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Dans une juste mesure.

Take me to your leader...Hier, au cours d’une kermesse de sympathisants qui ressemblait plutôt à un comice électoral de la dernière heure, Berlusconi a eu un malaise en direct, face à l’immense salle de ses fans et sous l’œil des caméras de télévision. Alors qu’il s’affaissait doucement, blanc comme un linge et ruisselant de sueur, ses gardes du corps l’ont récupéré avant qu’il ne tombe. Il a assez vite repris connaissance, rassuré la foule qui se trouvait là et on l’a transféré chez lui puis dans le plus grand hôpital de Milan pour des examens de contrôle. Une histoire banale somme toute, qui peut arriver à tout le monde, surtout quand on force terriblement la dose (dieu sait avec quels moyens). Ce que je ne trouve pas banal, par contre, mais plutôt inquiétant, c’est la violence et l’ampleur des émotions déclanchées par cet incident, et qui sont apparues sur les visages de ceux (beaucoup de jeunes) qui étaient venus l’écouter, allant jusqu’aux larmes pour certains. Peut-on, aujourd’hui, s’identifier à ce point à un leader ? N’y aura-t-il jamais aucune juste mesure ?

 

S’il est normal que chaque tendance ait ses adeptes et ses leaders, existe-t-il actuellement un leader occidental qui puisse vous enthousiasmer et vous émouvoir jusqu’aux larmes, et, qui plus est, après cinq ans d’un gouvernement qui n’a servi que les plus riches ? (Et ici, je ne me réfère pas seulement à Berlusconi ou à l’Italie.) Comment est-il possible qu’aujourd’hui encore, l’analphabétisme disparu ou presque, une partie de la population non négligeable soit incapable de discernement ?

 

Je rêve souvent de la première moitié du XXe siècle, qui a produit des guerres et des fascismes malheureusement, et même des idéologies aujourd’hui en déclin, mais où on pouvait encore espérer que l’instruction, finalement à la portée de tous, allait créer des générations de citoyens différents, plus conscients et moins faciles à berner, chacun ayant désormais les connaissances de base nécessaires pour se faire une idée personnelle à propos des gens et des situations, sans plus besoin du gavage des leaders pour vous chauffer à blanc avec de grands slogans, ou d'arguments émotionnels pour vous faire croire qu'avec eux votre vie va automatiquement acquérir un sens.

 

Un leader politique, ce n’est ni un dieu ni une idole, ce n’est même pas forcément quelqu’un de valeur. Ce n’est qu’une personne qui recueille puis fait sien un courant d’opinion où, cependant, il faut savoir faire la part des qualités et des défauts, dans une juste mesure, car notre avenir pourrait en dépendre. Quand il ne monte en lice que grâce à ses harangues, c’est avant tout un harangueur qui cherche à circonvenir les foules, en les prenant aux tripes pour accéder personnellement au pouvoir, et pas souvent pour le meilleur.

 

L’instruction pour tous ayant apparemment perdu son objectif primaire en cours de route puisqu’en ce début du XXIe siècle une bonne partie des gens met encore son âme et ses pleurs dans les mains des harangueurs, je me demande souvent quand est-ce qu’on a commencé à dériver. Les êtres pensants étant toujours gênants, est-ce au moment où, arrivés à une scolarisation généralisée, on s’est dit qu’il était temps de reprendre les esprits en main, de trouver une autre orientation à l'instruction, comme la rentabilité économique par exemple ? Mais s’est-on rendu compte qu’au nom du dernier objectif on a complètement renié le premier? Et maintenant, quel espoir nous reste-t-il ?

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 27 Novembre 2006, 15:11 dans la rubrique "Actualité".