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Humour… libéral
--> Chez moi....comme chez vous...

« Les idées libérales, il faudrait les vendre en pharmacie. Avec la sauvagerie du marché actuel, ceux qui se nourrissent d’idées libérales en veulent plus, puis toujours plus, ils veulent augmenter les doses, ça ne leur suffit jamais, ils finissent par vous voler votre retraite pour s’acheter le libéralisme. Je suis donc, avec une certaine anxiété, l’invasion des Maxi-Libéraux, dont la mission, évidemment, est de conquérir le monde, abattre à coups de tête l’organisation sociale et la remplacer au plus vite par les merveilles du marché. C'est une vieille histoire et elle tourne autour des mêmes mots : social, liberté, etc… et dans certaines analyses, le marché le plus libre ressemble à un véritable paradis avec des fleuves de lait et de miel. Tellement beau et mirobolant qu’une question vous vient immédiatement à l’esprit : Où est l’arnaque ?

 

Comme l’explique Giuseppe De Rita (sur Il Corriere della Sera), deux conceptions du « social » sont en guerre sous nos yeux. La première, vieille, gâteuse et poussiéreuse (lui, il dit « déclinante ») qui serait celle qui veut le « social » comme « un engagement à la couverture publique des besoins collectifs », c’est-à-dire, l’état social : chacun paie en proportion de ses revenus, et l’Etat vous garantit des écoles, un service de santé, des retraites et d’autres petits services… pas du tout libéraux. La seconde conception de « social » est au contraire plus moderne, plus brillante. C’est « l’accès populaire aux biens et services que le marché et la concurrence rendent de moins en moins chers ». En somme, on débat à propos de ce qu’est réellement le « social » : avoir un hôpital tout proche ou bien s’acheter un lit suédois en contreplaqué à 100 Euros ? Toucher une retraite après quarante ans de travail ou bien s’envoler à Londres pour cinquante Euros ?  Nous attendons tous le moment du Grand Troc, quand on viendra nous dire de façon claire et nette : "Eh, braves gens, vous voudriez aussi que l’école soit publique ? Ne soyez pas avides, nous vous avons déjà fourni un rideau de douche pour 9 Euros 90 !"

 

Il suffit de relever la boutade du Professeur Padoa-Schioppa (toujours sur Il Corriere della Sera) que les Maxis-Libéraux prennent tellement sur le sérieux. Absolument papale : « Aujourd’hui, les jeunes couples qui vivent avec 1000 Euros par mois peuvent meubler leur appartement, écouter de la très bonne musique et aller à Londres très facilement grâce aux prix d’Ikea, de Naxos, de Ryan Air… Alors où se trouve le « social »? »

 

Braves gens, avez-vous compris la chance que vous avez ?! Vous vivez à deux avec 1000 Euros, peut-être grâce à un petit contrat chewing-gum, précaire, déterminé ou à projets. Mais vous devrez admettre que nous vous vendons des disques à prix réduit. Les mecs ! je commençais à me faire du souci ! J’étais en train de me demander pourquoi ces théories géniales ne sont ni reprises ni relancées ?

Aussi dit, aussitôt fait ! Et voici que Piero Ostellino (toujours sur Il Corriere della Sera! ma parole, c’est une épidémie !) nous invite à « penser libéral » et relance, à la grande, en passant des supermarchés à la philosophie.

 

Qu’est-ce qui nous empêche d’être libéraux ? C’est l’habitude obtuse qui est la nôtre, d’identifier l’idée de bien-être avec celle de liberté, alors que pour les Maxi-Libéraux, il est clair que bien-être et liberté sont deux choses complètement différentes et sans aucun rapport entre elles. Il écrit textuellement : « En réalité un bien-être majeur ne génère pas une liberté majeure.  Celui qui dort dans un grand hôtel n’est pas plus libre que celui qui dort sous les ponts ».

Vous avez vu ? Il ne s’agit pas d’une question de liberté, mais, éventuellement, d’une question d’arthrite.  Eh, l’ami, ce n’est pas nous qui te contraignons à vivre sous les ponts! Essaie de comprendre, c’est toi qui es pauvre. Au contraire ce sont les méchants qui ne veulent pas diminuer les impôts et qui s’opposent au « réajustement du secteur social » qui minent la liberté. Et plutôt bien! Quelle liberté sommes-nous en train de violer ? Ostellino dit : « C’est la liberté pour chaque citoyen de disposer, selon son bon plaisir, d’une plus grosse tranche de son propre revenu ». Traduisons : pourquoi devrais-je me priver d’une partie de mon revenu pour vous fabriquer des hôpitaux ? Vous êtes malades ? Vous êtes pauvres ? C’est votre affaire !

