C’est de la faute d’un gène, ou plutôt d’une certaine molécule. C’est la découverte que vient de faire un groupe de dix chercheurs, dont Henry Lester, professeur de biologie au California Institute of Technology. Sur la revue « Science » (où les résultas sont publiés aujourd’hui), il s’exprime en ces termes : « Ce que nous avons fait, c’est de démontrer qu’il suffit de l’existence d’une seule molécule spécifique pour créer la dépendance à la nicotine. Si l’alpha5 récepteur est activé par la nicotine, cela est suffisant pour produire les effets associés de la dépendance ».
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont administré à des souris porteuses de ce gène particulier une dose de nicotine 50 fois plus faible que celle qui se trouve normalement dans le sang d’un fumeur. Elles ont immédiatement adopté le comportement typique de la dépendance. On sait en effet que l’absorption de nicotine déclanche la production de dopamine, substance chimique qui calme le cerveau, et nos souris ont donc eu droit aux effets agréables de la nicotine, sans en avoir les inconvénients. Mais… elles se sont tout de suite mises à chercher de la nicotine pour « se sentir bien ». Dès qu’elles en étaient privées, on pouvait constater une augmentation de leur température corporelle et l’apparition d’une activité frénétique dans leurs cages.
On imagine déjà les bienfaits qu’une telle découverte pourrait avoir chez l’homme. Suffira-t-il donc, d’ici peu, d’une petite intervention à l’aide d’un nouveau médicament agissant sur la fameuse molécule coupable pour vaincre la dépendance à la nicotine, un médicament qui déclancherait la sécrétion de la dopamine, par exemple ? Il paraît qu’on n’en est pas encore là : « La découverte est sensationnelle », a dit David McGehee, neurobiologiste à l’Université de Chicago, « mais il faut faire attention à ne pas promouvoir l’utilisation d’une substance qui pourrait facilement procurer des sensations agréables, que ce soit la nicotine ou d’autres médicaments. Le but, c’est de promouvoir des comportements sains qui aident à la survivance de notre espèce. Agir sur une seule molécule pour obtenir une sensation de bien-être peut avoir une interférence sur notre capacité d’éprouver du plaisir et de la joie dans les choses normales et saines. »
Et alors ? Une autre drogue pour remplacer la première ? Que la vie est difficile ! Ce qui me plaît cependant dans cette découverte, c’est l’histoire de la molécule coupable, présente ou absente. En effet, je me suis toujours demandée pourquoi la plupart des fumeurs habituels éprouvent une énorme difficulté à arrêter de fumer, alors que d’autres, comme moi par exemple, qui vit et ai toujours vécu avec des fumeurs, qui à deux reprises ai fumé pendant plusieurs années, peuvent s’arrêter de fumer du jour au lendemain sans le moindre malaise ou le moindre manque ? Mais, j'ai également l'impression qu'avec toutes ces découvertes, ce que nous appelons notre "libre arbitre" est en train de se réduire comme une peau de chagrin.
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Commentaires et Mises à jour :
Re: Re: pour la cigarette
La cigarette..........
Mes parents n'étaient pas fumeurs, je suis tombée dedans vite et beaucoup........un paquet, puis deux pendant trente ans...
Je te cite: "l'impression qu'avec toutes ces découvertes, ce que nous appelons notre "libre arbitre" est en train de se réduire comme une peau de chagrin."
Je pense franchement qu'il n'y a plus de libre arbitre dans le processus de la toxicomanie!
Arrêter de fumer est qq chose de très difficile, de très compliqué, ...........
Mais,je suis sidérée de rencontrer en cardio, des personnes en grand danger et qui continuent à fumer...une impossibilité à vivre autrement, sans cigarettes.
je fais l'expérience de vivre sans mais cela reste très compliqué!
Libre arbitre
Quand je me référais au libre arbitre qui est en train de se réduire comme une peau de chagrin, je pensais plutôt à tout ce qui conditionne les comportements et les choix de chacun d'entre nous (même les plus sains) sans que nous en soyons conscients (et ici je me réfère à notre patrimoine génétique, à nos cinq sens et en particulier à l'odorat, etc...), indépendemment du lieu et du milieu de notre naissance, et que les découvertes scientifiques de ces dernières années sont en train de porter au grand jour....
Surtout, essaie de tenir bon. Pour avoir suivi un cas de près, je sais qu'effectivement ce n'est pas simple.
pour la cigarette
il suffit de ne pas commencer!!!
;-)