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« De Gasperi, l'uomo della speranza », Liliana Cavani, (2004)

"De Gasperi, l'uomo della speranza"Je doute que ce film pour la RAI (télévision d'Etat) franchisse les frontières de l’Italie. L’histoire qu’il raconte lui est trop spécifique, même si son metteur en scène, Liliana Cavani, a une renommée internationale. A vrai dire, je n’ai commencé à le regarder que par simple curiosité. De cet homme d'Etat, je ne connaissais que le nom et son empreinte décisive sur l'Italie à la fin de la seconde guerre mondiale : une bonne occasion pour en savoir un peu plus sur le pays où j’habite, ai-je pensé. Et je ne l’ai pas regretté. Il s’agit de la vie d’Alcide De Gasperi (1881-1954), montagnard trentin à la silhouette dégingandée et plein de gentillesse, homme d’Etat italien de l’après-guerre et précurseur de l’Union européenne, « l'homme de l'espoir », comme on le qualifie aujourd'hui.

 

« Je dois avouer que je n’aurais jamais cru qu’on puisse se passionner pour un homme politique, et encore plus pour « un chrétien démocrate » (j’ai d’autres origines), dit Liliana Cavani. […] Et bien, au contraire, j’ai trouvé De Gasperi passionnant. J’ai découvert un personnage extraordinaire et un homme politique normal. Normal, parce que la seule chose qui l’ait guidée, c’est seulement l’intérêt pour son pays, donc l’intérêt de chacun de ses citoyens.

J’ai été passionnée par le parcours de son existence, en partant de l’adolescent qui veut faire des études mais qui n’en a pas les moyens, au jeune homme qui veut faire de la politique parce qu’il croit que les paysans et les chrétiens doivent faire entendre leur opinion, au député qui ne comprend pas immédiatement la gravité du fascisme, mais qui devient un anti-fasciste convaincu dès qu’il s’en rend compte, payant un prix énorme pendant près de vingt ans, avec la prison et l’exclusion de tout emploi. Le tout, sans jamais se sentir un « héro », mais simplement parce que, en plus d’être un homme politique normal, c’est également un chrétien normal qui n’admet pas les dictatures et encore moins les dictatures idéologiques.»

L’Italie doit à De Gasperi (président du Conseil de 1945 à 1953) au moins trois options fondamentales. La première, c’est de l’avoir ancrée à l’Occident démocratique (alors qu’à cette époque, elle aurait pu basculer dans le bloc soviétique). La seconde, c’est d’avoir cru que les Italiens exilés par les dictatures désiraient une démocratie. La troisième a été d’avoir reconnu la nécessité de l’unité des Etats européens et d’avoir œuvré pour sa réalisation.


C’était un homme d’une profonde croyance et d'une grande spiritualité qui, cependant, laïque, n’a jamais mélangé ses propres convictions spirituelles avec le gouvernement de son pays, laissant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu suivant les termes de l'Evangile, allant même jusqu’à prendre position contre le Vatican, qui au début des années 50 penchait de nouveau du côté des fascistes et des monarchistes (l'Italie était en république depuis le 2 juin 1946) par peur du communisme.

 

De Gasperi avait foi dans le dialogue parce qu’il vivait continuellement dans le dialogue avec sa femme, intelligente et sensible avec qui il vécut une belle histoire d’amour, et ses quatre filles pleines de questions. La grande correspondance existante entre père et filles a servi de guide pour la réalisation du film. Si sa famille fut un terrain de dialogues, en particulier durant les vingt années d’ostracisme, sa foi fut la source d’une espérance intarissable en l’homme. La confiance dans les hommes et le dialogue furent probablement sa véritable force, parce qu’il ne faut pas oublier que la guerre, en Italie, avaient laissé des ruines non seulement matérielles mais morales. A une époque où, avant [fascisme] et après [communisme] la guerre, le langage politique parlait de peuples et de masses, on est frappé de trouver un homme politique qui parlait d’hommes, de femmes, d’individus et de gens.

(Sources)


Voilà, en vrac et sans entrer dans les détails de son parcours politique, les grands traits de la personnalité de cet homme. Durant la projection, j’ai eu l’impression de vivre dans une autre dimension, celle d’un homme politique affable, souriant mais très décidé, doux mais têtu, humble mais suivant ses convictions, sachant jauger, comprendre, traiter avec ses adversaires, jamais corrompu ni sectaire, tout cela au milieu d’une famille pleine de charme et de chaleur humaine comme seules savent les dispenser les familles de femmes (Les Italiennes obtinrent le droit de vote en 1945).

 

Ce soir-là, je suis allée me coucher avec un sentiment de douceur et de foi en l’homme, rêvant d’hommes politiques semblables, honnêtes, oeuvrant exclusivement pour le bien-être de leurs concitoyens.

 

Pour tous ceux qui veulent en savoir plus et comprennent l’italien, je recommande chaudement la lecture de ce site.

 

Mots-clefs : , , , Films

Ecrit par ImpasseSud, le Jeudi 28 Avril 2005, 15:03 dans la rubrique "J'ai vu".

Commentaires et Mises à jour :

Raskolnikov
30-04-05 à 09:10

Liliana Cavani est une réalisatrice sulfureuse.
Je me souviens d'un film particilièrement provocant sur les amours croisés de Nietzsche, Lou Andreas Salomé et du poète Rilke: "Au delà du bien du mal".
L'as-tu vu?
C'est un film qui, je crois, n'est jamais passé  à la télé.
Liliana Cavani s'est-elle assagie avec le temps?

 
ImpasseSud
30-04-05 à 09:54

Re:

A coquille effacée (quand ça m'arrive, il s'agit souvent d'un changement de parcours au milieu d'une phrase), je te répondrai que je ne la connais pas assez pour émettre un jugement. Je n'ai pas vu "Au delà du bien et du mal", j'ai un vague souvenir de "Portier de nuit" et de "Francesco" dont l'absence de lumière (voulue, j'imagine, afin de mieux nous plonger dans une atmosphère moyenâgeuse) m'a franchement indisposée.
Par contre, j'ai beaucoup aimé ce film, qui, d'après tout ce que j'ai lu ensuite, reflète la vérité sur un homme dont la valeur est reconnue à l'unanimité, même par Liliana Cavani qui avoue être d'un tout autre bord politique.


 
Incognito
16-05-05 à 09:27

Lien croisé

J'écris ton non : " Ceux qui voudraient en savoir plus sur le désir d'Europe de De Gasperi peuvent cliquer ici. "

 
Incognito
22-05-05 à 18:58

Lien croisé

info - [I]Communauté économique européenne! : " ... d'autant plus que beaucoup de gens l'ignorent.En ce qui concerne l'Italie, si Piero Malvestiti a été président le la CECA de 1959 à 1963, il ne faut surtout pas oublier Alcide De Gasperi, président du Conseil  (1er ministre) en 1951, et son fort désir d'une Europe unifiée dès la fin de la seconde guerre mondiale. "