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France : Utopie ou bon sens ?

Le Ministère de la Justice français a ouvert depuis peu, sur Internet, un site qui s’adresse aux adolescents : Ado-Justice, ceci afin de mettre à leur portée des notions simples qui expliquent le fonctionnement de cette institution. Il met l’accent sur cinq situations classiques : divorce, racket, abus sexuels, vol et mineurs-témoins. Personnellement, j’y ai passé plus d’un bon quart d’heure, et il m’a semblé simple, clair, et accessible à tous du fait qu’il comprend un lexique qui explique la terminologie qui est propre au domaine de la justice. N’étant pas spécialiste en la matière, je ne sais pas si l’on pouvait mieux faire, mais, pour ma part, j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une bonne initiative. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec moi.

 

Les principaux reproches que l’on fait à ce site sont les suivants :

1)     Conservition de la termanologie juridique,

2)     Les adolescents n’ont pas été consultés,

3)     Il n’y a aucun chapitre relatif à la prévention.

Je ne peux pas m’empêcher de ne pas être d’accord.

 

En ce qui concerne le premier point, si on veut que les adolescents qui, pour leur malheur, ont affaire avec ce Ministère comprennent ce dont on parle et ce qu’on leur dit, il est essentiel qu’ils connaissent cette terminologie, car elle sera utilisée par tous ceux qui parleront.

 

En ce qui concerne le deuxième point, il faut voir les choses telles qu’elles sont : les adolescents sont des mineurs et aucune société n’a jamais délégué ses pouvoir législatifs à des mineurs.

 

Le troisième point est le propos de mon article.

Je pense que la prévention n’est pas l’affaire du Ministère de la justice, mais l’affaire de l’ensemble du gouvernement en place (résultat des élections) et de toute la population d’un pays, en commençant par l’exemple fourni par la famille et l’école. Le chômage étant également sources de délinquance, il est nécessaire qu’il y ait du travail pour tous. Tout le reste, éducateurs, foyers, ZEP, ne sont qu’un emplâtre sur une jambe de bois, qu’une solution provisoire, même si parfois louable, pour contenir les méfaits d’une société décadente, et isoler ou mettre en marge les importuns. Si les adolescents, aujourd’hui, ont besoin d’un site de la part du Ministère de la Justice, c’est, à n’en pas douter, que quelque chose ne fonctionne pas quelque part.

 

Ici, je n’ai aucune intention de lancer la pierre à qui que ce soit, ni même d’émettre des jugements de valeur, car je sais très bien que la vie n’est pas facile et que bien souvent on ne fait pas ce que l’on veut mais plutôt ce que l’on peut. Je voudrais simplement essayer de suivre un raisonnement logique, de dégonfler les idées répandues par une démagogie qui se refuse de voir la réalité telle qu’elle est, de démentir les fausses raisons qu’on invoque toujours pour s’acquérir un consentement, et de démasquer tous ceux qui, pour éviter de s’investir personnellement, collent sur le dos des autres la responsabilité de tout ce qui ne fonctionne pas.

 

Tout le monde sait que ce qui caractérise l’adolescence se résume plus ou moins en deux points : prendre conscience de sa propre personnalité surtout en entrant en conflit avec son entourage habituel, et suivre les yeux fermés ce qu’on considère comme un exemple.

 

Mais les adolescents, aujourd’hui, où le trouvent-ils cet « exemple » ? Dans les divorces pour un oui ou pour un non, dans les concubinages brefs, dans les familles mono parentales ? A l’école qui n’est plus capable de faire respecter une certaine discipline, où on ne lui apprend même plus à écrire correctement sa propre langue, et où corrompt les esprits par de singulières batailles ? Face au petit écran qui déverse à longueur de journée la négation des valeurs quand ce n’est pas la promotion de la stupidité, de la violence et l’omnipotence de l’argent ? Dans la grossièreté du langage instituée en règle ? Dans le non-respect des vrais rôles, des capacités, des compétences et de l’autre, même quand il est différent ?

