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Fausses prévisions météo pour un Lundi de Pâques

La météo avait prévu et annoncé une journée maussade, même avec de la pluie ! Depuis quelques temps, on dirait qu’ils (?) éprouvent une sorte de jouissance à nous prédire le moche, le pire, voire le catastrophique. Est-on plus sérieux parce qu’on annonce du mauvais temps ? Le beau temps serait-il indice de légèreté ? Il est plus probable, au contraire, que lever le nez ne fasse plus partie des nécessités, que ce système soit démodé. Et pourtant, au niveau régional, cela marche, je peux vous l'assurer, car, le temps qu'il fera, moi je le sais bien souvent à l'avance.


Oh, je n’ai rien d’une cartomancienne ou d’un oracle. Je n’ai aucun don particulier, si ce n’est celui de l’observation. Cela depuis des années et peu importe où je me trouve. Ici, je regarde le ciel, la mer, le degré de limpidité de l’air, je suis attentive au vent qui souffle, à sa force, à sa provenance. Comme dans un rite, je me tourne vers le nord, puis vers le sud, et je sais. Ici, non seulement je me trouve entre mer et maquis, mais je me trouve également entre deux mers, et le temps qu’il fait sur une mer n’est pas forcément celui qu’il fait sur l’autre. Par exemple, en été, il est bon de savoir si c’est la mer du sud ou celle du nord qui sera calme, pour pouvoir nager tout son sou si on n’aime pas les vagues. A votre avis, les météorologues les savent ces choses-là ?


Ce matin, donc, il devait faire mauvais temps, pleuvoir même. Mais, au contraire, le vent qui hier soufflait du sud, ce matin soufflait du nord, formant même quelques vaguelettes d’écumes. La mer était bleu de Prusse, le ciel, d’un azur infini, la température dépassait 20 °, nous n’avons pu résister.

Et hop ! sur le long de mer, cette belle promenade à fleur d’eau, de près de deux kilomètres de long, entre les flots et les arbres toujours verts. Le soleil qui réchauffe l’atmosphère, la montagne où étincelle une neige tardive, les collines qui tournent au violet de l’été, les mouettes qui délaissent les rochers, la plage qui commence à se peupler, et nous qui marchions d’un bon pas, un sourire dans les yeux, cherchant à emprisonner aux fond de nos poumons la plus grande partie de ce bonheur.

 

Il faut savoir qu'en Italie il y a une tradition à laquelle personne ne peut se soustraire. Dans l'année, il y a trois jours où tout le monde sort de chez soi : le lundi de Pâques (la Pasquètta), le 1er mai et le 15 août (Ferragòsto). Dans la mesure du possible, bien entendu, il faut absolument aller, en famille (au sens le plus large du terme sur ces bords de la Méditerranée), faire un pique-nique quelque part, au bord de la mer, à la campagne, à la montagne, dans sa résidence secondaire si on en a une, ou, à défaut, aller au restaurant. C’est ainsi que dès les premières heures du matin, on voit des gens s'affairer autour des voitures, charger des plats préparés, des frigos, des boissons, et parfois même un barbecue, s’attendre et s'interpeler aux carrefours, voyager en procession….

 

Personnellement, je crains un peu l’instint grégaire… Si fait que ce matin, sans aucun projet, ce n’est pas la famille au sens large qui nous a tirés du lit, mais l’envie de jouir du soleil, de marcher. Nos deux allers-retours sur le front de mer terminés (8 kilomètres !), nous n’avions absolument pas envie de rentrer. Alors, nous nous sommes souvenus d'un petit boui-boui sur les hauteurs de S., que nous avions pris l’habitude d’appeler « chiens et chats », car il y a plusieurs années, son côté plus que rustique poussait les gens à se demander si ce n’est pas ce que l’on servait à la place du lapin et de la chèvre…. Bref, personne n’en est jamais mort, et l'endroit était très sympathique. A l’époque, il fallait manger le hors-d'oeuvre directement dans le plat, sans assiette (la patronne vous regardait de travers si vous ne vous contentiez pas des couverts et d’une serviette en papier). Aujourd’hui, cependant, bien qu'il se soit agrandi, que désormais on puisse l'appeler "restaurant" et qu'on vous serve sur une table avec deux nappes et en changeant d’assiettes, le menu n'a pas changé :

Comme hors d’œuvre on vous apporte un ensemble de fromage de brebis, coppa, olives, salade de poivrons à la braise, bruschètta (pain noir grillé à la braise avec de l’huile d’olive et du piment), et des pommes de terres cuites dans la cendre, saupoudrées de piment.