….Ce qui me semble une bonne synthèse de la « pensée libérale ».

 

Désormais je ne veux être ni gâteux ni poussiéreux (et encore moins « « déclinant » si De Rita me le permet), au contraire je vais me montrer ouvert, disponible aux expériences sur la structure sociale du pays. Je suis donc prêt à accepter l’expérimentation des méthodes théorisées. Je propose que De Rita, Padoa-Schioppa et Ostellino vivent ensemble avec mille Euros par mois. Ils pourront meubler leur petit appartement, écouter de la très bonne musique, et, de temps en temps, s’envoler pour Londres à bas prix. En échange, ils devront simplement renoncer à leurs retraites, aux services de santé et à l’école publique. Mais puisque, d’après eux, il s’agit d’un bon échange, je propose qu'on essaie d’appliquer ces théories, tout du moins à titre expérimental, en commençant par eux. Je crois bien qu’il suffira de quelques mois de bagarres avec les factures, le loyer, l’inflation, les tickets, l’acharnement généralisé des prix à la hausse et les interminables CDD, pour qu’on reparle, ensuite, et de façon plus sensée, de l'acception du mot « social ».

Alessandro Robecchi

(paru sur Il Manifesto, Traduction de l'italien ImpasseSud)

 

Ça vous a plu? A moi beaucoup!
Ici il est clair qu'on se réfère à l'Italie et à certains journalistes du quotidien Il Corriere della Sera, qui suivent à la lettre, c'est le cas de le dire, la "tendance du moment".... Mais la situation actuelle est-elle différente en France? Ou dans les autres pays occidentaux?

 

Mot-clef :

Ecrit par ImpasseSud, le Jeudi 30 Septembre 2004, 17:09 dans la rubrique "Actualité".

Commentaires et Mises à jour :

Jenny
01-10-04 à 14:17

Cet artcle m'a beaucoup plu !

Effectivement, les services publics sont un manque à gagner pour tous les "entrepreneurs" qui se feraient un plaisir de nous fournir "les mêmes services mais à moindre prix". En échange, on baisse nos impôts.

Oui, mais... quand on ne paie pas ou peu d'impôts ? C'est-à-dire quand on gagne mal sa vie ?

Et, à l'arrivée, quelques centaines d'euros d'impôts en moins contre l'éducation payante, les soins de santé payants, les financement des retraites... et de l'argent qui va à qui ?

Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et le pire c'est qu'on arrive à faire croire à tous que c'est la meilleure solution (les médias seraient-ils juge et partie ?)

 
ImpasseSud
01-10-04 à 17:13

Re:

Jenny, sois la bienvenue, mais à part ta dernière phrase, je ne comprends pas très bien ce que tu veux dire.

Une structure sociale efficace pour tous a un coût très élevé, et comme il est évident qu'elle ne peut pas être financée par ceux qui gagnent mal leur vie, il est évident qu'elle doit l'être par ceux qui la gagnent bien, comme c'est le cas en Suède par exemple où l'Etat prélève au moins 60% des revenus des riches, ou en Finlande où on paie ses contraventions en fonction de ses revenus
Dans les pays, comme la France et l'Italie par exemple, où le gouvernement est de droite, donc plus intéressé à la finance (et le secteur social n'est jamais rentable) qu'au bien-être de "tous" les citoyens, on a tendance à favoriser les classes aisée et riche. Pour ce faire, c'est leurs impôts qu'on réduit puisque les pauvres n'en paient pas ou si peu, au préjudice des structures sociales qui fonctionnent de moins en moins faute de fonds, laissant pour compte les classes les plus démunies. 

Mais pour donner aux classes les plus basses l'illusion qu'on ne les oublie pas, l'illusion d'une certaine liberté, d'un certain bien-être, on met à leur porter de la marchandise à bas prix fabriquée à un coût très bas, gagnant ainsi sur les deux tableaux : baisse des frais et augmentation des gains... au profit des plus riches.

Quant aux médias, on ne peut pas dire qu'ils soient vraiment juges ou partis. Il y a des médias girouettes, qui tournent avec le vent qui souffle et des journalistes qui n'ont ni pudeur ni sens de l'éthique.


 
Jenny
01-10-04 à 18:25

J'avais répondu à ton comentaire, mais il y a eu une erreur de manipulation et je l'ai perdu. En gros, je disais que je suis entièrement d'accord avec ton anlayse.