 

Toutes ces situations ont toujours existé, mais elles n’étaient que des exceptions, on ne les avait pas érigées en système. Récemment, j’ai lu quelque part la réflexion de quelqu’un qui en feuilletant l’album des photos faites lors de son mariage, il y a trente ans, a constaté que tous les amis qui y étaient présents étaient divorcés. Il suffit donc d’entrouvrir les yeux pour se rendre compte qu’il s’agit d’une compétition à la « mal éducation ». Alors, de quel droit prétendons-nous des adolescents une conduite différente de la nôtre ? Pourquoi les adolescents devraient-ils concevoir la vie différemment ? Où peuvent-ils trouver des points de repère ? Sur qui pouvons-nous compter pour leur donner un exemple, si ce n’est sur nous-mêmes ?

 

Faire un enfant est quelque chose d’unique au monde. Cela ne peut se comparer avec aucun autre geste. Cela implique, immédiatement, une immense responsabilité, même si parfois trop lourde. Mais où est-il écrit que c’est facile ? Faut-il croire la publicité ? Nous vivons dans une société qui permet la contraception et l’avortement, mais aussi la conception in vitro, ce qui facilite déjà grandement le choix. On ne peut donc en aucun cas abaisser ce choix au désir d’un moment, à la réponse à une frustration, à un calcul ou à un accident de parcours. Elle est également pourvue de crèches et d’écoles avec des cantines qui simplifient la vie. Alors, peut-on encore décider de faire un enfant sans y impliquer le fait qu’il aura droit à une famille solide, faite d’une mère ET d’un père (comme le requiert la nature), qui s’en occuperont l’un et l’autre, et qui feront en sorte qu’il grandisse dans une société basée sur un sens de l’éthique et de la justice ? Faire un enfant ça dérange, il faut le savoir. Dès qu’il est là, il est nécessaire de revoir de fond en comble tout un système de vie, et pour l’affronter, on est pas trop de deux. Il n’y rien de bigot à vouloir créer une famille solide et consciente de ses devoirs. Les séparations, les divorces, même à l’amiable, déchirent tous ceux qui sont concernés, et génèrent insécurité et sens de culpabilité. Dans le divorce, la seule chose qui soit vraiment positive, c’est « le droit » au divorce, afin de laisser une porte de sortie aux situations insupportables ou inextricables.

 

Chaque choix, chaque acte, n’appartient en exclusivité à un individu que jusqu’au moment où il décide d’avoir un enfant. Ensuite, chacun de ses choix ou de ses actes aura, pour l’enfant mais encore plus pour l’adolescent, des conséquences implicites. Quel est l’adolescent qui souhaite n’avoir qu’un seul parent ? Quel est l’adolescent qui se réjouit, tous les jours, d’une situation de séparation, parce l’autre parent est loin, parti, inexistant ou lié à des jours de visite ? Quel est celui qui aime rentrer jour après jour dans un appartement vide, ou encore se heurter à une personne excédée de fatigue et qui n’a jamais de temps ou de disponibilité pour écouter, je ne dis pas une confidence, mais un enthousiasme ou une colère? Est-ce si difficile d’imaginer qu’il ira, d’une façon ou d’une autre, chercher à combler ce « manque » ailleurs, et que, livré à lui–même, il aura moins de chance qu’un autre d’être protégé des influences douteuses, voire dangereuses ? Et quel est l’adolescent qui souhaite grandir dans un foyer, au milieu d’autres adolescents à problèmes ? Et est-ce qu’un foyer peut vraiment remplacer une famille ? Bien sûr, il y a également des problèmes dans les familles unies, et il existe des familles mono parentales sans problèmes, mais, c'est loin d'être la règle générale. Et, dans ce dernier cas, l'adulte qui en naîtra, n'aura-t-il pas, toute sa vie, la conviction que quelque chose lui a été nié?

