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Elections législatives italiennes : considérations

Que je dise deux choses en avant-propos. Tout d’abord, que bien qu’étant résolument de gauche, j’avais poussé un immense soupir de soulagement à la chute du gouvernement Prodi ; ensuite, que je n’ai suivi cette campagne électorale que de loin, sachant déjà, comme la plupart des Italiens, exactement à qui j’avais à faire dans toutes ces listes sans surprises. Aujourd’hui, alors qu’il n’y a plus d’inconnues et que Berlusconi a gagné avec un avantage non négligeable qui lui permettra de former un gouvernement stable, mes réflexions sont les suivantes :

 

1)     Avant tout, qu’il va sans doute me falloir continuer, pendant cinq ans, à avaler des couleuvres ou à mettre la tête dans le sable. Car Berlusconi au pouvoir (réélu par l’ensemble du centre-droit qui l’avait porté au pouvoir en 2001), cela signifie dynamisme dans les décisions (avant tout, celles qui servent sa propre personne !), manque de retenue dans les déclarations et même exubérances répétées à longueur de journée, économie douteuse avec une réduction des impôts sans critères, et, par conséquent, abandon du secteur public et caisse de l’Etat vides (c’est ce à quoi Prodi, pressé par Bruxelles, a tout d’abord dû remédier), et légalité accommodante. Mais cela signifie aussi qu’il va de nouveau falloir compter avec le chantage violemment raciste et fédéraliste de la Lega del Nord (pourtant si riche en bonnes idées pragmatiques) qui fait partie de sa coalition, mais sans laquelle il n’aurait plus la majorité absolue à la Chambre des Députés et au Sénat ; l’une et l’autre tout aussi décisionnels en Italie.


2)    
Personne ne doutait vraiment de l’échec du Partito Democratico, récent et maladroit ramassis de tout le centre-gauche. Malgré sa belle campagne électorale (à l'américaine), Walter Veltroni, son secrétaire, n’a pas réussi à effacer le profond sentiment de découragement généré au sein de l’ensemble de l’électorat de gauche par la totale incapacité décisionnelle du gouvernement Prodi, avec son augmentation des impôts pour tous (même pour les moins aisés), son mépris (voire physique et affiché !) des problèmes en suspens devenus de véritables urgences et dont je m’abstiendrai de dresser la très longue liste, et sa vile subordination aux USA et au Vatican. Le seul point positif de sa courte carrière : la chasse à l'évasion fiscale….. qui maintenant va profiter à Berlusconi, et sans doute …. ralentir.


3)    
Du fait du seuil minimum requis de 4% des voix, des 15 et plus partis en lice pour ces élections, il ne reste plus que 5 factions au Parlement. Ce qui, au fond, n’est pas si mal, car un Parlement fait d’individualismes est obligatoirement voué à l’immobilisme. Cependant, si la défaite de l’extrême-droite me laisse indifférente car elle avait bien peu de chances, je salue celle de l’Arcobaleno, unique coalition de deux partis communistes, de l’extrême-gauche et des Verts qui, tout comme le Parti Socialiste disparaissent purement et simplement du Parlement italien où ils siégeaient, pour certains, depuis plusieurs dizaines d’années, comme une leçon plus que méritée, dont ils avaient besoin depuis longtemps. Comment peut-on être Verts et au gouvernement, et rester sans solution efficace face au problème des ordures de Naples, immobiles face à la recrudescence de la pollution, et complètement inadéquats face à l’énorme dépendance italienne en matière d’énergie ? Ici, on paie des notes d’électricité et de gaz astronomiques ! Quant à l’extrême-gauche, son manque de discernement n’était plus un secret pour personne. Quand, par exemple, elle se rebelle à l’éternel esprit de vassal (de gauche comme de droite) dont l’Italie n’arrive pas à se débarrasser face aux Etats-Unis (à moins que ce ne soit sa façon actuelle de compter sur le plan international où elle a désormais perdu bien des points), elle représente sans aucun doute une bonne partie de l’électorat italien (de droite comme de gauche). Mais quand elle prend systématiquement et aveuglément parti pour les délinquants quand il s’agit d’immigrés, il y a là un manque total de bon sens dont l’opinion publique a désormais carrément la nausée, et, qui plus est, finit même par nuire à tous les immigrés qui cherchent à s’intégrer honnêtement. Quant aux vrais communistes... Quelle est leur raison d’être s’ils hésitent à agir, tolèrent malfrats, corrompus et corrupteurs dans leurs faibles rangs, et se contentent d'éternels palabres?

