi-disant bienfaits du travail par exemple, l’opinion surfaite qu’on se fait de la médecine et des médecins, le factice des religions et l’idôlatrie du culte des célébrités (Jean-Paul Sartre en l’occurrence, ô pardon ! Jean-Sol Partre, dans l’immédiat après-guerre qui voit la naissance de ce livre).
A lire, assurément !
