Que je dise deux choses en avant-propos. Tout d’abord, que bien qu’étant résolument de gauche, j’avais poussé un immense soupir de soulagement à la chute du gouvernement Prodi ; ensuite, que je n’ai suivi cette campagne électorale que de loin, sachant déjà, comme la plupart des Italiens, exactement à qui j’avais à faire dans toutes ces listes sans surprises. Aujourd’hui, alors qu’il n’y a plus d’inconnues et que Berlusconi a gagné avec un avantage non négligeable qui lui permettra de former un gouvernement stable, mes réflexions sont les suivantes :
2) Personne ne doutait vraiment de l’échec du Partito Democratico, récent et maladroit ramassis de tout le centre-gauche. Malgré sa belle campagne électorale (à l'américaine), Walter Veltroni, son secrétaire, n’a pas réussi à effacer le profond sentiment de découragement généré au sein de l’ensemble de l’électorat de gauche par la totale incapacité décisionnelle du gouvernement Prodi, avec son augmentation des impôts pour tous (même pour les moins aisés), son mépris (voire physique et affiché !) des problèmes en suspens devenus de véritables urgences et dont je m’abstiendrai de dresser la très longue liste, et sa vile subordination aux USA et au Vatican. Le seul point positif de sa courte carrière : la chasse à l'évasion fiscale….. qui maintenant va profiter à Berlusconi, et sans doute …. ralentir.
3) Du fait du seuil minimum requis de 4% des voix, des 15 et plus partis en lice pour ces élections, il ne reste plus que 5 factions au Parlement. Ce qui, au fond, n’est pas si mal, car un Parlement fait d’individualismes est obligatoirement voué à l’immobilisme. Cependant, si la défaite de l’extrême-droite me laisse indifférente car elle avait bien peu de chances, je salue celle de l’Arcobaleno, unique coalition de deux partis communistes, de l’extrême-gauche et des Verts qui, tout comme le Parti Socialiste disparaissent purement et simplement du Parlement italien où ils siégeaient, pour certains, depuis plusieurs dizaines d’années, comme une leçon plus que méritée, dont ils avaient besoin depuis longtemps. Comment peut-on être Verts et au gouvernement, et rester sans solution efficace face au problème des ordures de Naples, immobiles face à la recrudescence de la pollution, et complètement inadéquats face à l’énorme dépendance italienne en matière d’énergie ? Ici, on paie des notes d’électricité et de gaz astronomiques ! Quant à l’extrême-gauche, son manque de discernement n’était plus un secret pour personne. Quand, par exemple, elle se rebelle à l’éternel esprit de vassal (de gauche comme de droite) dont l’Italie n’arrive pas à se débarrasser face aux Etats-Unis (à moins que ce ne soit sa façon actuelle de compter sur le plan international où elle a désormais perdu bien des points), elle représente sans aucun doute une bonne partie de l’électorat italien (de droite comme de gauche). Mais quand elle prend systématiquement et aveuglément parti pour les délinquants quand il s’agit d’immigrés, il y a là un manque total de bon sens dont l’opinion publique a désormais carrément la nausée, et, qui plus est, finit même par nuire à tous les immigrés qui cherchent à s’intégrer honnêtement. Quant aux vrais communistes... Quelle est leur raison d’être s’ils hésitent à agir, tolèrent malfrats, corrompus et corrupteurs dans leurs faibles rangs, et se contentent d'éternels palabres?
4) Une fois encore, peu de femmes* parmi les élus. Rien de surprenant vu qu’elles étaient déjà peu nombreuses dans les listes. Berlusconi a annoncé qu’il mettrait 4 femmes dans son gouvernement… Prodi en avait 6…. L’Italie a encore beaucoup à apprendre de ses partenaires européens.
5) Le but de Berlusconi, - il l’a annoncé, durant sa campagne, - c’est d’arriver rapidement à
Il ne reste donc plus qu’à attendre…, en essayant de ne pas se laisser continuellement écraser par l'indignation. Certaines époques ne sont pas faites pour l'espoir...
P.S. Pour se faire une idée de la question, lire le dossier qu'a publié le quotidien Les Echos : L'Italie à l'heure des législatives
* Mise à jour du 16.04.08 : Les femmes élues sont 133 à la Chambre, c'est-à-dire 21,1% du total, et 55 au Sénat, c'est-à-dire 17,4 %.
Commentaires et Mises à jour :
En Italie c'est pire
Merci à toi pour ce commentaire qui encadre on ne peut mieux la situation.
Moi qui suis parfois lente à la réaction, ce matin je suis carrément atterrée.
La gauche, la vraie, a disparu du Parlemment italien. Ici, on qualifie ces résultats de tremblement de terre.
France-Italie , pour un monde pire
J'avais lu avec stupéfaction les articles que tu avais fait à ce propos.
Italie - France même combat...!?
Merci ImpasseSud pour cette explication sur la politique italienne en cours. Il est vrai que seule la presse nous enforme de ce qu'on veut bien lui donner comme version officielle. Mais avec le recul d'un soixante-huitard endurci,, on ne se laisse plus berner par ce genre de personnages qui n'ont d'autres ambitions que les leurs, avec la ferme intention de marquer l'histoire de leur passage au plus haut sommet !
On a ce qu'il faut en France comme girouettes à pirouettes, ou agitateur de drapeau national, avec la corne d'abondance pleine de promesses électorales sans suite... mais la crédulité du peuple n'a pas de prix !
PS: Bravo pour la photo, elle en dit long sur l'avenir incertain de l'Italie !
Bon courage...