Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

De toute façon, chacun est toujours seul face à sa conscience

« Euthanasie ou suicide assisté », c’est le titre de l’article publié sur Libération du 27 septembre dernier, suite, comme tout le monde le sait, au geste de la mère de Vincent Humbert, pour aider son fils à mourir. Nous revoilà donc face la grande question : notre vie nous appartient-elle ?

 

Vous souvenez-vous de Diane Pretty, cette anglaise atteinte d'une maladie incurable, qui demanda à la Cour Européenne des droits de l'homme de permettre à son mari de l'aider à mettre fin à ses jours sans encourir de poursuites? Ce droit lui fut refusé, car la Cour estima qu'«il n'existe pas un droit fondamental à la mort ». Alors,  Diane mourut le 11 mai 2002, après plusieurs jours d'extrêmes difficultés respiratoires suivis d'un coma, comme elle le redoutait.

 

« Il n’existe pas un droit fondamental à la mort »?!. Ou faudrait-il qu’il existe ce droit ? Toutes les lois qui existent n’ont-elles pas été écrites par l’homme ? Se pose-t-on autant de questions face à la mort due  aux absences de soins et de médicaments, à la guerre, aux tortures, à la faim, aux mauvais traitements, etc… Tient-on compte du droit à ne pas mourir de tous ces gens-là? Au lieu de dire « Il n’existe pas un droit fondamental à la mort », les juges n’auraient-ils pas étés plus honnêtes en reconnaissant que, dans notre société actuelle, le droit de mort n'appartient qu'aux états et aux institutions qu’ils couvrent ? Le refus de Jacques Chirac à la requête de Vincent ne l'a-t-il pas mis en évidence ?

 

Et s’il n’existe aucun droit fondamental à la mort, existe-il un droit fondamental qui interdise le suicide, assisté ou non, autre que celui des différentes morales judéo-chrétiennes dans lesquelles nous sommes élevés? Et les juges, sont-ils là pour les réconforter, si nécessaire, quand les personnes âgées ou les malades terminaux doivent affronter la mort en solitaire. Existe-t-il un droit "à la maladie qui porte à la mort"? Chez les Grecs et chez les Romains, ne condamnait-on pas les gens au suicide ? Quand les juges en ont appelé au « droit fondamental » en parlant de la mort, ils n’ont rien fait d’autre qu’un geste politique, comme souvent, pour affirmer des interdits. Quand Jacques Chirac a dit NON à Vincent, il a fait la même chose.

 

Nous, comment réagissons-nous quand quelqu’un prétend nous imposer un choix important dont nous ne voulons pas ? Comment peut-on prétendre d’être dans la peau d'un autre? Et la vie, avec ses mille facettes pleines d'imprévus indépendants de notre volonté, ne nous permet-elle pas ou, au contraire, ne nous empêche-t-elle pas de nous réaliser, suivant le cas ? Et dans toutes les décisions importantes que nous prenons au cours de notre vie, sommes-nous toujours pleinement conscients des conséquences qu’elles vont entraîner, ou bien, au contraire, ne sommes-nous pas toujours poussés par un fond de contexte affectif (pour ou contre) qui rend nos désirs et nos opinions subjectifs ? Certains se réfèrent volontiers au livre de Jean-Dominique Bauby « Le scaphandre et le papillon ». A-t-il apporté un soulagement à son auteur ou à ceux qui n’arrivent plus à supporter leur condition de vie ou, son succès a-t-il été au soupir de soulagement de tout ceux qui se sont sentis rassurés ? Ne s’agissait-il pas au contraire d’un cri de douleur incompris ? Quelqu’un nourrit-il des doutes sur le livre de Vincent ?

 

L’homme naît avec toute l’ambivalence qui le caractérise et c’est la vie qu’il rencontre qui oriente, canalise, et détermine ses choix, non pas une fois pour toute, mais jour après jour. Et c’est pour cela  que je revendique LE DROIT à l’euthanasie, sans vouloir entrer dans l’importante nuance du droit à la dignité. Dans les pays comme la Hollande, la Belgique ou la Suisse qui l’ont inséré dans leurs lois, même si de différente façon, je ne crois pas qu’il y ait plus de suicides assistés qu’ailleurs, et l’euthanasie dont on discute tant existe déjà « de fait », mais sous couvert, dans tous les pays qui la refusent. L’adoption de ces lois n’a pas généré toute la criminalité que certains prévoient. Alors, pourquoi cette nouvelle hypocrisie du « débat sans fin» au lieu de permettre un choix, cas par cas, de la solution que dicte l’amour ?  

 

Dans ce cas spécifique, personne ne peut créer une loi parfaite car elle n’existe pas. Tous les protagonistes, la personne qui désire mourir, sa famille et les médecins sont « condamnés » à faire un choix personnel face à leur conscience. Personne ne peut les obliger à la moindre décision, dans un sens comme dans l’autre. Le côté injuste de la loi actuelle, c’est justement qu’elle prétend résoudre à notre place ces cas de conscience.

