Quand chaque jour je fais mon tour de presse écrite sur
Au Chili, le journal le plus lu est « Las Ultimas noticias », et, d’après son éditeur, Fausto Edwards, ce succès est dû à Internet. Comme le raconte le Christian Science Monitor, le quotidien a décidé de s’intéresser de plus près aux préférences de ses lecteurs, allant jusqu’à s’y conformer de façon rigoureuse. Ceci en partant des clics effectués sur son site web scrupuleusement contrôlés par ses rédacteurs en chef qui, de cette façon, peuvent prendre note en temps réel des articles qui intéressent les navigateurs. Sur la base de ces statistiques, ils décident de la mise en page du lendemain, et quels sont les sujets à approfondir ou, au contraire, ceux qu’il vaut mieux laisser tomber. Quoi de plus démocratique, penseront certains ! Cependant, cela réserve des surprises, c’est ainsi que lors de la
A l’opposé, on trouve Google News, journal fait seulement de bits. Ce moteur de recherche offre une compilation des nouvelles les plus importantes en provenance du monde entier et une sélection pour chaque pays. Ici on se trouve face à un prodige du software. Sans la moindre intervention humaine, le software de Google examine 4000 sources journalistiques, il en extrait les nouvelles les plus importantes, il les met en page et offre les liens qui permettent de remonter aux multiples sources originales, présentant, en France par exemple, plus de titres que la page d’accueil du quotidien Le Monde.
Pour finir, dans le panorama de l’information quotidienne on-line, le 12 novembre dernier on a pu assister à l’apparition de Wikinews. C’est la dernière initiative de Wikipedia, la grande encyclopédie du réseau arrivée désormais à 413 000 mots. Wikipedia est une grande entreprise collective et bénévole, où tout le monde peut éditer un mot ou modifier ceux préexistants, en ajoutant ou enlevant du texte. Pour chaque mot, une « histoire » est disponible, c’est-à-dire toutes les versions relatives à une entrée, de façon à ce que tout le monde, en pleine transparence, puisse voir comment l’interaction multiple lecteurs-auteurs l’a modifiée.
Wikinews est écrit exclusivement par des humains et le software sert uniquement à transmettre les articles, à les éditer et à les mettre à disposition des lecteurs. L’objectif déclaré du projet est de « recueillir de façon collaborative et d’un point de vue neutre des nouvelles sur tous les sujets ». Mais comment peut-on garantir indépendance et neutralité ? Wikipedia compte sur le sérieux de ses collaborateurs bénévoles, mais offre aux auteurs la possibilité de demander explicitement aux autres de revoir et de contrôler leurs propres textes (une sorte de « peer-review). Un article « revu » de cette façon a une étiquette verte qui indique que la nouvelle a été soumise à ce procédé de la part de la communauté.
« Le but », écrivent les membres du groupe, « est de promouvoir l’idée du journaliste civique (citizen journalist) car nous pensons que tout le monde peut donner une contribution utile à la grande représentation de ce qui se passe dans le monde qui nous entoure. Le moment est venu de créer une source de nouvelles libre, « faite par les gens et pour les gens ». Nous vous invitons à vous unir à ce grand effort qui a la possibilité de changer le monde pour toujours. »
Ces trois cas de journalisme font-ils partie d’un scénario utopique ? Probablement pas et les éditeurs traditionnels sur papier eux-mêmes sont désormais contraints à y réfléchir. Le 23 novembre dernier, dans un de ses cours intitulé « Convergence de la communication » à la prestigieuse université italienne Luigi Bocconi, Vittorio Colao mettait en évidence comment par le passé « la presse vivait essentiellement en vendant informations et formations » (i.e. faits et opinions), alors que maintenant, suite à l’effet des technologies digitales et convergentes, « Les détenteurs des contenus et des nouvelles ont de plus en plus la possibilité de les vendre… la partie de la valeur ajoutée ayant émigré à la source ». Les quotidiens, en somme, se retrouvent appauvris du côté de la valeur du propre produit, dont une partie est désormais sujet au « je le savais ». On le sait déjà grâce à la télévision, à Internet, aux portables avec leurs « breaking news », etc...
Donc qu’il s’agisse du mode démocratique de « Las Untimas Noticias » (démocratique seulement en apparence car quelqu’un finit quand même par faire un choix personnel parmi tous les clics), ou de Googlenews, il y a un renoncement explicite au rôle civil d’information-formation que les journaux ont toujours exercé dans l’histoire, avec le risque, si c’est la technologie qui est porteuse, d’une moindre diffusion dans la société des formations d’idées et d’opinion, car les médias façonnent leur vision de la réalité non seulement par les éditoriaux, mais en utilisant « les principes de sélection » de l’emphase et de la représentation (c’est ce qu’écrivit en son temps Todd Gitlin, professeur de journalisme à l’université Columbia). Avec ces techniques ils décident (ou tout du moins ils proposent) « ce qui existe, ce qui se passe et ce qui est important ».
Mais aujourd’hui, les médias ne sont plus seuls et pour les journaux en papier l’univers des sites wikis et des blogs est en train de devenir aussi bien une source qu’un élément de contrôle et de vérification. Les journaux ne meurent pas à cause de
(Sources : Il Manifesto)
Commentaires et Mises à jour :
Re: Ton regard
Merci!:-)
Pour l'instant, il semblerait qu'il n'y ait que ces deux éditions Seul le principe de base est dans d'autres langues, dont le français.
Ton regard
Comme d'habitude:-)
J'apprends l'existence de Wikinews.
Si je comprends bien, pour l'instant, Wikinews existe en anglais et en allemand?