Quand un chômeur et un millionnaire commettent la même infraction au code de la route, est-il juste qu’ils paient la même amende ? On discute de la proportionnalité des peines et du principe d’égalité depuis le temps de la loi du talion. Mais un courant de pensée, assez actuel et de plus en plus diffus, soutient qu’il n’est pas juste de faire payer les mêmes amendes aux riches et aux pauvres. Les riches doivent payer moins cher ou ne pas payer du tout, vu qu’il est évident que l’agent qui a constaté l’infraction était sans aucun doute un ancien gauchiste mal intentionné.

Trêve de plaisanterie. En Finlande, pays des rennes et des utopies, on a, au contraire, décidé de procéder suivant les revenus. Et Jussi Salonoja, héritier d’une entreprise de jambons, pincé en train de conduire avec trop de fougue dans le centre d’Helsinki, a reçu une note de 170.000 Euros. Une énormité pour la plupart d’entre nous, mais pas pour lui. Il paraît que cela ne représente qu’un peu plus que le 1/365 de ce que ce jeune homme a déclaré au fisc l’année dernière.

Les Finlandais ont au moins le mérite de la sincérité. En modulant les amendes sur la grosseur du portefeuille du coupable, ils confirment que l’amende n’est plus une contravention, mais un prélèvement obligatoire pour remplir les caisses de l’Etat, et que pour cela on peut lui appliquer la progressivité qui caractérise les impôts sur le patrimoine.