Nous sommes en 1937, Jorge Amado a 25 ans, il est déjà célèbre et son Cacao, traduit en espagnol, l'a fait connaître dans toute l’Amérique latine. Il vient de terminer ses études de droit et il collabore avec plusieurs publications. Il a déjà goûté plusieurs fois à la prison à cause de son implication avec le groupe communiste Aliança Nacional Libertadora, et à la veille de l’Estado Novo du dictateur Gehílio Vargas, il part en voyage avec sa femme à travers l’Amérique Latine. Publication posthume, il ne s’agit pas d’un journal, mais de la récupération d’impressions de voyages déjà publiées une première fois en plusieurs épisodes dans le journal de Rio de Janeiro « Dom Casmurro » entre mars et juin 1938.
J’ai tout de suite été enchantée par les descriptions sans pareil des lieux et des caractères, pleines d’un esprit à la fois ironique et tendre. D’un côté on voyage en train, en avion, en voiture et en bateau, avec tous les imprévus, parfois très drôles, que cela comporte, du sud du Brésil décrit en parallèle avec le Nordeste si cher l’auteur, on traverse l’étrange frontière avec l’Uruguay, on passe de Montévidéo à Buenos-Aires, de Buenos Aires au Chili avec la traversée des Andes, on remonte la côte pacifique à bord d’un navire japonais jusqu’au Pérou, on fait une pause à Lima, puis on repart pour le Mexique. De l’autre, au fil des pages, on découvre non seulement l’homme avec ses manies, ses peurs, ses enthousiasmes, ses aversions, sa passion politique, l’amour pour sa terre, sa disponibilité envers le prochain, mais aussi son époque à travers une curiosité incessante pour chaque chose et chaque personne, et son incroyable capacité de toujours trouver le moyen de sourire.
Ces 140 pages sont pleines du charme des récits de voyage qu’on voudrait ne jamais terminer. A lire pour le plus grand plaisir.
P.S. Bien entendu, j’ai lu l’édition en italien, « In giro per le Americhe » (Einaudi Editore). Ce livre a-t-il été traduit en français ?
Mots-clefs : Livres, Amérique latine, Voyages