Ce livre sortira en France d'ici la fin du mois. Pour ma part, je l’ai lu en mars dernier, lors de sa sortie en Italie. Ce qu’il contient, on peut en trouver une brève synthèse ici. En fait, les textes qui y sont réunis ont été écrits entre janvier 2000 et fin 2005, et j’ai eu l’agréable impression qu’Umberto Eco y avait abordé toutes les perplexités qui assaillent régulièrement mon esprit à propos de la marche à reculons emboîtée par notre société actuelle depuis la fin du précédent millénaire :

Le retour des guerres chaudes, les incertitudes de l’Union Européenne et le retour aux nationalismes et régionalismes, la mode du populisme médiatique, la prépondérance des jeux et de l’ésotérisme, la montée des intégrismes et l’affrontement entre Chrétienté et Islam, le retour de l’antisémitisme, les mots qu’on transforme en pierres, la confusion entre science et magie, la remise en question des rapports entre Eglises et Etats, l’effritement de l’enseignement publique en faveur du privé et les différents révisionnismes, la perte progressive de l’intimité de nos vies et de nos libertés, le retour impérieux des jeux de rhétorique pour défendre la prévarication et le politiquement correct, etc. etc. 

Ce livre est vraiment ample, intéressant, la lecture en est aisée et l'humorisme très souvent en clin d'oeil. La dernière page tournée, on ne le range pas tout de suite dans sa bibliothèque, on le garde à portée de main car on le rouvre souvent, suite à tel ou tel évènement, telle ou telle circonstance. Les quelques chapitres ou paragraphes plus spécifiques à l’Italie élargissent l’horizon, dévoilent des expédients universels.  « Ce livre ne propose pas tant de recommencer à aller de l'avant que d'arrêter, au moins un peu, ce mouvement rétrograde. » 

Je ne sais pas si le quatrième de couverture français portera la traduction du quatrième de couverture italien : « I tempi sono oscuri, i costumi corrotti e anche il diritto alla critica viene indicato al furor popolare. Pubblico pertanto questi scritti all’insegna di quella antipatia positiva che rivendico. » (« Les temps sont sombres, les coutumes corrompues, et on signale même le droit à la critique à la fureur populaire. C’est pourquoi je publie ces écrits à l’enseigne de l’antipathie positive que je revendique. »). En attendant, je le fais mien, car moi aussi je revendique ce droit à l'antipathie positive.

A lire absolument si vous désirez faire le point sur la société dans laquelle nous vivons.

PS : Pour se faire un idée du style de ce livre, on peut aller lire à cette adresse les six articles qu'Umberto Eco a publié dans Le Monde du 07 au 12 août 2006.

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