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« Au nom du peuple italien », Dino Risi (1971)
--> En hommage à Dino Risi

Dino Risil’un des derniers monstres de l’âge d’or du cinéma italien, vient de mourir à 91 ans. Contrairement à Fellini ou Antonioni qui furent les symboles d’une avant-garde, Dino Risi a été l’un des plus grands maîtres de la comédie à l’italienne de la seconde moitié du XXe siècle. Si son acteur préféré fut sans autre Vittorio Gassman, Jean Paul Belmondo, Jean-Louis Trintignant, Catherine Deneuve, etc. ont joué pour lui. C’est lui qui a lancé Monica Bellucci. Et quelqu’un se souvient-il du Bon Roi Dagobert avec Coluche et Michel Serrault ? Mais venons-en au film.

 

A la fin des années 60, à l’époque du boom économique italien, Mariano Bonifazi (Ugo Tognazzi), petit juge d'instruction incorruptible dont les sentences tombent « au nom du peuple italien », enquête sur la mort suspecte d’une jolie fille, call-girl des milieux huppés, morte d’une overdose et dont le corps porte des traces d’ecchymoses. Ses soupçons tombent sur Lorenzo Santecito (Vittorio Gassman), riche industriel que rien n'arrête. Les deux hommes ne parlent pas le même langage et entre eux l’incompréhension est totale.

D’un côté le juge, un formidable Ugo Tognazzi, costume classique et cartable consumé d’où dépasse un parapluie, sévère, rigide, incorruptible, à l’intransigeance implacable du réformateur.

De l’autre un époustouflant Gassman, arrogant et cynique comme il convient à un brillant entrepreneur qui fréquente et intrigue dans les palais du pouvoir, qui ne respecte aucune loi, méprise la bureaucratie, la justice, la police, la morale, prêt à éliminer tout ce qui le gène, même son père.

Mais il y a aussi la justice italienne qui croule littéralement sur elle-même, et le peuple italien, avec ses mesquineries, ses ambigüités, sa passion immodérée pour le foot, sa désinvolture face aux règles, son goût pour la flatterie et la confusion, toujours prêt à se vendre pour un peu d’argent.

Lorenzo Santecito est-il coupable ? L’affaire s’éclaircit à la fin, mais c’est le comportement de ce peuple qui finira par faire pencher le plateau de la balance du jugement.

 

Un très beau film (en DVD depuis peu), absolument passionnant avec ses deux acteurs extraordinaires, étonnement actuel malgré ses 37 ans, parce qu’il suffirait de changer les vêtements et les voitures pour que cette histoire se passe aujourd’hui, avec Vittorio Gassman dans la peau d’un des requins du libéralisme, et Ugo Tognazzi dans celle d’un de ces magistrats maltraités par une droite vorace et privée de scrupule, ou tentés, à force de frustrations idéologiques, d’abuser de leur pouvoir de façon arbitraire. Une constatation un peu amère.

 

Pour une critique encore plus acérée mais très bien vue, lire ici.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 10 Juin 2008, 09:06 dans la rubrique "J'ai vu".

Commentaires et Mises à jour :

ImpasseSud
11-06-08 à 14:18

Toujours à popos de Dino Risi

Lire dans Le Monde cet intéressant billet de Francis Marmande : "Io sono contento, Io sono contento"

 
sarah-k
18-06-08 à 08:07

Toujours à popos de Dino Risi

Un film que je vois et que je revois toujours : les nouveaux monstres.
Absolument affreux !
Et c'est affreux de se voir rire, te souviens-tu du mec qui veut secourir un blessé dans la rue et qui ne trouve pas d'hôpital qui peut le prendre en charge et qui le re-dépose, là, où il l'a trouvé.
Il me semble qu'il y avait plusieurs réalisateurs pour ce film ?

 
ImpasseSud
18-06-08 à 09:30

Re: Toujours à popos de Dino Risi

La scène que tu racontes me dit quelque chose même si je ne me souviens pas d'avoir vu "les Nouveaux Monstres" (de Mario Monicelli avec la participation de Dino Risi). J'en ai sans doute vu des extraits. Quant aux "Monstres" de Dino Risi, pour l'instant, il n'y a pas de danger qu'on le passe à la télé, les 20 scènes dont on peut lire les résumés ici (en it.) sont vraiment trop actuelles. On pourrait y coller des noms propres d'aujourd'hui. Si on y a passé In nome del popolo italiano, c'est bien parce que le petit juge finit par y apparaître sous un mauvais jour. Ces jours-ci, l'Italie est de nouveau sens dessus dessous pour une question d'incompatibilité entre Berlusconi et les magistrats qui continuent à faire leur boulot, mais que lui voudrait conditionner. Le choix des programmes n'est jamais innocent.
Il va falloir que je commence à m'organiser, car ici aussi, on en a pour un bout de temps. :-(

Pour en revenir aux "monstres", cependant, en Italie c'est un sujet récurrent, que les scénaristes les plus divers reprennent continuellement parce qu'il ne tarit jamais.