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Afghanistan : petite histoire d'une cohabitation possible ....

Kaboul, Flower Street"La communauté juive vivant en Afghanistan vient de se réduire de moitié. La semaine dernière, à Kaboul, un des deux derniers juifs du pays, Itzak Levin, est décédé de mort naturelle à l’âge de 80 ans. C’était le Shamash, c’est-à-dire le gardien de la synagogue de la capitale afghane, et en mourant il laissé complètement seul l’autre juif qui vivait à l’intérieur même la synagogue, Zebulon Simentov. Tous les deux originaires de Herat, ils se connaissaient depuis que Simentov, - qui aujourd’hui a 45 ans -, était enfant.  « Maintenant, je suis l’unique juif d’Afghanistan, et malheureusement j’en suis sûr. Quand nous formions une communauté, tout le monde se connaissait. Donc, si l’un de nous était encore en vie dans le pays, je le saurais »,  déclare Simentov, vêtu d’une longue tunique afghane et son kippa sur la tête.

 

La femme et les quatre enfants de Levin sont partis s’installer en Israël il y a 18 ans, mais Itzak avait préféré rester à Kaboul. C’est ainsi que les deux hommes avaient commencé à vivre ensemble dans la synagogue de Flower Street, entre les vendeurs de fleurs et les boutiques de vêtements.
« Même au sein de la communauté juive la plus petite du monde », raconte Simentov en souriant, « la cohabitation n’a pas toujours été facile. [Une fois,
NDT], une discussion sur celui qui devait conserver un rouleau de la Torah, la Bible, dégénéra en rixe, mais ensuite nous nous sommes réconciliés. »

Durant le régime des Talibans, ils furent arrêtés tous les deux et torturés, mais malgré cela, quand ils furent libérés, il décidèrent de rester de toute façon dans le pays. Même maintenant qu’il est seul, Simentov, - qui s’occupe d’exportation de produits et d’antiquité afghanes -, n’a aucune intention de partir : « Je suis habitué à vivre ici. Et si la situation s’arrange, d’autres juifs arriveront ». « Eventuellement », a-t-il ajouté, « j’irai un peu plus souvent voir ma femme et mes enfants en Israël ».

 

Entre temps, Simentov a  trouvé un nouveau colocataire pour la synagogue. Il s’agit de Mohammed Amir, un des gardes musulmans des deux cimetières juifs de Kaboul. « Vu qu’il était seul, il m’a demandé de venir vivre avec lui » dit Amir, ajoutant que ce sera un exemple de « cohabitation possible » entre juifs et musulmans.

 

Les juifs afghan sont originaires de l’une des dix tribus dispersées, remontant à l’époque du Premier Temple et à l’exil vers Babylone. Au cours des siècles passés, ils eurent un rôle très important, parce qu’en tant que marchants, ils furent un point d’union entre le Moyen-Orient et la Chine. A la fin du XIXe siècle, la communauté juive afghane comptaient 40.000 personnes, s'étant aggrandie suite à la fuite de l’Iran des juifs persans que les autorités voulaient convertir. Au milieu du XXe siècle, leur nombre était descendu à 5.000 personnes, et la majeure partie d’entre elles émigra en Israël après 1948. D’après ce que raconte Simentov, les 9 dernières familles juives afghanes ont lâché le pays après l’invasion soviétique en 1978."

Article de Riccardo Talenti publié dans L’Espresso,  sous le titre « Io, l’ultimo ebreo in tutto l’Afghanistan »

Traduction de l’italien ImpasseSud

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Dimanche 20 Février 2005, 13:23 dans la rubrique "Récits".