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A propos de la « Journée de la Femme »

Deux jours de plus pour en parler, ce n’est pas de trop. Car, tout compte fait, cette « Journée de la femme », c’est l’occasion de faire un bilan, au moins une fois par an, occasion qu’il ne faut surtout pas révoquer malgré les débordements, instrumentalisations et récupérations dont elle fait l’objet. Aujourd’hui, le silence est déjà retombé, mais pas pour moi. Pendant plusieurs jours j’ai suivi des débats, lu des articles, et même si le brin de mimosa dont on m’a fait cadeau m’a fait un grand plaisir, on ne peut que prendre note que ces dernières années, des progrès dans le statut des femmes, il n’y en a pratiquement plus aucun. Entre course au marchandage sexuel et acharnement obscurantiste, il me semble au contraire que nous sommes en pleine marche arrière. Ce billet de Robert Solé et ces photos en sont un témoignage. (1)

 

Pour l’occasion, en Italie, le Président de la République a attribué l’Ordre du mérite de la République italienne à neuf femmes italiennes : à une mathématicienne âgée, fille de mathématicien ; à une photographe de renommée mondiale qui a fondé sa propre agence ; à la vice-présidente de la Banque d’Italie, fonctionnaire de haut rang ; à la Présidente de Coface-handicap ; à la plus importante chercheuse italienne, coordinatrice au CERN, à Genève ; à une chef d’orchestre ; à une danseuse-étoile engagée dans la lutte contre le SIDA, à une journaliste de guerre attachée à l’armée italienne en Iraq, et au Premio R.O.S.A. (Prix qui récompense des résultats obtenus sans aide) créé par une femme en 2002.

Voilà des femmes extraordinaires, cela ne fait aucun doute, mais de ces exceptionnalités qui ont toujours existé. Qu’on veuille récompenser ces femmes-là, je peux le comprendre, mais qu’on choisisse la « Journée de la femme » pour le faire m’a semblé... déplacé. Parce que si elles se sont effectivement distinguées par leurs qualités et quelques-unes par leur altruisme, rien ne dit qu’elles aient fait quoi que ce soit pour améliorer de façon spécifique le sort des femmes en Italie ou dans le monde.

 

Dans le cas présent, j’ai donc plutôt eu l’impression qu’il s’agissait d’une récupération nationaliste, qui occultait un peu l'objectif de cette journée.

Ce que je reconnais au Président de la République, c'est qu'après avoir parlé du viol comme de « la plus grande des infamies » dans son discours du 7 mars, tout comme le Président de la Chambre des Députés et la Ministre des Pari Opportunità le lendemain, il a dénoncé la récupération que l’Italie (et tous les médias en particulier) est en train de faire des derniers épisodes pour excuser sa xénophobie montante.

Par contre, s'il tenait à faire un geste, c’est, par exemple, à Lucas Engine, cette entreprise sicilienne leader en matière de production d’énergie et à son administrateur délégué qu’il fallait qu’il décerne une marque de reconnaissance pour le choix fait dès sa création, en 2002, de donner la préférence à du personnel féminin : 90 % du personnel est composé de femmes, toutes sont Siciliennes et tous les ingénieurs sont des femmes. Ou encore à une ou plusieurs de ces associations féminines qui défendent et protègent les femmes battues ou en danger.

S'il tenait à donner un signe tangible de son intéressement en cette période de crise économique où les gouvernements sont si gentils avec les banques, il fallait qu’il dénonce l'injustice, d'une part, des banques italiennes qui appliquent aux prêts faits aux femmes entrepreneurs des taux d'intérêt supérieurs à ceux faits aux hommes, et ceci sans aucune raison (2) ; et, de l'autre, celle qui comprend la pratique encore en vigeur des lettres de démissions sans date que certains employeurs leur font encore signer à leur engagement pour pouvoir s’en débarrasser en cas de grossesse ; les différences de salaire hommes-femmes ; la grande diffusion du travail au noir ; l'énorme insuffisance des structures d'aide pour les mères qui doivent ou veulent travailler ; etc.

Et, pour finir, s'il tenait à réaffirmer la place des femmes dans une République italienne laïque, en ce moment de retour à l’obscurantisme du Vatican, il devait en profiter pour rappeler une fois encore leurs droits constitutionnels à disposer d’elles-mêmes, de leur corps, de leur vie, de leur choix en matière de procréation, et dénoncer la recrudescence des obstacles que, par conformisme, opportunisme ou bigoterie, on remet de nouveau en travers de leur route. En travers de la route des plus démunies, bien évidemment.

Etc... 


 

Somme toute, même en Occident, il y a encore bien à faire, car dès que les femmes se reposent sur leurs acquis, c'est là qu'elles recommencent à les perdre. En Italie tout du moins, et même en y perdant un peu le nord, la politique a mis cette « Journée de la Femme » à la Une. En France, par contre, à part quelques extrapolations journalistiques, j'ai plutôt eu l'impression que les hautes sphères politiques avaient mieux à faire. Serait-ce à dire que pour ses gouvernants, tout ce qui les concerne y est déjà au mieux dans le meilleur des mondes ? Et pourtant, les chiffres ..., d'autres chiffres,... et les détails...

 

(1) D'autres photos.

(2) Sources : Incontro con Giorgia Meloni, 17'30"

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 10 Mars 2009, 14:37 dans la rubrique "Actualité".