Il est près de deux heures. La ville commence déjà à s’assoupir pour le repos de l’après-midi. Le ciel a la pâleur des jours d’été et la brume estompe les contours. La mer est là, à cent mètres, d’un bleu sombre frisé de blanc par le souffle soutenu et rafraîchissant du mistral. L’air est à la fois vif et chaud et vous enveloppe de bien-être… puis de langueur; c’est l’heure où il s’épaissit et où on commence à mesurer chaque geste… en attendant la nuit qui vous fera renaître. Les parfums passent en rafales, embrun, terre chaude, maquis… brasier?.. et éveillent ma curiosité. Un incendie ?
Soudain, dans un immense fracas, un canadair rase le toit et glisse rapidement vers la mer qu’il incise au milieu d’un grand jet d’écume. Puis il s’élève lourdement, comme un monstre gravide et lourd et vire lentement vers les montagnes auxquelles s'adosse la ville. Moins de deux minutes plus tard, il est de retour : l’incendie est proche, probablement parmi les herbes folles et jaunies des premières collines, entre les aloès tranchants, les genets sombres déjà durcis et les cactus aux fruits mûrissants. Les villes repoussent le maquis.
Et sa ronde incessante commence, à un rythme serré. De la plage, les baigneurs regardent à peine, ils sont habitués… et le fracas se transforme bientôt en un bruit de fond qui scande le temps.
Et puis tout à coup, plus rien. Je tends l’oreille… La ville est retournée à son rythme lent, à sa torpeur. Aujourd’hui l’alerte n’a duré que deux heures.
Demain ? Et bien demain, face à la mer, il y aura une autre tache noirâtre avec d’autres squelettes tordus et charbonneux …
Et l’an prochain ? Et bien l’an prochain tout sera vert, bien avant le début du printemps… si les dégâts n’ont pas été trop importants, s’il pleut cet automne, si…, si…
Mon esprit sombre dans les secrets millénaires de cette terre…
Mot-clef : Méditerranée
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Re:
Non, ce n’est pas comme ça tous les jours, mais les petits incendies sont très courants et assez nombreux, dus pour la plupart, je crois, à l’indiscipline des gens. Au bord de la mer il y a pratiquement toujours du vent, et les étincelles ont vite fait de se déplacer. Heureusement ils sont assez vite circonscris, grâce aux Canadair et aux hélicoptères avec des seaux. Les très gros incendies n’éclatent que plus rarement, et souvent suite à une canicule exceptionnelle. La photo est celle d’un paysage corse.
Je comprends bien que tu ne supportes pas la chaleur : dans les grandes villes, elle est insupportable, et... bien souvent, les températures sont supérieures à celles du sud. La différence, c'est qu'au sud la chaleur dure plus longtemps et est plus constante.
La photo est-elle celle de cet incendie?