"Le vrai Cantat" : c'est le titre de la couverture du dernier numéro du Nouvel Observateur. Aucun doute, cet hebdomadaire est en mal de nouvelles. C'est probablement parce que tout est au mieux dans le meilleur des mondes. A moins que ses ventes ne soient en baisse.... et qu'il n'envie les tirages de la presse-fouineuse.
On a longtemps taxé d'hypocrisie l'habitude millénaire de laver son linge sale en famille. Mais il semble qu'elle vient de s'écrouler. Non seulement on déballe tout sur le petit écran, mais désormais il est à la mode de révéler ses secrets de famille en librairie. A vrai dire, je n'ai pas suivi la chose de près, mais elle n'a pas échappé à la presse étrangère. Il paraît que "Maintenant il faudra tout se dire"(1) abîme les souvenirs que nous avions d'Yves Montand et Simone Signoret, que "Tout donner"(2) raconte les souffrances du jeune Depardieu, que "Rien de grave"(3) sert à un règlement de compte et que "Pour l'Amour de Jacques"(4) exhibe tous les secrets d'alcôve.
Je ne sais pas si vous ça vous intesse, mais moi ça m'indispose. Nous avons tous des défauts, nous avons tous vécu des épisodes dont nous ne sommes pas fiers, nous avons tous des problèmes à affronter, des parents enquiquinants, des relations qui nous déçoivent, des gens qui nous aiment, d'autres qui nous trahissent. Alors, est-ce qu'il faut encore se repaître des problèmes des autres, sans aucun doute enjolivés ou enlaidis pour déclancher l'intérêt du public?
Moi, dans le spectacle, ce qui me plaît c'est le spectacle. Je ne veux pas savoir ce qui se passe dans les coulisses. J'ai horreur qu'on m'explique le montage des films, ou la clef des effets spéciaux. Je ne veux même pas connaître les états d'âme des acteurs ou des chanteurs. Leur vie privée ne peut qu'être "humaine", avec ses hauts et ses bas, et son étalage détruit toute la magie de leur art. Yves Montand me plaisait dans ses chansons et ses films, et j'ai aimé le demi-cheveu sur la langue de Simone Signoret. Quand j'entends parler de Depardieu, le seul qui soit digne d'intérêt, c'est Gérard, avec ses rotondités et la décision nette de ses mouvements. De Bernard-Henri Levy, il m'arrive de lire quelque chose, mais sa vie privée et celle de sa fille m'indiffèrent. Quant à Anquetil, ce sont ses belles victoires qui l'ont rendu célèbre, et ce qu'il faisait chez lui quand il rentrait, c'était son affaire et celle de ses proches.
Alors le reste, le linge sale.... Pourquoi faut-il casser le charme? Ces "figli d'arte", comme on les appelle ici, me semblent un peu frustrés, et ils me dégoûtent quand ils se mettent à cracher dans la soupe de ceux sans lesquels ils seraient certainement de parfaits inconnus. Ce déballage banal apporte-t-il quelque chose à quelqu'un? Les relations d'aujourd'hui sont-elles plus détendues ou plus vivables depuis que tout le monde pend son "moi" au balcon? Selon certains, il s'agit d'une preuve d'immaturité. Je ne suis pas loin d'être d'accord.
C'est pour cela que je ne vois pas bien quel peut être l'intérêt d'un hebdomadaire comme le Nouvel Observateur pour une vulgaire affaire de violences. Pour ma part, j'aime me laisser transporter par la magie d'une belle chanson, d'un bon film, d'une belle pièce, d'une belle oeuvre. Alors le linge sale.... Que chacun garde ses secrets.
(Sources : L'Espresso) (1) Benjamin Castaldi, (2) Guillaume Depardieu, (3) Justine Levy, (4) Sophie Anquetil.
Commentaires et Mises à jour :
Re:
Combien de textes intéressants et bien écrits refuse-t-on pour leur donner la priorité?