Après le black-out de l'électricité aux Etats-Unis le 14 août dernier, hier c’était le tour de l’Italie. Après des prises de bec immédiates avec la France qui a effectivement eu quelques petites pannes sur ses câbles en direction de l’Italie, la cause encore incertaine semble cependant privilégier la version d’une interruption du courant en provenance de la Suisse. En fait, le problème, c’est que l’Italie, pour son électricité, dépend énormément de ses voisins.
En 1987, au cours d’un referendum, elle a dit NON aux centrales nucléaires. Ensuite, non seulement elle a démantelé certaines centrales électronucléaires comme celle de Caorso, mais elle a complètement arrêté d’en construire, quel que soit leur type. Même si les déchets radioactifs déjà existants sont stockés d’une manière plus que discutable (mais c’est une autre question), il semblait qu'il s’agissait d’un choix tout à fait respectable, d’une prise de conscience de l’importance de l’environnement et de l’avenir du pays.
En réalité, cependant, cela n'a été qu'une décision en l’air, puisque par la suite, l'Italie a résolu son problème d’approvisionnement en achetant de l’électricité à ses voisins qui le fabriquent avec des centrales nucléaires. Et même si les centrales nucléaires ont un impact moins agressifs sur la nature, quand on connaît l’histoire de Tchernobyl, on sait bien que les nuages radioactifs ne s’arrêtent pas aux frontières comme a essayé de le faire croire le gouvernement français au pouvoir en 1986.
Résultat, l’Italie s’est endormie sur son vote, se contentant d’acheter un peu plus d’électricité chaque année, au fur et à mesure que ses besoins augmentaient. Cependant, la canicule du mois d’août a mis en évidence les lacunes du système. La consommation, suite aux installations d’air conditionné, a augmenté de plus de 11 %. Alors le gouvernement a commencé à parler de risques de black-out ou de black-out impossible, suivant le vent qui tirait. Mais il répétait avec insistance et à tous propos qu’il serait temps de construire de nouvelles centrales. En attendant, la canicule s’est calmée et septembre est arrivé avec un retour normal des consommations d’électricité.
C'est comme cela que l’arbre qui, dans la nuit de samedi à dimanche (vers 3h30), est tombé sur la ligne suisse est vraiment tombé à point nommé, un vrai 11 septembre de l’électricité. Le gouvernement italien et même le président de la République se sont immédiatment écrié : « Nous ne pouvons plus continuer à être dépendants des autres pays, nous devons construire des centrales, même si cette solution va à l’encontre du choix de la population ! »
En attendant, les Suisses ont réparé leur ligne en quatrième vitesse, mais en Italie, l’électricité n’est revenue que plus tard, le matin dans le Nord, vers midi à Rome, et à 18h il n’y avait toujours pas d’électricité dans une bonne partie de la Sicile et dans le Salento (le talon de la botte).
Un beau coup de maître pour un réseau soit disant fonctionnant, et une occasion inespérée pour conduire l’opinion publique là où on veut la mener ! Je me demande même si on n’a pas volontairement retardé le retour à la normale, pour amplifier la catastrophe.
Et pourtant, après 1987, il aurait suffi de choisir l’énergie solaire, il aurait suffi d’émaner un décret ou une loi qui oblige toutes les nouvelles constructions à s’équiper en panneaux solaires. L’Italie ne manque pas de soleil ! Cela n’aurait peut-être pas couvert tout ses besoins, mais elle aurait acquis une autonomie notoire. Quand on pense que des pays comme la Suède ont déjà des quartiers entiers équipés à l'énergie solaire depuis près de vingt ans!
"Ce n’est pas aussi simple que cela", diront certain. C’est la phrase classique que les gens vous servent quand ils ne veulent pas se rendre à l’évidence de vos arguments. Et bien, moi je dis, au contraire, que c’était aussi simple que cela. Ce n’est qu’une affaire de choix responsable. Seulement que ça ne rapporte pas et les gouvernements qui se sont succédés, socialistes, verts, de gauche et de droite ont tous agi de la même façon, en freinant ou ignorant systémiquement et de mille manières le développement des énergies alternatives.
Si quelqu’un vous vante les centrales nucléaires, pensez-y.
(photo)
Mots-clefs : Planète Terre, Société, Europe, USA, Italie
Commentaires et Mises à jour :
Re: L'Italie et le nucléaire
Pierre, je suis sûre que l'Italie va agir très vite, mais le gouvernement actuel n'agira pas dans un sens écologique, mais exclusivement dans un but de profit. Son rêve c'est de privatiser l'organisme fournisseur actuel (l'ENEL), de récupérer ce qui a été à moitié démantelé, et de construire de nouvelles centrales. A quoi? je ne sais pas.
Berlusconi a profité de la confusion pour annoncer la réforme du système de retraite, sans dire un seul mot à propos du black-out, et tous les hommes politiques se délectent en polémiques qui n'en finissent plus pour savoir "de qui c'est la faute"... car il est clair que les Suisses se sont bougés à temps et on fait tout ce qu'ils devaient. Pendant ce temps-là, tu peux être sûr que le gouvernement s'organise déjà en silence.
L'article que tu proposes prouve bien que quelque chose bouillait déjà dans la marmite et que l'arbre est tombé à point. Quant à savoir l'épaisseur de la couche de panne qu'on a rajouté, c'est une autre histoire. L'occasion était trop tentante.
Ce qui me surprend cependant dans cet article, c'est de lire que les déchets radioactifs ne sont plus un problème et que 97 % d'entre eux se détruisent en un temps relativement moyen. Si le mox n'est pas une nouveauté, ce type de raisonnement l'est vraiment. Si tu as un moment, va jeter un coup d'oeil sur l'article que j'ai écrit à ce sujet sur le premier CTC il y a un peu moins d'un an ainsi que sur les commentaires qui suivent.
http://joueb.com/infos/info_1145.shtml
Avant de l'écrire, j'avais fait des recherches assez approfondies. Et j'ai de la peine à croire que la situation ait pu changer autant en l'espace de si peu de temps.
L'Italie et le nucléaire