Sous les coups de boutoir incessants du Vatican et du clergé, répétés encore et encore ; sous l’effet d’une violence verbale, politique et médiatique, comble de fausses assimilations de la part d’intégristes et d’opportunistes de la dernière heure ; sous celui du désarroi d’un corps médical de plus en plus sous pression et qui, dans le cas présent, se voit contraint à virer à l’objecteur de conscience, confinant ainsi les médecins « non objecteurs » à un unique rôle d’avorteurs ; face à l’absence de réaction, au silence et voire même au ton condescendants de la gauche et du centre gauche, le droit à l’IVG* en Italie, promulgué en 1978 par la loi n° 194 est en danger de mort. La police a même déjà fait irruption...
... dans un hôpital de Naples, interrogeant brutalement, à la sortie de la salle opératoire, une jeune femme encore sous les effets de l’anesthésie, laissant ensuite, bien que l'ensemble du processus d’intervention ait été parfaitement en règle, que son nom, son histoire et son dossier médical soit divulgué par tous les médias nationaux au mépris du droit à la vie privée et au secret médical. Hier, alors qu’il allait probablement se passer la même chose dans un hôpital de Rome suite à une dénonciation anonyme, des milliers de femmes sont descendues dans la rue (idem dans plusieurs villes d’Italie) et ont même engagé Livia Turco, la ministre de
En même temps, une lettre ouverte/pétition adressée aux principaux personnages politiques de gauche a été mise on-line, une pétition que je me suis empressée de signer, et si, dans la ville où j’habite, on met une manifestation sur pied, je suis décidée à y participer. Car si l’IVG relève d’une décision strictement personnelle, le droit à l’IVG est une nécessité pour éviter le retour à la clandestinité avec tout son bagage sordide de situations dramatiques et de louches cupidités. Faut-il toujours recommencer les mêmes batailles ?
Mise à jour du 15.07.2009 : le premier coup est porté : lire ci-dessous, le 5ème commentaire.
Image : "Touchez pas à notre corps"
*IVG : Interruption Volontaire de Grossesse
Mots-clefs : Italie, Femmes, Société, Religions, Sujets brûlants
Commentaires et Mises à jour :
Le droit à l'IVG en France
Belle prise de position d'Obama
Bien que personnellement contraire à l'IVG, le nouveau président a déclaré : "Je reste déterminé à protéger la liberté des femmes de choisir" ..."cette décision non seulement protège la santé des femmes et la liberté de reproduction, mais symbolise un principe plus large : que le gouvernement n'a pas à se mêler des affaires de famille les plus intimes"
Lire également dans La Repubblica : Obama, nuova svolta anti Bush tornano i fondi ai gruppi pro-aborto. Intuile de dire qu'en Italie, la réaction a été immédiate : "Les associations qui s'opposent à l'avortement se sont déchaînées et les évêques se sont déclarés "extrêmement préoccupés par la décision de soutien d'Obama au droit à l'avortement". Aux micros de Radio Vatican, l'évêque d'Orlando, Mgr. Thomas Gerard Wenski, a dit que "les evêques sont occupés à convaincre les gens à contacter leurs représentants au Congrès afin qu'ils s'opposent à toutes les initiatives de loi ayant pour but d'élargir le droit à l'avortement"". (Traduction de l'italien par ImpasseSud)
Juillet 2009 : Ça y est... le premier coup a été porté !
... sur suggestion du même Rocco Buttiglione, catholique intégriste, qui, il y a cinq ans alors qu'il était Commissaire européen à la Justice a été contraint à démissioner suite à sa position à propos des homosexuels et des femmes : « La famille existe afin de permettre aux femmes d'avoir des enfants et d'avoir la protection d'un homme qui prend soin d'elles. C'est la vision traditionnelle du mariage que je défends ». (cf. Wikipédia)
En partant du moratoire international de l'ONU contre la peine de mort (qui contemple également l'avortement obligatoire parfois pratiqué contre les minorités dans certaines régions du monde, comme au Tibet), la Chambre des députés italienne vient donc d'approuver la motion proposée par M.Buttiglione "qui engage le gouvernement italien à promouvoir cette résolution de l'ONU pour que soit condamné l'usage de l'avortemenet comme instrument de contrôle démographique et affirmé le droit de chaque femme à ne pas être contrainte ou poussée à avorter".
"Nous sommes tous d'accord", a-t-il déclaré, "que l'avortement est un mal, de toute façon, mais nous nous divisons toujours entre ceux qui sont pour la vie et ceux qui sont pour le choix. Il est temps de contraster, tous ensemble, ceux qui dans le monde sont soit contre la vie soit contre le choix".
Les deux principaux partis d'opposition, Italia dei Valori et Partito Democratico, se sont abstenus, votant au contraire en faveur d'une motion proposée par eux mêmes, plus ou moins identique, mais qui mettait l'accent sur la nécessité de promouvoir la contraception. De toute façon, vu qu'ils n'ont pas la majorité, c'est la première qui a passé.
Pour moi qui ne suis pas favorable à l'IVG mais à 100% pour l'existence d'un droit qui permette aux femmes d'y recourir dans les meilleures conditions sanitaires, pour moi qui, pas plus que M. Buttiglione, n'habite au Tibet, ces entourloupettes doucereuses ont une odeur de brûlé. Pour l'Eglise catholique et les catholiques intégristes, tout ce qui touche à la sexualité des femmes constitue une idée fixe, tout ce qui leur donne un peu de liberté de choix une entrave à combattre, et tous les moyens sont bons pour les remettre à la place qu'on a choisi pour elles. D'où la démonisation récurrente du préservatif, d'où la promesse arrachée par le pape à Obama, à Rome, lors de sa visite à la fin du G8, de faire en sorte de réduire les IVG aux USA. Apparemment, dans le monde, tout marche bien et il n'y a rien de plus important que de combattre le droit à l'IVG.
Donc, à quand la prochaine manoeuvre contre le droit à l'IVG en Italie ?
"La loi 194, loi italienne relative à l'IVG est une bonne loi"