 

Quant à l’ensemble de la population, à celle qui, quand elle va voter, aliène ses droits au profit d’une minorité qui décidera de son sort, il serait temps qu’elle apprenne à user de son droit de vote, non pas quand il y a péril en la demeure, mais toutes les fois qu’on sollicite son avis. Il serait temps également qu’elle essaie de comprendre, une fois pour toute, qu’il n’y a que les riches qui ont des raisons de voter pour la droite. Tous les prétextes invoqués lors des campagnes électorales, la sécurité dans la rue et celle de l’emploi, le doigt pointé sur des boucs émissaires venus de loin, soi-disant responsables de tous les maux, etc… ne sont que des subterfuges mensongers pour arriver au pouvoir. Dès qu’elle y est, elle ne pense plus qu’à sauvegarder son patrimoine et celui de ses semblables, choisissant une politique de la finance au lieu d’une politique du travail et de la répartition des gains permettant de fournir du travail et de réduire le chômage, et crée, pour avoir la paix et sans votre consentement, des lois répressives pour l’ensemble de la population, mais surtout pour les plus déshérités.

 

Il n’existe aucune prévention valable et à long terme en dehors de la simple récupération, par tout un chacun en particulier, d’un peu de bon sens dans la gestion de la propre existence. On ne peut pas courir d’un caprice à l’autre du matin au soir sans en subir les retombées. L’’utopie, c’est de croire que la solution-miracle devrait sortir du chapeau de nos gouvernants.

 

Alors, utopie ou bon sens à la portée de tous ?

 

(photo)

 

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Ecrit par ImpasseSud, le Samedi 29 Novembre 2003, 17:58 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Lucanus
30-11-03 à 17:43

Tu as raison lorsque tu insistes sur le rôle de la famille. Tu as raison lorsque tu vilipendes le divorce. Tu as raison lorsque tu dis de revendiquer du travail pour tous. Mais force est de constater que c'est loin d'être la réalité et que la vie des adolescents (et de tout le monde), c'est une société libérale qui met le profit en avant. Militer, intervenir auprès des élus, éduquer par les médias et à l'école, améliorer la prévention pour "redresser" la dérive de la famille, on ne peut qu'applaudir mais comment ? Ni la gauche plurielle qui se représentera aux élections l'an prochain, ni la droite au pouvoir n'ont de programme pour améliorer les choses. Seule l'extrême gauche qui vient de s'unir avec un projet commun propose une autre société aux électeurs. En voudront-ils de cette autre société ? J'en rêve parfois. . . . mais la réalité nous rattrapera une fois encore !


 
Incognito
30-11-03 à 18:37

"Mais les adolescents, aujourd’hui, où le trouvent-ils cet « exemple » ? Dans les divorces pour un oui ou pour un non, dans les concubinages brefs, dans les familles mono parentales ? A l’école qui n’est plus capable de faire respecter une certaine discipline, où on ne lui apprend même plus à écrire correctement sa propre langue, et où corrompt les esprits par de singulières batailles ? Face au petit écran qui déverse à longueur de journée la négation des valeurs quand ce n’est pas la promotion de la stupidité, de la violence et l’omnipotence de l’argent ? Dans la grossièreté du langage instituée en règle ? Dans le non-respect des vrais rôles, des capacités, des compétences et de l’autre, même quand il est différent ?"

Je suis relativement d'accord pour l'ensemble de la réflexion, mais il est peut être un peu excessif de déplorer ainsi l' augmentation du nombre de divorces.

Effectivement, il me semble que le divorce n'est jamais envisagé suite à un coup de tête ou à un mouvement d'humeur banal. Le divorce découle de nombreuses raisons dont l'une est très certainement le mouvement en faveur de l'égalité des sexes (tendance uniquement, puisque ds les faits...). La "nouvelle" conception de la famille avec deux personnes à sa tête qui travaillent ont profondément bouleversé le rôle de chacun. Il est "normal" que suite à cela et aux nombreux changements entraînés, les familles semblent se disloquer. Déplorable ? Non, inéluctable et nécessaire pour de nombreuses femmes.
De même, la famille monoparentale, à travers mon exemple et quelques autres, ne me semble pas une si mauvaise chose.
Au lieu de condamner des effets, mieux vaut regarder les causes. Divorce, famille mono-parentale, abus de télévision, intolérance, violence ne sont que les reflets d'une perte de repères consécutive selon certains à une grave crise de la foi en France. Loin de cautionner un retour aux valeurs religieuses, je préfere croire qu'il ne s'agit que d'une période mouvementée d'ajustement.
La solution utopiste pourrait être de redonner à tous et à toutes le goût de ces valeurs transversales à toute culture et religion que tous nous chantons mais ne défendons. J'ai ds l'idée (peut être éronnée) qu'il ne faut pas pour cela s'en remettre à un parti politique mais plutôt envisager de retrousser nos manches. La société a connu de grands changements, les solutions doivent maintenant s'adapter. Le pb étant, forcément de trouver ces solutions.