Tagliatelles fraîches au ragoût de chèvre ou aux anchois avec de la chapelure.

Lapin en casserole et côtelettes d’agneau à la braise avec des pommes sautées et une salade de fenouil.

Le tout arrosé d’un petit vin rouge maison, un peu aigre, mais sans aucun doute fort en degrés (ici le soleil tape !) vu l’état de bien-être qu’il dispense….

Fruits que nous avons refusés et, en cette circonstance, la « pastiera », gâteau pascal typique du sud de l’Italie, fait d’une croûte en pâte brisée farcie de fromage de brebis frais, de grains de blés macérés dans un coulis sucré et de fruits confis.

Il ne manquait plus qu’un bon « caffè espresso » et un « limoncello » ou un « amaretto ».

Il était temps de sortir…


L'endroit est un peu isolé, et la pente pour y accéder est raide. Pour rejoindre son propre véhicule, il faut traverser une grande terrasse en surplomb, un véritable balcon suspendu sur la mer, sur lequel on a oublié quelques chaises, sciemment. Conciliants et sous l’effet du vin, une fois encore nous n’avons pas pu résister. Nous nous sommes installés sous un soleil radieux, exaltant, tiède, rieur, et immobiles nous avons laissé errer nos regards. Autour de nous et sous nos pieds, la montagne d’un vert luisant, descendant vers la mer, avec des cerisiers en fleurs, des lys à peine éclos aux corolles immaculées, un néflier, deux citronniers encore lourds de leurs fruits dorés, une vigne en train de naître sur plusieurs niveaux, deux arbres de Judée d’un rose violent, un gros laurier d'Apollon aux boules jaune crème, des champs d’herbe fraîche couverts d’oxalis des Bermudes, cette mauvaise herbe si lumineuse, si réjouissante pour la vue, des genets en fleurs. Plus bas, la mer d’un bleu profond, avec S. recueilli autour de son écueil surmonté par un château fort, sa plage grise léchée par le blanc des vagues d’un vent ayant tourné à l’ouest et tacheté par les points noirs des promeneurs, trois cargos qui décrivaient une large courbe pour passer sans problèmes entre éperon et tourbillons, des sillages et la côte dans une brume dorée.

 

Notre conversation, légère, est vite devenue éphémère, presque un murmure face à ce paysage. Magnifique journée ! Mais, au fait, ne devait-il pas faire mauvais temps ?

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Lundi 28 Mars 2005, 18:36 dans la rubrique "Méditerranée".

Commentaires et Mises à jour :

racontars
29-03-05 à 23:05

Cela fait envie. Chez ous, il a vraiment fait mauvais temps...
Les tradtions des piques niques obligatoires à ces trois dates, je les retrouve en Guadeloupe... Mais je les aime bien. Sans doute prce que je n'en profite que rarement. Mais la plage, aux Antilles, avec toutes les familles qui campent, c'est une abiamce....

 
ImpasseSud
30-03-05 à 08:10

Re:

J'imagine!!!! :-)
En fait, on retrouve cela dans de nombreux pays où le climat le permet. Je viens de tomber sur un récit relatif aux festivités qui accompagnent le Nouvel An iranien (Nowrouz, le 21 mars) : le 13ème jour du premier mois de l'année nouvelle (Favardin), toutes les familles doivent aller faire un pique-nique dans un champ très herbu se trouvant sur le bord d'un fleuve ou d'un cour d'eau.
Comme il s'agit du récit d'un Iranien vivant en Iran, je vais peut-être le reproduire ici...