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A propos de l'honnêteté

« Qui est conforme ou qui se conforme aux règles de la morale, de la probité et de la loyauté » récite le Larousse, sans faire aucune distinction entre l’action (un vol, un mensonge, par exemple) et la pensée, la fameuse « honnêteté intellectuelle » d’aujourd’hui. Un distinguo bien subjectif, à ce qu’il semble, et parfois même bien commode vu qu’on y laisse, selon les besoins du moment, entrer un sous-entendu de fidélité, ou coller les vernis de la soi-disant transparence ou de la stupidité. Et pourtant, le principe d’honnêteté rejette les accommodements, encore plus que tous les autres. Ce qui fait qu’une personne qui se dit honnête devrait, dans tous les cas, mettre de côté sa classe sociale d’appartenance, ses opinions, croyances, relations, ambitions, etc. et ignorer les groupes de pressions qui cherchent à l'influencer, ou qu'ils cherchent à influencer. Hélas, c'est loin d'être le cas. Deux évènements actuels ont suscité cette réflexion.

 

Tout d’abord, un article paru dans Le Monde : « La justice britannique estime "justifiée" une action spectaculaire de Greenpeace ». Comment se fait-il que la Justice ne donne pas plus souvent raison à tous ceux qui luttent pour la sauvegarde et le bien-être de l’humanité, à ceux qui sont dans le juste, mais qu’elle se prononce souvent « au nom de la loi » en faveur de tous ceux qui saccagent, polluent, jettent à la rue, couvrent les malversations, les abus, oppriment, etc… Bien sûr les juges, comme tout le monde, sont des êtres imparfaits et faillibles, et l’excès des lois permet souvent de trouver des escamotages légaux, mais ont-ils le droit d’oublier qu’ils doivent, avant tout, émettre un jugement « en leur âme et conscience » ? Au vu de ce que rapportent les médias, on a plus souvent l’impression que la plupart d’entre eux sont guidés par leurs appartenances ou par l’humeur du moment plutôt que par un désir de justice. Car il ne fait aucun doute que quand il s’agit de la défense de la planète, de la santé des gens, ou des droits des plus démunis, des « justifications » de la justice face aux manifestations de protestations, il devrait y en avoir vraiment beaucoup plus.

 

Ensuite, la visite de Benoît XVI en France. Je laisse à chacun le choix de ses sources d’information (ici, ou ,) et le loisir de ses appréciations personnelles car là n’est pas mon propos (1). Mais ce que je tiens à dire c’est que, face à un pontife sans charisme, souvent maladroit et peu aimé, je ne m’attendais pas à la présence de plus de 200.000 personnes sur l’esplanade des Invalides, des jeunes pour la plupart. Bien qu’incroyante, et ne ménageant jamais mes critiques contre le Vatican et le Catholicisme, je n’ai cependant pas pu m’empêcher de m’en réjouir. C’est le signe incontestable qu’il existe une certaine jeunesse, lasse des « idoles » de notre société de consommation, lasse du fric et de la richesse pour unique valeur; lasse des fêtes et du sexe à gogo, des fausses célébrités, des caprices du tout-permis, et d'une vie et de relations factices; lasse de la dépression et du fatalisme consentant à laquelle elle nous condamne; lasse des fausses solutions qu’on leur propose, etc., qui cherche autre chose. Honnêtement, je me prends même à espérer que cette marée-là grandisse, prenne de la force, sache se réapproprier de l’espoir et de son avenir, tout en souhaitant qu’elle sache également bannir tout ce qui verse dans le fanatisme, le sectarisme, l’élitisme et l’opportunisme, incitant ainsi tous les jeunes à se réveiller.

 

Contrairement à ce qu'on entend du matin au soir, contrairement aux sourires en coin que déclanche ce mot-là, moi je crois au contraire que l’honnêteté tout court ça a du bon et que ça fait du bien au moral, car cela permet de vivre sur un terrain stable où l'on peut construire, ne serait-ce déjà qu'à travers des rapports fiables.

 

 

P.S. : la photo montre la plaque d'une ruelle de Florence. L'honnêteté (l'onestà) dont elle parle semble assez éloignée de mon billet, mais je n'ai pas pu résister à la tentation:-). Comme on peut le lire ici (si vous comprenez l'italien), contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une antique reconnaissance à l’honnêteté en tant que vertu (qui mériterait sans autre plus qu'une ruelle), mais un rappel à propos des « magistrati dell’Onestà ». Au Moyen-Age, à Florence, la magistrature de l’Onestà comprenait huit citoyens honnêtes, issus du peuple et du côté des Guelfes, deux pour chaque quartiers, dont le devoir était de contrôler la moralité publique et surtout de surveiller la conduite des prostituées, soumises à une discipline très sévère. Ils ne recevaient aucune rétribution pour cette charge exclusivement honorifique. En échange, ils jouissaient du privilèges d’aller, de nuit, seuls ou accompagnés, avec ou sans lumière, armés ou désarmés, inspecter les endroits mal famés de la ville, pour voir si les prostituées étaient en possession du « bullettino » qui leur permettait d’exercer. Idem pour leurs ignobles souteneurs qui devaient eux aussi avoir un « bullettino ». C’étaient les magistrats de l’onestà qui fixaient le montant des taxes sur la prostitution. (Sources : "Le strade di Firenze").
Tout bien réfléchi, cependant, cette histoire pourrait même servir de troisième argument à mon billet, car, à propos de la prostitution,  je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'honnêteté dans les décisions prises ces jours-ci par le gouvernement italien.

 

(1) N'ayant aucune envie de débattre à propos du contenu de cette visite ou même de religions, tout commentaire à ce sujet sera considéré hors-sujet et effacé.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Dimanche 14 Septembre 2008, 15:12 dans la rubrique "Actualité".