18 heures. Une sirène de la police, une sirène d’ambulance, puis deux, puis trois. Assise à mon PC, je n’y prête guère attention. Probablement un accident sur l’autoroute. Mais quelques minutes plus tard, ça recommence, deux, trois, quatre, cinq sirènes, puis les pompiers. En l’espace de quelques minutes le bruit devient assourdissant, infernal, mais, - ce qui est surprenant -, ininterrompu. Que s'est-il passè ? Je finis par me lever et vais sur mon balcon. A une centaine de mètres, sur la bretelle d’autoroute qui permet l’accès au port, il y un va et vient incessant, une procession clignotante qui illumine la nuit d’angoisse. Je reviens à mon PC et me connecte aux dernières dépêches : il s’agit d’un accident dans le Détroit, un porte-conteneurs a éperonné un des hydroglisseurs qui fait la navette entre Reggio de Calabre et Messine.
Il y avait 155 passagers à bord, des habitués, car ici chacune des deux villes est la banlieue de l'autre. Un incendie s’est immédiatement déclaré, vite dompté heureusement, mais certains, pris de panique dans ce cercueil sans lumière qui commençait à gîter, se sont jetés à la mer, dans la nuit, dans le froid, dans les vagues. Heureusement le temps était limpide, les marins du porte-conteneurs ont lancé des cordes et élingué l’hydroglisseur pour l’empêcher de couler. Les secours sont très vite arrivés.
Tout le monde est resté collé à son petit écran où les chaînes locales nous tenaient au courant. Le téléphone sonnait de temps en temps pour savoir si I. n’était pas à bord. Non, heureusement. Le bilan actuel est de 4 morts (tous membres de l’équipage) et 88 blessés.
Des drames de la mer, il y en a si souvent. Mais jusqu'ici, le Détroit au trafic si intense semblait toujours y échapper. Aujourd’hui la navette a repris….
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Commentaires et Mises à jour :
Re:
Pierre, tes réflexions sont très justes.
Ce qui m'a choquée, dans cet accident, c'est son mécanisme qui semble incroyable. Dans le Détroit, du fait de sa conformation longitudinale, la règle en vigueur est la priorité à droite. Comment est-il possible que le capitaine de l'hydroglisseur ait fait une erreur aussi grossière ? On parle de la présence d'un ferry qui, à droite de l'hydroglisseur aurait masqué l'arrivée du porte-conteneurs. C'était également l'heure entre "chien et loup". On ne saura probablment jamais ce qui s'est passé exactement vu que le capitaine et le chef des machines sont décédés l'un et l'autre et qu'aucun des passagers n'a vu quoi que ce soit.
Re: Re:
Cet espace temps appelé "chien et loup" , comme tu dis, où notre ancêtres ne distinguaient plus un chien d'un loup, est la cause de bons nombres d'accidents et d'erreurs de conduite malheureusement. Tant que l'homme devra être aux commandes, il sera toujours vulnérable et c'est ce qui le distingue de la machine, qui elle, n'a pas d'état d'âme et qui fait fi de toutes les conditions bonnes ou mauvaises.
J'ai vu les images télés de cet accident, ce dût être terrible pour ceux qui ont été traîné sur plusieurs mètres dans cet amas de tôles broyées dans l'eau de mer et qui ne sont peut-être pas morts sur le coup, et choquant pour les rescapés qui ont dût compter les secondes et les minutes, avant que tout cela s'arrête...! Le progrès est une adaptation à un mode de vie de plus en plus pressé et le stress fait parti de cet escalade sans fin...
Re: Re: Re:
Pour répondre à ton premier paragraphe : hier j'ai suivi une des nombreuses discussions à ce sujet, car, comme tu peux l'imaginer les langues vont bon train, et, une fois de plus, on est à la recherche d'une solution "parfaite" qui éliminera toutes les possibilités d'accident. Un haut gradé de la marine disait que bien sûr on pouvait rendre plus sévère la réglementation du trafic (mais ici on touche à la réglementation internationale !!!), imposer l'utilisation de la technologie la plus avancée, mais que cela ne changerait absolument rien au fait qu'en mer toutes les décisions sont exclusivement du ressort du commandant. Ce que pour ma part je trouve parfaitement juste, mais qui, hélas, inclut l'erreur humaine. Dans le cas présent, c'est bien ce qui s'est produit.
En ce qui concerne le déroulement de l'accident, ce qui m'a terriblement angoissée, c'est le fait qu'au début on parlait de dispersés en mer. S'agissant d'un transport public fréquenté par des gens avec des abonnements, savait-on exactement combien de personnes étaient à bord ? Et vu qu'il faisait nuit, je me demandais comment on allait faire pour être sûrs qu'on avait récupéré tout le monde. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer une ou deux passagers appelant au secours dans l'eau froide, luttant contre les courants et à bout de forces, mais que personne n'entendait à cause des cris et du bruit.
Je pense à ces choses-là à chaque fois que je monte sur un bateau. J'aime la mer comme paysage, j'en jouis en été, mais autrement ce n'est vraiment pas mon élément, je préfère nettement le plancher des vaches.
Que dire, sinon de constater notre impuissance face à de tels accidents. Il est des endroits tellement surchargés en mouvement de toutes sortes de véhicules crées par l'homme pour lui faciliter la vie, mais, qui, de temps en temps "se fait payer" en vies humaines. J'ai été aussi très proche de cet énorme ébouli qui a coupé l'île en deux en 2006... -lien- mais ici, c'est la nature qui a bougé.
Je plains les familles endeuillées de cet équipage, qui ne faisait que son travail, pour réduire le temps de passage des travailleurs d'une île à l'autre. Merci pour tes précisions, ImpasseSud.