4)     Une fois encore, peu de femmes* parmi les élus. Rien de surprenant vu qu’elles étaient déjà peu nombreuses dans les listes. Berlusconi a annoncé qu’il mettrait 4 femmes dans son gouvernement… Prodi en avait 6…. L’Italie a encore beaucoup à apprendre de ses partenaires européens.

5)     Le but de Berlusconi, - il l’a annoncé, durant sa campagne, - c’est d’arriver rapidement à la Présidence de la République, une présidence à la française, élue au suffrage universel…. Il va donc sans doute chercher à évincer (va savoir comment) le Président actuel, Giorgio Napoletano, qui en a encore pour cinq ans ; et, en même temps, à élargir son électorat … Et là aussi, va savoir comment.

 

Il ne reste donc plus qu’à attendre…, en essayant de ne pas se laisser continuellement écraser par l'indignation. Certaines époques ne sont pas faites pour l'espoir...

 

 

P.S. Pour se faire une idée de la question, lire le dossier qu'a publié  le quotidien Les Echos : L'Italie à l'heure des législatives


* Mise à jour du 16.04.08 : Les femmes élues sont 133 à la Chambre, c'est-à-dire 21,1% du total, et 55 au Sénat, c'est-à-dire 17,4 %.

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Mardi 15 Avril 2008, 15:08 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

PierreDesiles
15-04-08 à 20:06

Italie - France même combat...!?

Merci ImpasseSud pour cette explication sur la politique italienne en cours. Il est vrai que seule la presse nous enforme de ce qu'on veut bien lui donner comme version officielle. Mais avec le recul d'un soixante-huitard endurci,, on ne se laisse plus berner par ce genre de personnages qui n'ont d'autres ambitions que les leurs, avec la ferme intention de marquer l'histoire de leur passage au plus haut sommet !

On a ce qu'il faut en France comme girouettes à pirouettes, ou agitateur de drapeau national, avec la corne d'abondance pleine de promesses électorales sans suite... mais la crédulité du peuple n'a pas de prix !

PS: Bravo pour la photo, elle en dit long sur l'avenir incertain de l'Italie !

Bon courage...


 
ImpasseSud
16-04-08 à 07:34

En Italie c'est pire

Cher Pierre,
Merci à toi pour ce commentaire qui encadre on ne peut mieux la situation.

Moi qui suis parfois lente à la réaction, ce matin je suis carrément atterrée.
La gauche, la vraie, a disparu du Parlemment italien. Ici, on qualifie ces résultats de tremblement de terre.

 
sarah-k
17-04-08 à 10:22

France-Italie , pour un monde pire

Va t-on se bouger pour les ordures à Naples ?
J'avais lu avec stupéfaction les articles que tu avais fait à ce propos.

 
ImpasseSud
17-04-08 à 13:55

Re: France-Italie , pour un monde pire

Berlu a dit que ce serait une de ses deux premières priorités (la seconde étant le sauvetage d'Alitalia). Espérons donc qu'il se décide à faire ce que, tout comme Prodi, il n'a pas fait durant son règne précédent de 2001 à 2006. Un problème qui date de 14 ans !!! Et, toujours du côté des ordures, il paraît que Rome est au bord de l'abîme, ses décharges sont toutes pleines ou déjà sous forme de collines.

 
ImpasseSud
19-04-08 à 11:31

Re: France-Italie , pour un monde pire... et problèmes des ordures résolu !!!

Sarah, pour les ordures de Naples, Berlu a tenu sa promesse. Comme l'écrit La Stampa, trois jours ont été suffisants pour que toutes les nouvelles à ce sujet disparaissent des JT de toutes les chaînes nationales !!!!!