Voilà un certain temps que j’ai quitté la région pour m’établir sous d’autres cieux.
Mais ses montagnes, ses vallées, ses changements saisonniers ; ses champs, ses pentes, ses plateaux ; ses ruisseaux, ses cascades, ses torrents ; ses petites routes, ses chemins creux et ses sentiers ; ses bois, ses sous-bois, ses forêts et ses arbres mutants ; ses chalets, ses granges et ses fontaines ; ses parfums, ses odeurs, ses couleurs, ses fleurs, ses saveurs, ses fruits ; ses animaux, ses produits laitiers et son artisanat ; ses sons, ses rumeurs et ses silences sont gravés à tout jamais dans ma mémoire,
comme un refuge de beauté.
Au cours des années, j’ai vu son paysage se transformer, ses espaces libres diminuer, le nombre des clôtures augmenter, sous la pression du béton, de la bagnole, du tourisme en troupeau ;
j’ai vu sa population changer, l’invasion d'une fausse modernité.
Aujourd’hui, c’est le plus grand des hasards qui m’a fait tomber sur cette protestation :
à pied, à vélo, sur des tracteurs ou dans des charrettes,
des jeunes et des moins jeunes qui disent NON,
parce qu'ils aiment l’endroit où ils sont nés, où ils sont, ce qu’ils ont et ce qu’ils font.
Avec l'excuse de la beauté du sport,
mais en réalité pour du gros business aux grosses prétentions,
on veut tout détruire, tout gâcher, les exproprier, les déposséder, les chasser ….
pour quinze jours de folie sponsorisée !
Alors, même si je suis loin, je suis avec eux, contre les JO de la dévastation, car je n’en peux plus des faux prétextes pour démolir ma planète, je n'en peux plus du canibalisme du néolibéralisme.
Pas touche à la Plaine de Passy !
L'article sur La Voix des Allobroges.
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Re:
Tiens, moi j'imaginais plutôt ton enfance du côté de Morges ou Rolle. Est-ce à cause des récits de ta grande soeur du Canada, ou de tes études musicales ? Grandir libre dans la montagne, tu me fais penser à Heidi, j'ai toujours beaucoup aimé cette histoire.
Moi aussi, je suis née en Haute-Savoie. Au début de leur mariage, mes parents avaient fui la chaos parisien. L'un et l'autre, ils se sont très vite mis aux ballades en montagne, partant continuellement avec grands et petits. Quand j'étais petite, l'été ils louaient un chalet à Samoëns. En 6ème, je suis allée en pensionnat à Sallanches, donc tout près de Passy, justement, où, là aussi on faisait de belles ballades à pied. Ensuite, entre le ski, les tire-fesses sans queues, les randonnées à pied ou à peaux de phoque, les vieux chalets sans confort et les fontaines gelées, les fondues mémorables, les refuges frustres, j'ai eu le bonheur de profiter d'une Haute-Savoie qui, hélas, n'existe plus, y retrouvant chaque année avec mes enfants une région qui prenait toujours plus de kitch.
Alors, que diable, qu'ils aillent le construire ailleurs leur village olympique ! S'ils doivent vraiment le faire, qu'ils aillent restructurer quelque chose qui existe déjà, sans usurper de nouveaux espaces.