 

Tout ce qu’on a pu écrire ou dire à ce sujet depuis la nuit des temps n’était, à chaque fois, qu’un point de vue personnel qu’on essayait de faire passer pour une vérité. La mort est une affaire strictement personnelle du seul fait que chaque homme l’affronte toujours seul. Personnellement et dans l’heure présente, je suis incapable d’être sûre de ce que je ferais si je me retrouvais dans la même situation que la mère de Vincent ou à la place de Vincent après son accident, mais il y a une chose de sûre, c’est que je revendique le droit de choisir pour moi-même, car, quand on a le choix de mourir, on a également le choix de vivre. 


Mots-clefs : ,

Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 4 Octobre 2003, 17:00 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Marco-Bertolini
04-10-03 à 18:10

Hypocrisie, quand tu nous tiens...

Une fois de plus, ImpasseSud, je dois constater notre communauté de pensée.

Il est vrai que tout humain devrait pouvoir décider pour lui-même : c'est la suite logique du "mon corps m'appartient" des féministes argumentant pour l'avortement.

C'est vrai qu'en Belgique, un gouvernement auquel, pour la première fois depuis cinquante ans, un parti catholique ne participait pas, a pu légiférer en la matière et autoriser l'euthanasie (qui signifie "mort heureuse, harmonieuse" en Grec) sous certaines conditions (demande consciente, accord de la famille et avis de deux médecins indépendants).

Mais, pour l'année écoulée, on ne compte que 170 cas d'euthanasie "officielle", alors que les estimations les plus optimistes concluent au double de morts accompagnées.

L'influence de l'Eglise est encore très forte en Belgique, la famille royale montre d'ailleurs l'exemple en participant de manière active au mouvement du renouveau charismatique...

Et bon nombres d'hôpitaux se déclarent ouvertement catholiques : il est clair que le malade pris en charge dans ces établissements voit son choix réduit.  Or, on ne tient pas compte de la philosophie ou de la religion de la personne malade ou accidentée quand une ambulance la transporte.  Une loi dictée par la seule économie prévoit le transport vers l'hôpital le plus proche.  Dans mon cas, un hôpital catholique dont l'unité de soins intensifs est cofinancée par une abbaye cistercienne...

Hypocrisie, quand tu nous tiens...


 
ImpasseSud
05-10-03 à 08:26

Re: Hypocrisie, quand tu nous tiens...

Conduire une urgence vers l’hôpital le plus proche, je crois que c’est une règle commune à tous les pays. Par contre, quand la religion a une mainmise sur la loi, c’est là qu’on se rend compte de sa précarité. Et si la tête de l’état donne l’exemple de l’infraction, c’est encore pire. La laïcité est quelque chose de précieux. Pour ma part, aucune religion ne me dérange, à condition qu’elle ne fasse pas de prosélytisme et qu’elle se soumette au lois en vigueur.


 
Lucanus
05-10-03 à 08:28

Je revendique également le droit à l'euthanasie car ma vie m'appartenant, de fait, je me donne le droit d'en disposer pour la conserver mais aussi pour m'en priver si je m'en donne la preuve en tenant compte de facteurs personnels dûment réfléchis.

La grande différence, pour moi, entre l'euthanasie et le suicide réside dans le fait que l'euthanasie serait libératoire de souffrances physiques sans issue tandis que le suicide serait dicté par une détresse liée au domaine psychique. Cette comparaison est un tantinet réductrice mais elle est un repère personnel si mon état de santé venait à se dégrader soudainement (cancer). Elle n'a pas vocation à chercher à convaincre quiconque. Dans ce cas extrême, toute publicité publique serait évitée, seul un très étroit cercle de personnes avisées en serait informé.

La loi n'a rien à imposer dans le choix personnel d'un individu face à la mort. En lisant le commentaire de Marco j'en suis encore plus convaincu.


 
Marco-Bertolini
05-10-03 à 12:21

Re: Re: Hypocrisie, quand tu nous tiens...

Je suis entièrement d'accord avec toi lorsque tu affirmes que la laïcité est un bien précieux.

Mais à cet égard, la France occupe une position que je crois unique en Europe et peut-être au monde.

Le cas de la Belgique est assez différent.  La séparation de l'église et de l'état y est beaucoup plus récente et beaucoup moins nette qu'en France.

La laïcité n'est financée - et encore, pas à hauteur des cultes catholiques, protestants ou musulmans - que depuis quelque deux ans...  C'est dire si son avance est lente.

Par ailleurs, fortement soutenue par la Franc-Maçonnerie - le Grand Orient en particulier - elle a tendance a être assez sectaire et fermée sur elle-même : elle est beaucoup plus "bouffeuse de curés" que peut l'être une laïcité ouvertement vécue et défendue par l'Etat au titre d'une de ses valeurs fondamentales et constitutives.

Enfin, sa presse et en particulier son mensuel dont le nom m'échappe est beaucoup plus préoccupée par les voyages et les déclarations de Jean-Paul II que ses homologues catholiques, ce qui est un comble...

Enfin, le fait d'être conduit vers l'hôpital le plus proche est sans doute rationnel, mais celui de ne pas voir ses opinions philosophiques respectées pour cause d'actionnariat catholique l'est beaucoup moins.

Bises et bonne fin de week-end.


 
jijibtf
13-02-04 à 12:35

Re: Re: Re: Re: Hypocrisie, quand tu nous tiens...

Ouais je suis d'accord