christelle


 
ImpasseSud
30-11-03 à 22:11

Re:

> La "nouvelle" conception de la famille avec deux personnes à sa tête qui travaillent ont profondément bouleversé le rôle de chacun. Il est "normal" que suite à cela et aux nombreux changements entraînés, les familles semblent se disloquer. Déplorable ? Non, inéluctable et nécessaire pour de nombreuses femmes

 

Tu as raison. Laissées pour compte pendant trop longtemps, il est certain que les femmes avaient besoin d’acquérir leur autonomie. Ce qui fait que pour un couple, aujourd’hui, Il est plus difficile de trouver un équilibre, de ne pas se marcher sur les pieds, de ne pas se contredire avec les enfants. Ce qui serait intéressant, cependant, c'est de savoir jusqu'à quel point elles ont l'intention de la porter, cette autonomie.

 

Je pense néanmoins qu’on divorce trop facilement, parfois pour le regretter ensuite.  Aujourd’hui, n'a-t-on pas tendance à confondre la notion de l’existence normale des « désaccords » avec de la violence psychologique? N'a-t-on pas perdu la notion exacte de « ce que l’on peut se permettre sans blesser l’autre »? Pourquoi se marier ou vivre ensemble, si chacun veut continuer à garder toute sa liberté ?  Comment peut-on penser un seul instant que la vie à deux n’implique aucune concession ou compromis ? Quand un enfant arrive par là-dessus, et que lui aussi, « pour suivre l’exemple », prétend de faire tout ce qu’il veut, c’est là que les problèmes commencent, et justement à propos de cet enfant. Alors, quand on a un enfant, ne faut-il pas commencer par songer sortir un peu moins le soir, à ne pas utiliser la baby sitter à tout bout de champ, à ne pas courir chacun de son côté, à freiner quelques-uns de ses propres désirs ou tout du moins à les renvoyer à plus tard, à choisir les solutions les moins stressantes ? Ne faut-il pas commencer à baser sa vie sur le principe de faire tout ce qu’il faut pour que «  ça marche », même si ça n’est pas facile ? En fait, ce n'est jamais facile.


Quant aux situations monoparentales, je ne sais pas trop quoi dire, tu en sais certainement plus que moi. Quand un enfant est petit, effectivement, sa mère peut lui suffire, et en plus, il est à l'abris des problèmes de divergences d’opinions ou de deux sons de cloche. Par contre, ce que je sais, c’est que quand un enfant devient adolescent ou même jeune adulte, il a absolument besoin de son père. Nous sommes tous imparfaits et pleins de défauts et il est sûr que nous faisons des tas d'erreurs même en essayant de faire de notre mieux, mais je crois que la  seule chose que les adolescents ne pardonnent pas à leurs parents, c’est d'être absent ou non disponible.  

 

Ici, comme je l’ai précisé dans mon article, je n’ai aucune intention de condamner qui que ce soit, je me contente de faire une constatation. Il se peut que la perte de la foi soit pour quelque chose dans cette dérive, mais, personnellement, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir la foi pour avoir le sens des responsabilités.

Ou peut-être sommes-nous en train d’assister à un changement radical de système de société? En attendant, il ne semble pas que les adolescents soient en train d’y gagner au change.

Se retrousser les manches, c'est ce que je préconise moi aussi, mais il faut aussi arrêter de mettre au pouvoir des gens qui ne pensent qu'au profit. Un pays n'est pas une entreprise.