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Eco Umberto, "Baudolino"; Hervé Bazin, "Au nom du fils", Antoine de Saint-Exupéry "Terre des hommes"
--> ... En attendant

Mon ordinateur personnel est silencieux depuis près de trois semaines, et je ne sais pas pour combien de temps encore... Cependant, j'ai la possibilité de squatter, et je dois dire que j'en suis enchantée pour deux bonnes raisons. Tout d'abord, étant l'hôte de Linux et de Mozilla, j'ai dû me lancer tête bassée dans le code Ascii et l'HTML, et je suis stupéfaite par le plaisir que j'y prends et les résultats que j'obtiens. Ensuite, cela m'a obligée à laisser de côté l'actualité, de plus en plus déprimante, pour retrouver les livres qui m'attendaient sur mes étagères.

 

Je viens de terminer "Baudolino" d'Umberto Eco. Disons qu'on passe un très bon moment, léger. J'ai aimé la liberté que l'auteur prend avec l'ensemble le l'histoire au XII siècle, en Europe de l'Ouest et au Moyen-Orient, une liberté où, connaissant assez bien la mentalité italienne, j'ai savouré pleinement les mensonges ingénieux de Baudolino, les détails de son rapport subtil avec Fréderic Barberousse, les drôleries de sa vie parisienne, le récit des guerres entre les communes italiennes faites d'alliances et de mésalliances continuellement dénoncées et trahies, un aspect surprenant des croisades avec le commerce des reliques et le pillage de Constantinople, son voyage fabuleux vers l'Orient à la recherche du Graal, où, par la bouche des montres les plus sympathiques ou antipathiques Umberto Eco nous dévoile un vaste évantail de pensées et d'opinions, jusqu'au dénouement, comme celui d'un roman policier, qui vous fait perdre le souffle en cinquante pages. Bien sûr, j'ai préféré "Le nom de la rose", mais j'ai lu facilement les 600 pages de Baudolino, et souri assez souvent dans l'atmosphère de fantaisie hilare qui caractérise ce roman, malgré tous les massacres, les occupations belliqueuses, les vols, les incendies et autres occupations de dévastation. Pour tous ceux qui ont besoin d'une petite dose d'humour.

 

Dans un tout autre genre, - il y a quelques temps, j'ai hérité d'une trentaine de livres dont ma famille ne voulait pas -, "Au nom du fils" d'Hervé Bazin. Il raconte l'histoire d'un père de trois enfants, qui finit par s'attacher bien plus au troisième, alors qu'il est pratiquement sûr qu'il n'est pas de lui. Paru en 1960, il date, assurément, mais c'est avec plaisir que j'ai retrouvé l'écho de ce que j'ai entendu raconter par mes aînés quand, une certaine lumière dans les yeux (celle de l'espoir?), ils me parlaient de leur jeunesse, dans les années 50, une vie bien plus simple, sans aucun doute plus facile parce que pleine de points de repères assez nets, faites de joies et de peines bien plus naturelles qu'aujourd'hui. Pour les nostalgiques.

 

 Le fait qu'un morceau de l'avion d'Antoine de Saint-Exupéry ait été retrouvé au large de Marseille m'a donné l'envie de dépoussiérer les quelques volumes que je possède. "Terre des Hommes" par exemple, dans une vieille édition de chez Gallimard, juste pour savoir où j'en suis par rapport à cet auteur qui a enthousiasmé ma jeunesse. Je n'en ai lu que vingt pages, mais ce qui m'a tout de suite frappée, dans l'immense chaos de notre société trop pleine d'évènements bruyants ou du trop grand bruit que l'on fait autour de chaque évènement, c'est le silence, la réflexion, le temps par rapport à l'homme, le temps fait pour l'homme, l'homme qui peut se mesurer au temps et à l'espace, une terre à mesure d'homme. Ce concept aujourd'hui semble tellement dépassé, où on colle toujours un flot, que dis-je, un océan de paroles sur le moindre fait. "J'ai toujours, devant les yeux, l'image de ma première nuit de vol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, comme des étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine.. Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d'une conscience. Dans ce foyer, on lisait, on réfléchissait, on poursuivait des confidences. Dans cet autres, peut-être, on cherchait à sonder l'espace, on s'usait en calculs sur la nébuleuse d'Andromède. Là on aimait. De loin en loin luisaient ces feux dans la campagne qui réclamaient leur nourriture. Jusqu'aux plus discrets, celui du poète, de l'instituteur, du charpentier. Mais parmi ces étoiles vivantes, combien de fenêtres fermées, combien d'étoiles éteintes, combien d'hommes endormis... Il faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer de communiquer avec quelques-uns de ces feux qui brûlent de loin en loin dans la campagne." Vieillot ce texte?... Mais ne continue-t-on pas à essayer de communiquer... Il faut que je me dépêche de retourner à ma lecture!


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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 10 Avril 2004, 19:33 dans la rubrique "J'ai lu".

Commentaires et Mises à jour :

PierreDesiles
12-04-04 à 20:40

Pour un ordi en panne, je trouve que tu tape tes textes sacrément vite, et surtout, sans oublier l'analyse qui te caractèrise.

Merci, ImpasseSud, pour toutes ces informations enchanteresses sur tes lectures, dont je me plais à rêver de te les entendre conter...! C'est ça aussi l'imaginaire de l'écriture.


 
ImpasseSud
13-04-04 à 13:02

Re:

:-).... J'aimerais quand même bien récupérer mon ordi, car je ne peux plus organiser mon temps qu'en fonction de la disponibilité de l'autre ordi... et ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour lire sur Internet :-)))) En tout cas, cette panne aura eu le mérite de m'obliger à accroître mes connaissances en informatique :-))))